Propriétaire terrien installé à Saint-Pétersbourg, Oblomov passe ses journées dans son canapé, vêtu de sa robe de chambre, habité par une paresse proche de la léthargie. Tandis qu’il vient d’apprendre de son serviteur Zakhar qu’il doit libérer sous huit jours son logement et que ses revenus vont diminuer, il rêve d’Oblomovka, le village de son enfance. L’aristocrate oisif, touché par l’oblomovisme, terme qu’invente son ami Stolz pour définir son apathie, est brusquement réveillé par ce dernier qui le rappelle à la vie. Stolz tente de lui faire reprendre un quotidien normal, dynamique et optimiste. Il lui présente la jeune et belle Olga. Oblomov saura-t-il se dépasser et prendre le risque de tomber amoureux ? ou les craintes des souffrances futures engendrées par la passion et son aspiration profonde à la tranquillité triompheront-elles de lui ?
Né en Sibérie, Ivan Alexandrovitch Gontcharov (1812-1891) est un des fondateurs du roman réaliste russe. Ce fonctionnaire, dont on dit qu’il était casanier mais qui fit cependant le tour du monde, a notamment écrit trois romans, Une histoire ordinaire (1847) Ŕ qui inaugura cette nouvelle tendance littéraire Ŕ, Oblomov (1859) et Le Ravin (1869). Roman de moeurs, satire de la noblesse russe du XIXe siècle, Oblomov offre une peinture de la Russie bientôt libérée du servage ; les séquences de songes Ŕ évocations de la vie patriarcale en province Ŕ offrant un portrait idyllique de la vieille Russie. Antihéros par excellence, Oblomov est devenu un mythe littéraire universel, jusqu’à faire entrer son nom dans le langage courant pour définir, avec l’oblomovisme, une profonde paresse mêlée de mélancolie.
Menant conjointement un parcours d’acteur et de metteur en scène depuis sa sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Volodia Serre fonde la compagnie Le cinq mai, en hommage aux premiers mots des Trois Soeurs de Tchekhov. Alternant des mises en scène nourries d’un travail de troupe et des formes plus expérimentales, son travail le conduit à être adaptateur (Le Suicidé de Nicolaï Erdman, 2008), traducteur (avec Lorène Ehrmann pour Les Trois Soeurs de Tchekhov, 2010) ou librettiste (My way to hell Ŕ éléctropéra, musique de Matteo Franceschini, 2010) de ses propres spectacles. Dans son adaptation d’Oblomov pour la Comédie-Française, Volodia Serre veut préserver l’humour parfois féroce du roman pour mieux interroger la pertinence de notre modèle de développement : la croissance doit-elle être le moteur de notre civilisation ? Le recours d’Oblomov au rêve et à l’inertie ne nous invite-t-il pas à écouter autre chose que les tambours de la marche Ŕ forcée Ŕ du progrès ?
Oblomov
Ivan Alexandrovitch Gontcharov
traduction André Markowicz
adaptation et mise en scène Volodia Serre
Avec
Yves Gasc, Zakhar Trofimovitch
Céline Samie, Agafia Matveïevna
Guillaume Gallienne, Ilia Ilitch Oblomov
Nicolas Lormeau, Ivan Alexeïevitch Alexeïev
Marie-Sophie Ferdane, Olga Sergueïevna Ilinskaïa
Sébastien Pouderoux, Andreï Ivanovitch Stolz
Collaboratrice artistique, Pamela Ravassard
Scénographie, Marc Lainé
Vidéo, Thomas Rathier
Costumes, Hanna Sjödin
Lumières, Kévin Briard
Réalisation sonore, Frédéric Minière
Maquillages, Faustine-Léa Violleau
Assistante costumes, Camille Lamy
Pour la première fois à la Comédie-Française
Avec le soutien de la Fondation Jacques Toja pour le Théâtre
du 7 mai au 9 juin 2013
mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi
attention horaire exceptionnel le samedi 8 juin à 16h
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