Nous y présentons Fidelio de Beethoven, dont ce sera la seconde production depuis mon arrivée à la direction de l’Opéra de Lyon. L’idée force en est le pouvoir irrésistible de l’amour contre l’arbitraire. Mais il s’agit aussi de liberté, d’enfermement, d’élimination pure et simple des opposants ; Fidelio aujourd’hui nous rappelle Guantánamo ou le Goulag. Dans la filiation de Bill Viola, Gary Hill est un vidéaste californien, Lion d’Or de la sculpture à la Biennale de Venise en 1995. Ses créations montrent des personnages si véridiques qu’ils donnent l’impression d’être dans la même pièce que le spectateur ; c’est un artiste politiquement engagé. Il signera cette production de Fidelio. Kazushi Ono sera au pupitre.
Une seconde soirée du festival réunit Le Prisonnier de Dallapiccola et Erwartung de Schoenberg. Deux compositeurs qui ont eu à souffrir, à des degrés divers, des régimes totalitaires italien et allemand. L’action du Prisonnier a pour cadre cette période de fanatisme chrétien qu’est l’Inquisition espagnole, dont Fidelio est aussi une réminiscence. L’arbre auquel le prisonnier sera pendu par le grand Inquisiteur se retrouvera dans la forêt où l’héroïne d’Erwartung va errer dans la nuit, telle une folle désespérée, à la recherche de l’homme qu’elle a sans doute tué. Ce diptyque est confié à Kazushi Ono et à la Fura dels Baus qui a signé ici même un magnifique Tristan und Isolde en juin 2011.
Nous poursuivons notre politique de commandes d’œuvres nouvelles ; ainsi, le festival sera le cadre de la création du premier opéra de Thierry Escaich, Claude, dont le thème central est l’enchaînement mortel de l’injustice et de la violence que génère un système judiciaire broyeur d’hommes. Le livret est écrit par Robert Badinter, d’après Claude Gueux, court roman de Victor Hugo et d’après le dossier judiciaire de Claude Gueux, personnage ayant vraiment existé. Robert Badinter connaît intimement ce sujet, puisqu’il est l’auteur du texte de loi qui a aboli la peine de mort en France. Cette création sera dirigée par Jérémie Rhorer, un élève de Thierry Escaich, que l’on connaît davantage pour son travail sur la musique baroque et classique. La mise en scène sera signée par Olivier Py.
Edito de Serge Dorny d’après dossier de presse.
Festival Justice / Injustice du 27 mars au 15 avril 2013
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