Décidemment après un Shakespeare qui ne va pas marquer l’histoire de la Comédie-Française, on est sorti déçu du Phèdre de Michael Marmarinos. Il nous tarde de pouvoir prendre un peu de plaisir dans la salle Richelieu rénovée !
Heureusement il y a les comédiens de la troupe avec en tête Elsa Lepoivre dans le rôle titre. La comédienne est touchante. Elle a bien du courage avec ses camarades dans cette mise en scène qui ne sait pas où se situer. On ne voit pas bien ce que le metteur en scène veut faire du plateau. « On a besoin, dans la tragédie, de réalité, mais pas de réalisme » dit Michael Marmarinos. « On doit pouvoir s’asseoir sur une chaise – avoir des attitudes, des positons où le corps est concret, et cela d’autant plus que le poème joue sans cesse avec l’idée d’abstraction ». Alors il fait asseoir Elsa Lepoivre à une table lors de la fameuse tirade « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… ». On a envie de plus. L’ensemble est très statique, très lent.
Michael Marmarinos a placé l’action de la tragédie dans une maison au bord de la mer, nous sommes dans les années 20. Au fond on découvre la Méditerranée projetée en vidéo sur grand écran (ce qui laisse le temps d’observer le paysage et regarder passer les mouettes lorsque l’on s’ennuie). Sur une table une radio est allumée en permanence, « pour figurer l’écoulement réel du temps ». Le son de la radio vient se mêler à la musique du quatuor ENEA dont les cordes finissent par irriter. Alors oui le temps s’écoule, la pièce se passe, sans passion. Parfois les comédiens sont confinés au fond du décor, on a du mal à entendre les vers. Et à d’autres moments ils viennent parler dans un micro. A la fin, avant que la pluie ne s’abatte sur la maison endeuillée par les morts d’Hyppolite et de Phèdre, on recouvre la table d’un petit plastique pour protéger la chaîne hifi. « L’abstrait peut se révéler assez dangereux » dit Michael Marmarinos. Dangereux c’est un bien grand mot mais déroutant, ça oui. Tout cela nous laisse bien perplexe !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Phèdre
de Jean Racinemise en scène de Michael Marmarinos
Avec
Cécile Brune, Panope, femme de la suite de Phèdre
Éric Génovèse, Théramène, gouverneur d’Hippolyte
Clotile de Bayser, OEnone, nourrice et confidente de Phèdre
Elsa Lepoivre, Phèdre, femme de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé
Pierre Niney, Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones (en alternance)
Jennifer Decker, Aricie, princesse du sang royal d’Athènes
Samuel Labarthe, Thésée, fils d’Egée, roi d’Athènes
Benjamin Lavernhe, Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones (en alternance)
Émilie Prevosteau, Ismène, confidente d’Aricie
Scénographie, Lili Pézanou
Costumes, Virginie Merlin
Musique originale et réalisation sonore, Dimitris Kamarotos
Lumières, Pascal Noël
Assistante à la mise en scène, Alexandra Pavlidou
Collaboratrice artistique et interprète, Myrto Katsiki
Images du spectacle filmées par Nikos Pastras
Musique enregistrée par le quatuor ENEA
Représentations à la Salle Richelieu, matinées à 14h, soirées à 20h30
en alternance du 2 mars au 26 juin 2013
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