En cinq journées et soirées, tels les cinq actes d’une pièce de théâtre, Clamence, « le » personnage de La Chute va réussir à, petit à petit, confronter le lecteur – ici le spectateur – à lui-même.
Ne revenons pas sur la motivation conjoncturelle de l’écriture de La Chute : le règlement de compte bien connu avec les existentialistes, ni sur le fait que Clamence est une sorte de « double » de Jean-Paul Sartre. Caricature consciente des existentialistes, puisqu’il se définit lui-même comme « prophète vide pour temps médiocre » ! Et l’on sait que la justice, la vérité, la liberté, ces valeurs tournées en dérision par Clamence, sont essentielles de la pensée et de la morale de Camus.
Intéressons-nous plutôt à la résonnance de ce grand texte dans le monde d’aujourd’hui : il s’agit avant tout, je crois, d’une interrogation sur la culpabilité de l’homme : « Sens de mon œuvre : tant d’hommes sont privés de la grâce. Comment vivre sans la grâce ? Il faut bien s’y mettre, et faire ce que le christianisme n’a jamais fait : s’occuper des damnés » (Albert Camus -Carnets II).
En ce sens, Clamence présente une réelle filiation avec les personnages de Dostoïevski : tourmenté, ironique, cynique même, et parfois manipulateur puisque le but de sa confession est aussi (avant tout ?) de rependre chez son auditeur le poison de la culpabilité… Il monte un procès quasi kafkaïen, et y joue tous les rôles : accusé, avocat de la défense, avocat de l’accusation, procureur…
Et, grâce au génie de Camus, le tribunal s’élargit à l’échelle du monde, et c’est en cela que le propos de cet ouvrage est si passionnant encore en 2013. Extrait de la note d’intention d’Ivan Morane
La chute d’Albert Camus
Éditions Gallimard
Avec
Ivan MORANE
Silvia LENZI
Jean-Christophe MARQ
Violes de Gambe et violoncelles
Adaptation de Catherine CAMUS et François CHAUMETTE
Scénographie, création lumière et mise en scène
Ivan MORANE
DU 30 SEPTEMBRE AU 22 NOVEMBRE 2013
THÉÂTRE DU CHÊNE NOIR en juillet 2014
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