Le titre de la soirée d’ouverture est en forme d’exclamation (« Nous sommes là ! »), et c’est à dessein que nous avons choisi un titre aussi affirmatif : après cinq années qui ont vu la destruction programmée du soutien aux artistes étrangers, et entretenu autour de la culture et de la création artistique ce que Jean-Christophe Bailly nomme « la puissance sournoise de dé-conviction », nous sommes là !
Mais « Où êtes-vous ? » pourrait-on nous rétorquer… Nous dirons : au cœur des turbulences de la jeunesse, que ses appels nous parviennent de Montréal, avec Philippe Ducros, Anne-Marie White, Evelyne de La Chenelière et Daniel Brière (voir l’ampleur des « manifestation de casseroles » à Montréal), qu’ils proviennent de Madagascar, avec Jean-Luc Raharimanana, Doly Odeamson, Tao Ravao (Madagascar, où faute d’école, les enfants sont désormais dans la rue livrés à eux-mêmes), de Tunisie avec Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek (Tunisie où la jeunesse manque toujours de travail et subit le poids des islamistes au pouvoir) ou encore du Congo avec Harvey Massamba, Julien Bissila, Dieudonné Niangouna, DeLaVallet Bidiefono (Congo où la jeunesse est tout simplement sacrifiée). Gustave Akakpo lui, s’empare de tous les chefs d’État français et africains pour une bousculade de discours politiques françafricains à faire pleurer… si on n’en riait pas autant.
Du côté de l’Europe, de jeunes artistes français (Eva Doumbia, David Lescot, Marie-Pierre Bésanger, Bruno Marchand), belges (Armel Roussel, Fabrice Murgia), suisses (Dorian Rossel, Julie Gilbert, Luisa Campanile), jeunes artistes qui finalement n’ont connu que « la crise », viennent nous dire qu’ils aimeraient bien que la vie reprenne. Mais pas comme avant. On ne s’étonnera pas que ce festival soit à l’unisson et donne la parole à ces jeunes créateurs européens qui tentent de mettre des mots, du sens, au dérèglement généralisé de nos sociétés. Tout en nous faisant rire et rêver.
A l’autre bout de la vie, les vieillards malgaches de Pierrot Men : ce sont eux qui nous regardent alors que nous croyons les regarder. Ils nous font signe par-delà les mers et le temps : visages aux mille rides et regards de lumière, ils interrogent notre devenir. Eux ont survécu, ils ont tout vu. Surtout le pire. Tout comme les chibanis algériens de nos cités, qui laissent la vie les effacer lentement, sont honorés par Nasser Djemaï. Quant à Ben Zimet, qui redonne vie aux Corréziens qui l’ont caché, enfant, et à ses valeureux parents qui se sont battus pour survivre, c’est à la vieille langue yiddish qu’il tire son chapeau.
Entre ces deux temps, il y a le temps artificiel des commémorations (50 ans des accords d’Evian) : les ignorer est snob, s’y conformer est piégeant. Le festival a choisi de jouer avec plusieurs temps de l’Algérie (regards en arrière/en avant) car le présent de ce pays est si complexe…
Nous retrouverons aussi Salia Sanou et Aristide Tarnagda, figures charismatiques, habitées par leur terre d’origine, le Burkina-Faso.
Enfin, avec un tout grand plaisir, nous ouvrirons le festival avec Tchekhov (grâce à Armel Roussel qui nous fait sentir que nous naissons dans un roman dont tout nous échappe), et nous clôturerons avec le grand Jupiter, dit « le vieux », véritable poto-mitan de la musique de RDC. Ces deux-là ne pensaient pas retrouver un jour leurs noms couchés côte à côte dans un programme : rencontres imprévues qui symbolisent toute la saveur des paradoxes que la francophonie peut réunir…
Marie-Agnès Sevestre. Directrice des Froncophonies
Du jeudi 27 septembre au samedi 6 octobre 2012.
RESERVATIONS ET LOCATIONS :
• En ligne sur le site du Festival : www.lesfrancophonies.com
• Au bureau du Festival ou par courrier :
Les Francophonies en Limousin
11, avenue du Général-de-Gaulle – 87000 Limoges.
• Par téléphone (à partir du 7 septembre) : 05 55 10 90 10
billetterie générale : 05 44 20 22 17
billetterie groupes : 05 44 20 22 18
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