Vingt ans déjà depuis ma mise en scène de L’Annonce faite à Marie ! Mon seul Claudel. Un moment d’une telle force que je n’ai pas trouvé moyen de recommencer. Et pourtant, Claudel ne m’a pas quitté. Naguère au cœur de mon enseignement au Conservatoire,
il occupe aujourd’hui une place tout aussi primordiale dans les ateliers que j’anime à La Tempête : c’est, du reste, fort de cette pratique que je me suis résolu à monter enfin Partage de midi, la pièce culte où le génie dramatique du poète touche au tragique. Il faut cependant faire exister la fiction. À cet égard, mon point de vue, dont j’espère seulement qu’il s’est affiné avec le temps, reste le même : en l’occurrence, sur un fond de drame passionnel – qui d’abord ne va pas sans quelque aspect de comédie bourgeoise –, susciter une écoute sensible et rigoureuse du texte dans sa dimension lyrique et poétique. N’en rabattre ni sur la réalité, ni sur la poésie. Soutenir jusqu’au bout ce paradoxe.
Depuis l’Annonce faite à Marie, qui n’avait pas déplu à la famille, j’ai l’honneur et le plaisir d’une relation d’amitié avec la fille du poète, Renée Nantet-Claudel qui, comme on peut s’en douter, a vu nombre de représentations des œuvres de son père.
Au fil de nos rencontres pour déjeuner, elle finit par m’avouer sa lassitude, oui, de L’Échange, du Soulier et même de Partage et, toujours, elle me rappelait l’existence d’une des rares comédies que Claudel ait écrites : en fait, une farce mythologique, Protée. Hélas, chaque fois que je tâchais d’en aborder le texte, sans doute en raison du côté alambiqué de la première scène, la pièce me tombait des mains. Ma chère amie avait beau insister de toutes les façons : « J’espère tout de même que vous ferez un autre Claudel avant que… Mais, je vous le dis : faites Protée ! » Je ne trouvais pas la voie d’accès à ce chef-d’œuvre méconnu jusqu’à ce qu’un beau matin, ayant réuni une distribution adéquate, nous prenions le risque d’une lecture à haute voix. Oui, ce Protée est une pure merveille d’humour et d’audace, avec aussi des éclats de tirades lyriques des plus réjouissantes. Le texte, contemporain des « folies » de Méliès, suppose quelques expansions en images dont on aurait tort de se priver, les moyens d’aujourd’hui se prêtant à revisiter les petits miracles du cinéma des origines. Notes d’intention de Philippe Adrien
Partage de midi de Paul Claudel
mise en scène Philippe Adrien
—avec
Ludovic Le Lez Amalric
Matthieu Marie De Ciz
Mickaël Pinelli Mesa
Mila Savic Ysé
—décor Elena Ant
—lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne
—musique et son Stéphanie Gibert
—vidéo Michaël Bennoun
—costumes Hanna Sjödin
—maquillages Sophie Niesseron
—collaboration artistique Clément Poirée
—direction technique Erwan Creff
Production : ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
durée 2 h
du 18 janvier au 24 février 2013
du mardi au samedi 20 h,
dimanche 16 h
Protée
de Paul Claudel
mise en scène Philippe Adrien
Production : ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère
de la Culture et la Ville de Paris, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
—avec
Dominique Gras Satyre-Major
Eléonore Joncquez Nymphe Brindosier
Matthieu Marie Ménélas
Marie Micla Hélène
Pierre-Alain Chapuis en alternance avec
Jean-Jacques Moreau Protée
—décor et costumes Elena Ant assistée de Léa Delmas —lumières
Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne —musique et son
Stéphanie Gibert et Ensemble Musiverre / Jean-Claude
Chapuis —vidéo Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun
—maquillages Sophie Niesseron —collaboration artistique
Clément Poirée —direction technique Erwan Creff.
Production : ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
durée 1 h 15
du 10 janvier au 24 février 2013
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