Dans « La Fausse Suivante » toute l’action réside dans le secret et le travestissement. Une jeune femme « Le Chevalier » (Anne Brochet) tient à vérifier que celui qu’elle doit épouser Lélio (Fabrice Michel) est une homme convenable. Afin de l’approcher elle se déguise en chevalier, et découvre en lui un Don Juan attiré par une comtesse (Chrstine Brücher). Lélio doit choisir entre les deux, mais il possède un engagement financier avec la comtesse…C’est vrai que l’argent est l’un des éléments centraux de la pièce de Marivaux. Ce que souligne Lambert Wilson. « Dans La Fausse Suivante, les femmes sont des proies, elles sont riches, et les hommes qui les séduisent ou les servent sont tous assoiffés d’or. Nous vivons dans une société matérialiste, dans laquelle précisément tous les masques illusoires sont tombés depuis longtemps, les rêves politiques comme les rêves utopiques, et dans laquelle chacun se bat pour garder son emploi, pour gagner de quoi manger, pour maintenir à tout prix ses privilèges ou ses stock-options. Nous sommes tous, dans cette période de crise financière, obsédés par l’argent, nous ne parlons que de lui, décomplexés. Il est sur toutes les lèvres, en couverture de tous les journaux« .
Lambert Wilson a choisi de transposer l’action dans les années vingt (le décor est fait de longs morceaux de draperie brodés). Son spectacle est re, mais sans rythme. Heureusement les comédiens réveillent le tout. Anne Brochet en garçonne est parfaite (on ne peut s’empêcher d’imaginer ce que la pièce aurait donné avec Carole Bouquet). Et finalement, les moments les plus réussis sont ceux qui réunissent les valets Trivelin et Arlequin. Francis Leplay et Eric Guérin (les deux « boys » dans Music Hall – la précédente mise en scène de Lambert Wilson aux Bouffes du Nord) tirent le spectacle. Chacune de leurs apparitions est un délice. Et comme si Lambert Wilson souhaitait faire le lien d’ailleurs avec le « Jean-Luc Lagarce », à la fin du spectacle, les comédiens revêtent des habits de Music Hall avec des gros boutons dorés et entonnent une chanson de Pierre-Michel Sivadier. Et l’on se dit qu’il y avait peut-être matière à jouer ce Marivaux comme cela, dans l’outrance et les paillettes, comme pour mépriser l’argent et la société de consommation.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Fausse Suivante de Marivaux
mise en scène Lambert Wilson
avec Anne Brochet
Christine Brücher
Éric Guérin
Pierre Laplace
Francis Leplay
Fabrice Michel
Ann Queensberry
Carole Bouquet a dû renoncer à sa participation au spectacle.
Anne Brochet tient donc le rôle du Chevalier.
Durée: 2h00
du mardi 6 avril au samedi 15 mai 2010
du mardi au samedi à 20h30
matinées le samedi à 15h30
relâches les dimanches et lundis
Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis, boulevard de la Chapelle – 75010 Paris / Métro : La Chapelle
www.bouffesdunord.com
Réservations : 01 46 07 34 50
Prix des places :
cat A : 26€ / cat B : 18€ / cat C : 12€
étudiants (– de 26 ans) : cat A : 22€ / cat B : 15€ / cat C : 10€
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