Touka Danses, le Centre de Développement Chorégraphique National de Guyane dirigé par Norma Claire fête ses dix ans. La 21ème édition du festival Danses Métisses, porté par la chorégraphe, se tiendra du 27 novembre au 7 décembre 2025. Avec toujours au coeur de son projet, la volonté de professionnaliser les danseurs de Guyane.
Quelle est la ligne directrice au festival cette année ?
C’est l’engagement des compagnies invitées dans des projets artistiques en soutien à la jeune création. On invite le collectif HEDO qui vient de la Guadeloupe et qui a reçu le prix du Jury du tremplin caribéen « Jumping #1 » en novembre 2023, lançé par le dispositif Récif – Karukera, pour le repèrage de compagnies émergentes. Thomas Lebrun et le CCN de Tours présente sa nouvelle création Derrière Vaval, pleurs, cornes et fewèt avec trois danseurs d’Outre-Mer, Gladys Demba (Guyane), Jean-Hugues Miredin (Martinique) et Mickaël Top (Guadeloupe), toujours dans ce travail de soutien pour faire émerger des artistes. Et Bouba Landrille Tchouda présente Até Aqui Tudo Bem avec sept danseurs du Brésil dans le cadre de l’année France-Brésil.
Est-il toujours important de faire rayonner le festival sur tout le territoire ?
Totalement, c’est la mission de notre Centre de Développement Chorégraphique National, une mission de développement de nos actions sur l’ensemble du territoire. On bouge pendant les 11 jours à Matoury, Kourou, Rémire-Montjoly, SaintGeorges, Macouria, Régina, Sinnamary, pour finir à Cayenne, à l’ENCRE – EPCC Les Trois Fleuves, seul théâtre de Guyane où les compagnies peuvent se produire dans de bonnes conditions techniques avec des lumières correctes.
Le festival est-til aussi le moyen de réflechir à l’avenir de la danse contemporaine professionnelle en Guyane, et en Outre-Mer ?
Totalement. L’impact de tout ce travail que l’on a fourni depuis ces dix dernières années est de penser, d’impulser de la création sur notre territoire pour que les artistes puissent y rester. Comment je peux vivre de mon métier ? Comment je peux m’habiller, manger, me loger et ne pas être obligé de partir. Ces questions là seront posées par le collectif HEDO, ce collectif qui se bat pour rester en Guadeloupe. On se pose tout le temps ces questions dans l’accompagnement de nos artistes, mais il faut aussi leur donner les moyens d’aller passer des auditions dans l’hexagone, mais cela coute trés cher de voyager au départ de Cayenne. Notre travail, c’est d’ouvrir des possibles tant sur de la résidence de création, que sur de l’accueil en studio, ou sur des ateliers dans les écoles, les collèges, les lycées, les EHPAD. Nous menons des partenariats avec pas mal d’associations pour structurer nos jeunes afin qu’ils puissent vivre de leur passion et apprendre à demander des subventions.
Parmi les artistes de Guyane qui ont émergé ces dernières années, il y a Gladys Demba.
Oui, Gladys fait partie de la création de Thomas Lebrun, « Derrière Vaval, pleurs, cornes et fewèt ». Elle a fait ses débuts à l’ADACLAM dirigée par Jeanine Vérin, à Cayenne. Et Thomas Lebrun l’a rencontré gràce à ce travail de partenariat avec Touka Danses, notre CDCN et le CCN de Tours que l’on a appelé Dansez-Croisez. Ce dispositif a permis des résidences, des formations, des stages. Je suis très contente de ce travail sur les huit ans qui a permis de toucher beaucoup de jeunes danseurs, dont Gladys Demba qui désormais mène sa carrière de danseuse professionnelle. Et pendant le festival, on lui a confié plusieurs missions dont celui d’accompagner d’autres jeunes danseurs et de transmettre sa pièce Mes horizons, qui interroge l’identité guyanaise dans sa pluralité, à une autre danseuse, Shaona Legrand.
Ce travail va-t-il se poursuivre avec d’autres compagnies de l’hexagone ?
Oui, cette année l’artiste associée est la Compagnie Chriki’Z d’Amine Boussa qui accompagne de jeunes danseurs dont ceux de la Compagnie Jeunes Sans Limites, basée à Saint Laurent du Maroni. Pendant le festival, il va les faire travailler en vue d’un spectacle qui sera créé dans l’amphithéâtre Olivier Messiaen de l’opéra Bastille à Paris en avril 2026 et qui s’appelle YANA. J’avais mis en contact ces jeunes danseurs avec Myriam Mazouzi, dans le cadre du dispositif de l’Opéra national de Paris en Guyane, qui porte donc ses fruits.




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