La scène centrale a pour origine une image de journal télévisé : la visite de Margaret Thatcher à Augusto Pinochet en 1999 dans un appartement de Londres pendant la détention préventive du vieux dictateur, accusé de crimes contre l’humanité. La relation de l’ancien premier ministre britannique avec l’ex-homme fort du Chili remonte à leur alliance en 1982 pendant la guerre des Malouines, qui avait suivi l’occupation de ces îles par les militaires argentins. Ceux-ci avaient fait disparaître trente mille opposants avant de se lancer dans ce conflit meurtrier, forts du soutien d’une partie de la population qui, jusqu’à la capitulation, entendit à la télévision d’Etat ce mensonge triomphaliste : « La victoire est proche ». Le spectacle se déploie autour des retrouvailles crépusculaires des deux anciens alliés. Tandis que la folie guette Pinochet, Thatcher perd la mémoire, et leur dialogue est marqué par ces avaries psychiques. Dans les banalités échangées autour d’une tasse de thé résonnent pourtant les thèmes qui ont rapproché ces figures de la « révolution conservatrice » : la lutte contre le communisme, les armes, l’argent…
Pinochet est accompagné de son aide de camp, Thatcher de son infirmière qui les aident à se déplacer et les assistent à tout moment. Le rôle de ces personnages est par moments contradictoire et n’exclut pas un certain sadisme : plaider la démence sénile étant pour
Pinochet la seule manière d’échapper à la justice internationale, l’aide de camp a pour mission
secrète de la persuader qu’il est fou. Pour sa part, à la veille d’une cérémonie où Thatcher doit
inaugurer sa statue en bronze, son infirmière essaye de la tirer de son amnésie en lui rappelant des épisodes pénibles de sa vie comme la colère des mineurs qu’elle a mis à la rue.
En contrepoint de ce quatuor évolue un héros virtuel : un conscrit anonyme qui, au fond de la cale d’un navire de guerre argentin, rêve de déserter. Ses pensées sont exprimées à la fois par le chant, sur l’écran vidéo et à travers le son transformé de sa voix, captée en temps réel et modifiée, rediffusée, développée jusqu’à interférer avec le discours officiel.
Aliados
(Alliés)
Un opéra du temps réel
Musique : Sebastian Rivas
(Commande de l’Etat, Ministère de la Culture et de la Communication)
Livret : Esteban Buch
Mise en scène : Antoine Gindt
Réalisation live : Philippe Béziat
Direction musicale: Léo Warynski
Collaboration à la mise en scène : Élodie Brémaud
Scénographie : Elise Capdenat
Lumière : Daniel Levy
Costumes : Fanny Brouste
Avec
Lady Margaret Thatcher (mezzo) : Nora Petro!enko
Général Augusto Pinochet (baryton) : Lionel Peintre
L’infirmière (soprano) : Mélanie Boisvert
L’aide de camp (baryton) : Thill Mantero
Le Conscrit (acteur-musicien) : Richard Dubelski
Ensemble Multilatérale
Antoine Maisonhaute (violon), Kobe Van Cauwenberghe (guitare électrique), Benoît Savin (clarinette basse), Mathieu Adam (trombone), Lise Baudouin (piano), Hélène Colombotti (percussions)
Réalisation informatique musicale Ircam : Robin Meier
Coproduction T&M-Paris, Ircam-Centre Pompidou, Réseau Varèse.
Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique / SACD, du Théâtre de Gennevilliers/CDNCC, du Festival Musica
Strasbourg, du Théâtre de Saint-Quentin-en- Yvelines/Scène Nationale et de Ozango productions.
14,15,17,19 juin à 20h30
18 juin à 19h30
Théâtre de Gennevilliers, CDNCC
ManiFeste, Festival de l’Ircam
4 octobre 2013
Musica, Strasbourg
Septembre – Octobre 2013
RomaEuropa, Teatro Palladium
31 janvier 2014
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
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