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« MAGNIFICAT », la jouissive et radicale vitalité de la danse de Marie Chouinard

À la une, Danse, Paris
MAGNIFICAT de Marie Chouinard
MAGNIFICAT de Marie Chouinard

Photo Sylvie-Ann Paré

Présentées au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt sous la forme d’un diptyque tout en contrastes et faussement dépouillé, la variation sur le Magnificat de Bach haute en couleur et pleine de joie, suivie de Henri Michaux : Mouvements, plus noire et torturée, sont deux pièces qui célèbrent l’élan et la vie que contient la danse de leur chorégraphe, Marie Chouinard.

Cela commence dans le brouillamini sonore d’un orchestre qui s’accorde sur une bande enregistrée. La scène est plongée dans une pénombre trouée par d’impromptus essais de lumières. Les danseurs, qui ne sont encore que des silhouettes impalpables, s’étirent, s’échauffent, d’abord en solo, puis ensemble, en cercle. Quelques minutes plus tard, lorsque retentit le célèbre chœur inaugural et les trompettes triomphantes du Magnificat de Bach, les mêmes interprètent prennent la lumière et s’élancent pour un peu plus de trente minutes fulgurantes placées sous le signe d’une explosion de bonheur.

Après bODY_rEMIX/gOLDBERG_vARIATIONS créé en 2005, Marie Chouinard revient à Bach. Écrits pour la fête de la Visitation de la Vierge Marie entre 1728 et 1731, le texte et la musique sacrés du Magnificat accompagnent ici un rituel audacieusement plus profane, qui pourrait même s’assimiler par moments à un Sacre du printemps. Ses douze danseurs frétillants, hommes et femmes confondus, s’affichent le torse et la poitrine nus, portant juste un boxer couleur chair, et se coiffent de visières couleur or qui évoquent les têtes auréolées des figures religieuses dans la peinture du Moyen-Âge et de l’époque baroque. Ils paradent et s’ébrouent dans une danse pastorale et primesautière, où tout respire, transpire d’une belle et jubilatoire euphorie. Cela témoigne bien de la « radicale vitalité » du geste de Marie Chouinard. Empruntée au titre d’un spectacle, présenté à Paris en 2022, qui compilait différents segments de plusieurs pièces créées par l’artiste canadienne depuis plus de quarante ans, l’expression est pleinement révélatrice de la dynamique déployée par le mouvement délibérément joueur, libérateur, parfois même un peu moqueur, qui est adopté. Un véritable appétit de jouissance, d’orgasme et d’extase s’exprime et s’épanouit dans la liberté du corps et du geste.

En seconde partie, le cyclorama sur lequel se déployait un camaïeu de couleurs vives et franches sert de surface de projection sur laquelle apparaissent les pages un brin énigmatiques et austères d’un recueil signé du poète et peintre Henri Michaux. Paru en 1951, l’ouvrage, justement intitulé Mouvements, ne contient qu’un seul poème accompagné de 64 dessins réalisés à l’encre de Chine. Sur scène, les danseurs ont cette fois revêtu une sobre tenue noire et leurs corps s’emploient à se faire le miroir amplifié des lignes graphiques, des tâches pâteuses, portées par leur auteur sur les feuilles de papier. Aux formes pures et épurées de Michaux, répond non pas la reproduction illustrative, mais la revisitation imaginative des motifs qui trouvent une sidérante physicalité dans une veine particulièrement outrée, maximalisée. La bizarrerie des corps n’obéit à aucune bienséance et ne s’enferme dans aucun carcan. La proposition a quelque chose de ludique, mais sa frénésie violente et exténuante, renforcée par les effets sonores assourdissants de Louis Dufort, lui confère une inquiétante étrangeté. Les corps osent tout. Ils se montrent malléables à merci et tendus à l’extrême, tandis que pullule jusqu’à la saturation la constellation de dessins. Les mots d’Henri Michaux, qui se laissent entendre à la fin de la pièce par l’intermédiaire de la voix de Marcel Sabourin, tentent de décrire l’expérience qu’a été pour lui-même la création de ces signes profus. « Je ne sais pas trop ce que c’est, ces signes que j’ai faits. D’autres que moi en auraient mieux parlé, à bonne distance. J’en avais couvert douze cent pages, et n’y voyais que flots », assure celui qui associe à ce travail le sentiment d’exister, d’appartenir au monde. C’est aussi tout ce que la chorégraphe Marie Chouinard ne cesse de délivrer d’une pièce à l’autre avec pour fil conducteur le souffle, l’affranchissement, le vivant.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

MAGNIFICAT
Chorégraphie, lumières, scénographie, costumes, accessoires et maquillage Marie Chouinard
Avec Michael Baboolal, Adrian W.S. Batt, Justin Calvadores, Rose Gagnol, Valeria Galluccio, Béatrice Larouche, Luigi Luna, Scott McCabe, Carol Prieur, Sophie Qin, Clémentine Schindler, Ana Van Tendeloo, Jérôme Zerges
Musique Magnificat, Jean-Sébastien Bach

Production Compagnie Marie Chouinard

Durée : 35 minutes

Théâtre de la Ville, Paris
du 10 au 13 décembre 2025

Le Carreau, Scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan
le 10 février 2026

Teatro Comunale Citta di Vicenza (Italie)
le 14 février

Moody Performance Hall, AT&T Performing Arts Center, Dallas (États-Unis)
les 1er et 2 mai

Henri Michaux : Mouvements
Chorégraphie, lumières, scénographie et vidéo, costumes, coiffure Marie Chouinard
Avec Michael Baboolal, Adrian W.S. Batt, Justin Calvadores, Rose Gagnol, Valeria Galluccio, Béatrice Larouche, Luigi Luna, Scott McCabe, Carol Prieur, Sophie Qin, Clémentine Schindler, Ana Van Tendeloo, Jérôme Zerges
Musique Louis Dufort
Texte et dessins projetés Henri Michaux tirés de l’ouvrage Mouvements (1951), avec la permission des ayants droit d’Henri Michaux et des Éditions Gallimard
Voix Marcel Sabourin

Production Compagnie Marie Chouinard
Avec l’appui de ImPulsTanz

Durée : 35 minutes

Théâtre de la Ville, Paris
du 10 au 13 décembre 2025

Le Carreau, Scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan
le 10 février 2026

11 décembre 2025/par Christophe Candoni
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