La trilogie underground du cinéaste américain (Flesh, Trash et Heat) Paul Morrissey trouve une nouvelle jeunesse grâce l’adaptation joyeusement foutraque de Pierre Maillet. On est bien loin du côté expérimental souvent rébarbatif des films. Le metteur en scène parvient à ressusciter l’esprit sexy de la Factory de Warhol grâce à trois très beaux comédiens qui reprennent les rôles interprétés à l’écran par Joe Dallesandro.
Les films de Paul Morissey sont devenus des objets cultes de l’histoire du cinéma underground. Ils ont beaucoup vieilli et sont à classer au rang des œuvres d’art du 20ème siècle. La plastique aguichante de Joe Dallesandro, objet sexuel d’Andy Warhol a beaucoup participé au succès de ces films dans les milieux homosexuels depuis des décennies. Pierre Maillet s’est donc attaqué à un monument de l’histoire gay. Et il eu a l’intelligence de se détacher des images pour créer deux spectacles qui n’ont rien à voir avec les films et qui sont des critiques cyniques de la société américaines des années 70 à nos jours.
La première partie du spectacle nous plonge dans le New-York en 1968 et la deuxième partie dans Los Angeles en 1972. C’est la grande époque de libération sexuelle avant les années sida. C’est l’insouciance dans les bas-fonds new-yorkais. Joe se prostitue, pose pour des artistes (la composition de Geoffrey Carey en fantôme de Warhol est saisissante), il croque la vie à pleines dents. A Hollywood, chacun tente de faire une place dans l’eldorado du cinéma.
Pierre Maillet s’est entouré de trois magnifiques comédiens pour incarner les personnages de Joe. Matthieu Cruciani et Denis Lejeune dans NY 1968 et Clément Sibony dans LA 72. Ils sont tous les trois très convaincants et très sexy (et n’hésitent pas à se dénuder à de nombreuses reprises). Pierre Maillet joue plusieurs rôles féminins hilarants de Holly Woodlawn à Lydia propriétaire d’une pension à Hollywood, il met de la chaleur et de la gaîté dans un spectacle cynique à souhait. Le groupe Coming Soon a réorchestré quelques grands standards d’hier (le Walk on the wide side de Lou Reed) et d’aujourd’hui (le Diamonds de Rihanna). Les comédiens évoluent dans un décor tout en profondeur composé de trois cadres de scène comme trois écrans de cinéma, ce qui donne de la perspective au plateau.
Pierre Maillet a gommé le côté expérimental des films pour en faire deux comédies douces amères réalistes. C’est moins trash, plus lissé, mais plus drôle et décalé. On a le sentiment d’être propulsé dans des ouvrages de Tom Wolfe et de Bret Easton Ellis, deux des plus grands romanciers américains actuels, observateurs des dérives de la société de consommation.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Little Joe – Création
New York 68 / Hollywood 72
Théâtre
Soirée mythique dans la Factory d’Andy Warhol : une virée dans le royaume utopique de l’underground artistique new-yorkais.
Un projet écrit et mis en scène par Pierre Maillet
Un spectacle hommage aux films de Paul Morrissey Flesh, Trash, Heat
1ère partie : New York 68 – 2 heures
Avec
Matthieu Cruciani, Christel Zubillaga, Denis Lejeune, Emilie Beauvais, Jean-Noël Lefèvre, Geoffrey Carey, Guillaume Béguin, Pierre Maillet, Emilie Capliez, Valérie Schwarcz et Marc Bertin
2ème partie : Hollywood 72 – 1h45
Avec
Clément Sibony, Pierre Maillet, Emilie Beauvais, Denis Lejeune, Matthieu Cruciani, Véronique Alain et Geoffrey Carey
Collaboration artistique Emilie Capliez
Collaboration musicale Coming Soon
Scénographie Marc Lainé
Lumières Bruno Marsol
Son Teddy Degouys / Pierre Routin
Costumes Zouzou Leyens
Coiffures et maquillages Cécile Kretschmar
Régie générale Patrick Le Joncourt
Photos et films Bruno Geslin
Production déléguée Théâtre des Lucioles.
Coproduction Le 104 – établissement artistique de la Ville de Paris / le Maillon – Théâtre de Strasbourg / le Théâtre de Nîmes – scène conventionnée pour la danse contemporaine / la Comédie de Saint-Etienne – Centre Dramatique National / le Festival Automne en Normandie.
Remerciements Lisa Lejeune, Sophie Demaison, Julien Villa, Pierre Kalfon, Julie Galanakis et Isabelle Airaud.
La Comédie de Saint-Étienne × du 24 au 26 février 2015 (création) / 20h
Théâtre de Nîmes × New York 68 et Hollywood 72 × mercredi 11 mars / 19 h
Le Centquatre × du 21 au 29 mars
New York 68 × les 24 et 25 mars / 20 h 30
Hollywood 72 × les 26 et 27 mars / 20 h 30 New York 68 et Hollywood 72 × samedi 21 mars / 19 h et 21 h 30 × dimanche 22 mars / 15 h et 17 h 30 × samedi 28 mars / 19 h et 21 h 30 × dimanche 29 mars / 15 h et 17 h 30
Le Maillon – Théâtre de Strasbourg × les 14 et 15 avril / 20 h 30
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