Le nouvel opus des Chiens de Navarre est mélancolique. Il raconte le désarroi d’hommes et de femmes qui cherchent un sens à leur vie dans des groupes de parole. Le regard du collectif jamais méchant laisse éclater le rire avec une belle tendresse.
Le visage ensanglanté, les Chiens de Navarre jouent à la pétanque dans un terrain vague, sorte de champ de bataille après la guerre, tandis que résonnent les trompettes du Festival d’Avignon. Ainsi débute le nouvel opus du collectif formé en 2006. Puis en guise de transition un couple chante l’amour avant de retrouver les Chiens dans un groupe de parole au cours duquel on se nettoie la langue avant de parler ! Dans ce groupe on apprend à « soulever le positif et le négatif dans une phrase » et à maitriser son point « 0 ». Autre groupe, autre séance de coaching : « comment apprendre à bien se comporter lors d’un entretien d’embauche ? »
Le collectif décrit des situations les plus absurdes les unes que les autres qui déclenchent l’hilarité. Les Chiens, sortes de Tati du 21ème siècle, utilisent le rire comme une arme de destruction massive, car le rire chez eux peut vite devenir glaçant. Lorsqu’un couple se déchire dans sa voiture, on n’a plus envie de rire. « Il en faut de la dignité pour t’aimer » dit la femme à son mari. Le rire se fige, les situations deviennent plus graves et même cruelles. Lors d’une autre séance de coaching, un jeune femme s’entend dire : « On a le corps qu’on a. Tu n’es pas d’origine normande ? »
Le spectacle s’achève par un conte. Pour mesurer son coefficient de bonheur, une femme s’imagine princesse dans un château avec un oiseau et un lapin en peluche. Un « lapinou » qui fait l’hélicoptère avec son sexe. Le travail des Chiens, dirigés par Jean-Christophe Meurisse, se nourrit des improvisations des acteurs lors des répétitions. Celle-ci est délirante !
Pour finir une brume se lève et une pluie s’abat sur ce terrain vague. Très belle image de fin pour un spectacle qui navigue entre l’humour, la poésie et le drame.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
L’Autruche peut mourir…, La Raclette et Nous avons les machines, trois des précédents spectacles du collectif seront présentés le 20 avril 2013 dans le cadre d’Artdanté à Vannes, puis en 2014 au Rond-Point lors d’un festival consacré aux Chiens de Navarre à l’invitation de Jean-Michel Ribes
Quand je pense qu’on va vieillir ensemble par les Chiens de Navarre
Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent
Régie générale, création et régie lumière : Vincent Millet
Création et régie son : Isabelle Fuchs
Régie plateau : Yvon Julou
Production : Le Grand Gardon Blanc / Chiens de Navarre
Coproduction : Les Subsistances, Lyon; C.I.C.T. / Théâtre des Bouffes du Nord, Paris; Maison des Arts de Créteil; Le Parapluie, centre internationale de création artistique, Aurillac; Parc de la Villette (résidence d’artistes 2012); TAP, scène nationale de Poitiers, ARCADI (Action Régionale pour la Création Artistique et la Diffusion en Île-de-France)
Avec le soutien du Fonds SACD Théâtre
en octobre 14
du 8 au 18 au Théâtre des Bouffes du Nord Paris
en novembre 14
du 7 au 8 aux Théâtres Sorano – Jules Julien Toulouse
le 13 au Théâtre des Salins, Scène Nationale de Martigues
du 25 au 27 à l’Usine C, à Montréal (Canada)
en décembre 14
le 2 au Carré Magique, scène conventionnée de Lannion
en janvier 15
du 16 au 17 au Théâtre Les Tanneurs Bruxelles (Belgique)
du 29 au 30 au Fracas, CDN de Montluçon
en mai 15
le 12 au Moulin du Roc, scène nationale de Niort
du 19 au 23 au Théâtre National de Bretagne Rennes
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