Qui a-t-il sous cette immense bâche en plastique noir qui recouvre la scène au début du spectacle ? D’un seul coup, elle se met à bouger, elle prend forme. Sous cette bâche un bras articulé essaye de se libérer. C’est un robot industriel qui prend vie. Il se lance dans une chorégraphie impressionnante. Il se tortille, s’enroule dans cette matière plastique dont il voudrait s’extirper. Ce robot devient acteur. Cette première scène de « sans objet » est saisissante. Mais pour définitivement se libérer, le robot ne peut compter que sur l’humain. Deux acteurs viennent alors enlever la bâche, et ainsi débute l’histoire de « sans objet » : la rencontre de l’humain et de la machine. Aurélien Bory a souhaité donné un vrai rôle à la machine : « comme une « marionnette » – un être 100% technologique – dans son dialogue avec un homme contemporain ordinaire. Ces personnages sont obligés de cohabiter sur scène, dans l’impossibilité de s’ignorer. C’est comme si l’homme d’aujourd’hui était composé de deux facettes : il est encore du côté de l’humain, mais de plus en plus dans la technologie ».
« Sans objet » n’est surtout pas un spectacle « mécanique », c’est tout le contraire, c’est un spectacle magique, sensible, drôle, poétique. L’on s’attache à ce robot industriel qui multiplie les facéties, les espiègleries. Il s’amuse sur scène avec les deux comédiens acrobates (Olivier Alenda et Olivier Boyer, tous les deux excellents). Aurélien Bory signe un spectacle innovant, avec une vraie dramaturgie, renforcée par une belle composition musicale de Joan Cambon. « Le robot est arrivé dans le monde industriel dans les années 70 explique Aurélien Bory, l’idée est de l’extraire de son milieu en le plaçant sur scène. Ainsi, bascule-t-il dans le champ de l’art, de l’inutilité ». Et dans ce spectacle, il ne faut pas oublier le pilote et programmateur du robot Tristan Baudoin, celui qui lui donne la vie, son « papa » en quelque sorte, celui sans qui le robot ne resterait qu’un « objet ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
conception, scénographie et mise en scène
Aurélien Bory
conseiller artistique
Pierre Rigal
lumières
Arno Veyrat
décor
Pierre Dequivre
plateau programmation robot
Tristan Baudoin
son
Stéphane Ley
costumes
Sylvie Marcucci
avec Olivier Alenda, Olivier Boyer
du 23 février au 6 mars 2010
durée : 1h15
Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
Paris 18
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