Montréal, Michel Tremblay, deux noms indissociables depuis 40 ans quand on parle théâtre & littérature romanesque, et aussi chanson, opéra, comédie musicale, scénario pour le cinéma, la télévision. L’œuvre est immense, plus de 70 titres, sans les adaptations de pièces étrangères…
A l’origine d’une révolution langagière dans le théâtre québécois avec la création des « Belles-Sœurs » en 1968, une pièce écrite quatre ans plutôt à 22 ans, il fut le premier auteur de théâtre à faire parler ses personnages comme dans la réalité montréalaise de laquelle ils étaient issus.
Les bien-pensants le vouèrent aux gémonies, les autres plébiscitèrent, comme tous ceux et celles qui comme Michel Tremblay œuvrèrent à casser la misère intellectuelle et économique sous laquelle vivaient les francophones d’Amérique depuis 200 ans, depuis la conquête anglaise et la main mise sur l’éducation de l’église catholique.
L’arrivée au pouvoir en 1960 de « l’équipe du tonnerre » changea la donne. En nationalisant la production d’énergie hydro-électrique, en créant les ministères de l’éducation, de la culture, de l’économie, de la santé et d’autres, ce gouvernement fit le lit de la « révolution tranquille » qui transforma à jamais la société québécoise et ainsi ouvrit la voie aux penseurs et créateurs qui comme Michel Tremblay avaient à cœur de se créer une identité nationale, une identité nord-américaine francophone, distincte du Canada et des États-Unis, et de la France.
La théâtralisation du joual (l’argot des Montréalais des classes populaires) sur une scène de spectacle fut un détonateur formidable…Quarante ans plus tard, la 2e puis la 3e génération d’enfants ayant eu accès à l’éducation gratuite jusqu’à l’université regarde aujourd’hui ce langage comme celui de ses ancêtres… Elle ne le reconnait plus ou presque, ce n’est plus sa langue… Aujourd’hui, Michel Tremblay a cessé d’utiliser le joual comme une arme politique. Mais sa génération a donné aux Nord-Américains francophones leur identité.
Si les « Laura Cadieux », les « Marie-Lou », les « Gloria », les « Duchesse de Langeais » d’aujourd’hui ne parlent plus comme autrefois, une chose leur reste : même instruits, les Québécois continuent d’utiliser des mots issus des patois de leurs origines françaises tout comme ceux qu’ils ont inventé pour désigner des réalités inexistantes en France. Aussi, plus ils se sont instruits, plus ils ont développé leur facilité à jouer avec la langue, à se jouer de sa structure, de ses mots, passant facilement d’un français patoisant à un français soutenu dans une même phrase.
Oui, les Québécois parlent français, mais un français à eux, qui même s’il se rapproche de plus en plus de celui parler ici en France, ne sera jamais celui de la métropole. Ce français émaillés de mots et d’expressions des patois d’origine, d’anglicismes traduits et adaptés, de français contemporain, ils en sont fiers.
Adapter Tremblay dans un français québécois contemporain est une manière de faire voir la modernité du propos et des personnages aux spectateurs français, qui eux n’ont pas en tête ni dans les oreilles toute cette histoire d’Amérique que transporte les auteurs venus des Amériques… C’est une évidence.
Note d’intention de Christian Bordeleau d’après dossier de presse.
Carte blanche à Montréal
C’t’à ton tour, Laura Cadieux avec Cécile Magnet
La duchesse de langeais avec Laurent Spielvogel
Gloria, la si peu glorieuse d’après le trou dans le mur
un spectacle de & avec Geneviève Boivin
Texte : Michel Tremblay
Mise en scène : Christian Bordeleau
Crédit Photo Visuel :
Jean-François Mariotti
Coréalisation Les déchargeurs / association productions du chemin vert
Du 01 oct. au 23 nov. 2013
21h30 mardi au samedi en alternance
C’t’à ton tour, Laura Cadieux •
les 01, 02, 03, 04, 05, 22, 23, 24 octobre
01, 02, 08, 09, 19, 20, 21 novembre
La Duchesse de Langeais •
les 08, 09, 10, 11, 12, 25, 26, 29, 30, 31 octobre
05, 06, 07, 12, 13, 14, 15, 16, 22, 23 novembre
Gloria, la si peu glorieuse •
les 15, 16, 17, 18, 19 octobre
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