Séverine Chavrier a été temporairement mise à l’écart de la Comédie de Genève. Elle conserve la direction artistique le temps qu’un audit et que plusieurs enquêtes rendent leurs conclusions à la suite des révélations parues dans la presse suisse sur son management. En France, le public va découvrir à partir de ce soir sa nouvelle création, Occupations, au T2G – CDN de Gennevilliers. Une cinquantaine de professionnels du spectacle vivant qui travaillent avec la metteuse en scène depuis le début de sa carrière lui apportent leur soutien dans une tribune que nous reproduisons dans son intégralité.
Nous, artistes, technicien·nes, administrateur·rices et collaborateur·rices, partenaires de création de Séverine Chavrier, réfutons fermement les accusations à son encontre.
Nous nous inscrivons en faux et souhaitons témoigner nommément et publiquement (les détracteurs préférant l’anonymat) de notre soutien à une artiste et une femme d’une profonde intégrité, capable de prises de risques artistiques et politiques, nous entraînant dans des aventures humaines et esthétiques fortes et exigeantes en tant que metteuse en scène et directrice de théâtre.
Nous invitons les journalistes de Genève et leurs relais en France à la plus grande clairvoyance et au discernement, afin de ne pas céder aux logiques de diffamation aujourd’hui à l’œuvre.
Bien que Séverine Chavrier ait jusqu’à présent choisi de se défendre seule, refusant de solliciter ses nombreux soutiens afin de ne pas « dresser les personnes les unes contre les autres », nous tenons aujourd’hui à témoigner massivement du plaisir, de la joie et de la fierté que nous avons à collaborer avec elle.
C’est une personnalité forte, dotée d’une force de travail indéniable. Une femme libre, qui refuse les déterminismes et interroge les discriminations systémiques qui traversent nos sociétés, sans jamais céder à la démagogie.
Il est urgent de rappeler qu’à la suite du premier article paru dans la Tribune de Genève, une liste d’une vingtaine de numéros de collaborateur·rices travaillant avec Séverine Chavrier a été transmise à la rédaction. À ce jour, la grande majorité de ces personnes n’a toujours pas été contactée. Leur parole reste inaudible, ne permettant pas l’émergence d’un véritable discours contradictoire.
Un autre article de la TDG a rapidement suivi, relayant les propos d’un élu orléanais ayant publiquement exprimé sa volonté de voir disparaître le Centre dramatique national d’Orléans (CDNO) dont Séverine Chavrier avait la charge. Les équipes du CDN, unies et soudées, ont pourtant réussi à « sauver » ce pôle de création. L’absence volontaire de contextualisation rendait impossible le décodage de l’affaire pour le public genevois.
Les équipes du CDNO ont alors transmis à la rédaction une tribune de soutien à celle qui fut leur directrice durant sept ans. Là encore, le journal a préféré la parole diffamatoire d’un élu revanchard, faisant enfler la polémique, plutôt que la parole légitime des équipes ayant réellement travaillé avec Séverine Chavrier, et qui s’opposent fermement aux accusations de management toxique dont elle fait l’objet.
« Management toxique » : des termes qui, une fois lâchés, semblent suffire à la condamner sans débat. Nous déplorons que des enjeux aussi majeurs soient aujourd’hui mis en avant en prenant pour cible une femme artiste qui ne cesse de mettre en lumière les rapports de domination, les discriminations et les fractures de notre époque.
Pendant ce temps, les véritables problématiques — la misogynie systémique au sein des institutions et le rapport collectif que nous souhaitons entretenir à l’art — demeurent reléguées hors champ.
Les projets que Séverine Chavrier envisage sont de véritables expéditions. Les voyages sont exigeants, éprouvants et vertigineux. N’en déplaise aux détracteurs : son professionnalisme, la liberté et la place qu’elle donne aux créateur·rices, technicien·nes et administrateur·rices nous donnent envie de poursuivre ce voyage.
Nous affirmons que nos pratiques respectives ont grandi à son contact dans les bureaux ou sur les plateaux. Nous sommes toutes et tous solidaires et nous tenons prêt·es à vous parler du travail que nous effectuons à ses côtés.
Aujourd’hui, la Comédie de Genève est en passe de devenir un pôle majeur de la scène européenne et un tremplin d’envergure pour la création romande. Ne laissons pas les détracteurs ternir l’image de ce lieu, très loin des rêves de théâtre qui nous habitent.
Laissons cette Comédie devenir le lieu de création et de joie partagée qu’elle aspire à être sous la direction de Séverine Chavrier.
Signataires
Florine Ardault Rosello, Camille Barnaud, Kevin Bah, Victoria Belen Martinez, Anthony Couret, Bruno Dani, Jérôme de Falloise, Simon d’Anselme de Puisaye, Laurence de Magalhaes, Guilain Desenclos, Nathalie Dumont, Océane Duhamel, Jérémie Cusenier, Pascal Frey, Marie Fortuit, Jérôme Fevre, Denis Gobin, Nathalie Garraud, Loïc Guyon, Hugo Cardinali, Hendrickx Ntela, Jean-Louis Imbert, Adèle Joulin, Jules Zing, Christophe Lemaire, Andréa Matwaber, Émilie Leroy, Armelle Lopez, Romuald Liteau Lego, Katy Longo, Martin Mallon, Laure Maheo, Margaux Moulin, Alban Rouge, Magali Pichard, Quentin Vigier, Célie Pauthe, Laurent Papot, Armel Malonga, Christophe Rauck, Nicolas Roux, Louise Sari, Christèle Tual, Olivier Thillou, Valérie Chavanon, Julien Buchy, Dominique Louise, Tristan Plot, Claire Willeman, Judith Zagury



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