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Sahy Ratia, le ténor qui « robinsonne »

À la une, Opéra
Sahy Ratia
Sahy Ratia

Photo Adagio Artists

Le jeune chanteur malgache Sahy Ratia, qui vient de triompher dans Robinson Crusoé d’Offenbach au Théâtre des Champs-Élysées, a trouvé un rôle dans lequel il se révèle un aussi drôle qu’attachant aventurier.

« Vie errante est chose enivrante », chante Robinson dans son premier air. Rêveur et exalté, c’est ainsi que se présente le héros éponyme de cette œuvre méconnue d’Offenbach. Épris d’un profond désir d’ailleurs, il s’apprête à quitter le rassurant carcan familial et sa future épouse pour prendre le large et gagner de nouveaux horizons. Sahy Ratia ne pouvait qu’aisément s’identifier au personnage qu’il interprète avec autant de fougue que de tendresse. Il est né à Madagascar, où il a découvert la musique avec d’abord une prédilection pour le rock, puis en chantant à la chorale de l’église qu’animait son père musicien. Après avoir rencontré Pierre Catala lors d’une masterclass suivie d’une audition, et alors tout juste âgé de vingt ans, il fait le choix de quitter sa terre natale pour se rendre à Paris afin d’étudier le chant au Conservatoire du XVIe arrondissement, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSM), et tenter de s’imposer dans le monde de l’opéra.

Dans Robinson Crusoé, l’artiste vient de faire une prise de rôle très remarquée et a pu révéler le timbre clair et solaire d’une voix souple, doublée d’une fine musicalité, et d’une présence scénique pleine de fraîcheur séduisante. « Cela a été une aventure magnifique pour laquelle je suis fier du travail accompli, raconte-t-il. Sans référence particulière, si ce n’est une ancienne version anglaise enregistrée avec des tempi très différents de ceux que propose Marc Minkowski, j’ai vraiment pu construire et façonner le personnage à ma manière. J’ai commencé à apprendre le rôle environ trois semaines avant les premières répétitions, puis je me suis donné corps et âme pour entrer dans la peau du personnage, et éclaircir ce que j’avais envie de défendre de lui. C’est véritablement sur scène, grâce au jeu, que j’apprends le plus. Pour moi, la musique et le théâtre ne vont pas l’un sans l’autre. C’était un bonheur de travailler avec un metteur en scène comme Laurent Pelly, tant il sait donner des indications très claires, très précises, mais tout en laissant libre cours à mon imagination ».

D’Offenbach à Mozart…

Offenbach semble un compositeur avec lequel l’artiste entretient de belles affinités. Avant d’aborder Robinson, Sahy Ratia s’est fait l’interprète du rôle de Pâris dans La Belle Hélène et de Mercure dans Orphée aux Enfers. L’œuvre créée en 1867 témoigne d’un tournant pour celui qui règne en maître sur le genre de l’opéra bouffe, mais qui voudrait s’illustrer dans un registre plus sérieux sans renoncer à sa grisante légèreté. Le chanteur a tenu à bien mettre en valeur, à la fois vocalement et théâtralement, l’évolution fulgurante du personnage plein d’élan, et le contraste qui le caractérise entre burlesque et caractère plus dramatique : « Le défi qui s’impose est de passer du jeune homme plein d’espoir un peu naïf à un être plus mûr et mature. Son premier air dit avec lyrisme et sensibilité sa soif d’expériences et de connaissances. Au deuxième acte, alors que six ans se sont écoulés, il semble n’avoir rien perdu de son entrain, mais il a beaucoup plus les pieds sur terre. Il paraît plus sombre et fatigué, davantage marqué par la vie et l’épreuve. Cette sorte d’initiation vers l’âge adulte que l’œuvre donne à suivre est passionnante à incarner ».

Dans la relecture aux enjeux très contemporains que signe Laurent Pelly, la métamorphose du personnage est saisissable. Robinson, d’abord présenté en jeune homme de bonne famille, devient un marginal en haillons, la barbe sale et les cheveux longs, trouvant asile sous d’écrasants buildings dans un campement pour sans-abris où il rencontre Vendredi. « Je trouve l’adaptation très ingénieuse, car il est impossible de monter l’œuvre telle qu’elle a été créée dans un contexte colonialiste, reconnaît l’artiste. La modernisation du livret offre un renouveau qui permet de le rendre audible pour le public d’aujourd’hui ».

Sahy Ratia, qui se dit aussi fasciné par l’opéra en costumes d’époque que par la nécessaire transposition de certains livrets, a notamment abordé cette année Così fan tutte de Mozart dans une adaptation originale et très distanciée dans la mesure où, pour l’occasion, la partition elle-même a été très librement remaniée. Séduit par le caractère atypique du projet présenté au Théâtre de l’Athénée, l’artiste décrit avoir vécu « une véritable expérience. Au départ, on était un peu intimidés, mais au fil du travail, on a fini par tous se connaître et former une petite troupe. Entamer Un aura amorosa, d’abord a cappella, puis accompagné d’une clarinette comme seul instrument, c’est-à-dire presque sans aucun soutien musical, ne rend pas facile de tenir la ligne vocale. Si je dois désormais chanter Ferrando dans une version plus traditionnelle de l’opéra, je n’aurai plus jamais peur d’aborder le rôle ».

…et de Rameau à Philip Glass

Sahy Ratia enchaîne les rôles avec délice. Avec, entre autres, Ali dans Zémire et Azor de Grétry, Georges Brown dans La Dame blanche de Boieldieu, ou encore Haroun dans Djamileh de Bizet, il aime particulièrement défendre l’opéra français. « J’ai toujours trouvé la musique française fascinante de beauté et surtout de naturel dans son écriture. Chanter dans ma langue maternelle me permet d’exprimer tous les mots en accordant une importance absolue à la diction et de transmettre jusqu’au paroxysme les émotions qu’ils véhiculent ». Le chanteur a d’ailleurs pour projet de se lancer dans son premier titre baroque français avec Castor et Pollux de Rameau sous la direction de Leonardo García-Alarcón au Grand Théâtre de Genève.

Pour confirmer la richesse et l’étendue de son répertoire, Sahy Ratia a récemment participé à Nice à la toute première française de l’opéra de Philip Glass, Satyagraha, en offrant une incarnation lumineuse de la figure de Gandhi à laquelle cette création est consacrée. Amateur d’opéra baroque, d’opéra comique, d’opérette et de comédie musicale, le chanteur se définit comme un « touche à tout », mais fait attention à ne pas se mettre en danger. « Je ne chanterai évidemment pas du Wagner. Il faut faire des choix intelligents et savoir où pouvoir aller. En analysant la partition, j’ai remarqué qu’elle était dans mes cordes. Le chef d’orchestre Léo Warynski nous a très bien dirigés, Lucinda Childs a proposé un univers scénique minimaliste et épuré, mais très fort dans sa conception. Le public était conquis », s’enthousiasme-t-il.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

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25 décembre 2025/par Christophe Candoni
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