C’est en travaillant sur Le Mandat de Nikolaï Erdman, au cours de recherches sur le théâtre russe de la période stalinienne, que j’ai découvert Le Dragon de Evgueni Schwartz. Il m’est immédiatement apparu un lien entre les deux pièces, une sorte de proximité, de continuité même, comme si Le Dragon pouvait être un prolongement du travail que nous effectuions sur Le Mandat.
Une continuité historique tout d’abord. Espacées d’exactement 20 ans, les écritures des deux pièces témoignent de périodes fortes du parcours politique de Staline: son accession au pouvoir pour Le Mandat, l’apogée – pendant et après la deuxième guerre mondiale – de son autorité et de son influence, pour Le Dragon.
Une proximité spirituelle ensuite: Schwartz, comme Erdman, aime jongler avec les mots, les situations, l’humour, s’amuse avec l’exubérance de ses personnages, n’a peur ni de l’excès, ni de la démesure. Tous deux savent s’affranchir d’un réalisme pesant et ont choisi des formes fortes et inattendues pour porter un théâtre politique, dénoncer, et surtout prévenir: Le Mandat est une farce, une parodie de vaudeville inspirée de Feydeau, Le Dragon un conte, une fable philosophique où l’on peut trouver en vrac des références bibliques, mythologiques, à Lewis Carroll, et surtout aux légendes médiévales européennes.
Enfin, et c’est sans doute le plus intéressant, ces deux auteurs partagent certes une interrogation commune sur l’expression de l’autorité politique, mais principalement une réflexion sur l’engagement de l’homme de la rue, sa passivité parfois coupable, la nécessité de la réaction populaire face à l’Autorité et à la tyrannie des dirigeants. L’un comme l’autre, sans parti-pris militant, nous parle simplement de liberté.
Au sortir d’un travail de plus de 5 ans avec une équipe de 20 personnes sur la pièce d’Erdman, je n’imaginais pas initier immédiatement un projet mobilisant à nouveau une grosse équipe artistique et technique. Mais mon enthousiasme pour le texte de Schwartz (ainsi que celui manifesté par les comédiens dont je tenais à m’entourer dans l’éventualité de monter la pièce), l’opportunité qui s’offrait à moi de travailler avec la dramaturge russe Marina Abelskaïa (assistante de Piotr Fomenko entre autres), et la pertinente acuité politique de la pièce, son actualité surtout, m’ont finalement convaincu qu’attendre plus longtemps aurait été une erreur.
L’équipe que j’ai réunie sera donc prête dès la rentrée 2012 à présenter une version du Dragon que j’aurai le plaisir (et la grande fierté) de mettre en scène. Elle sera, comme l’était notre version du Mandat, ludique, drôle, tragique, folle, naïve, cruelle, festive.
Et, je le souhaite par dessus tout, à la fois surprenante et captivante pour le public. Note d’intention de Stéphane Douret d’après dossier de presse.
Le Dragon de Evgueni Schwartz
Mise en scène Stéphane Douret
Avec
Anne Barbot (Elsa),
Catherine Bloch (Le Dragon),
Florent Cheippe (un tisserand),
Cédric Colas (Le Dragon, un laquais),
Romain Cottard (Lancelot),
Alexandre Delawarde (la sentinelle, le geôlier),
Ludovic Ducasse (Le Chat),
Etienne Durot (Le Dragon, un laquais),
Jean-Paul Farré (Charlemagne),
Thomas Horeau (le luthier),
Tristan le Goff (le marchand ambulant),
Agathe L’huillier (une amie d’Elsa),
Igor Mendjisky (Henri),
Alexandra Naoum (une amie d’Elsa),
Damien Rivalland (Le chapelier),
Benoît Séguin (un tisserand),
Maïté Simoncini (une amie d’Elsa),
Philippe Spiteri (Le Bourgmestre),
Guillaume Veyre (le jardinier)
Mathias Zakhar (le jeune garçon)
Traduction Simone Sentz-Michel (Editions l’Avant-Scène Théâtre), Assistant à la mise en scène Dimitri Klockenbring, Musique et son Vincent Artaud, Conception textile May Katrem, Costumes May Katrem et Camille Guéret, Stagiaire costumes Jeanne Fournié, Scénographie Héloïse Labrande et Damien Rivalland, Construction décor Jonathan Bablon, Lumières Julien Barbazin, Chorégraphe associée Yano Iatridès, Effet spéciaux Nicolas Audouze, Maquillage Audrey Millon, Dramaturgie Marina Abelskaïa, Régie générale Thibault Joulié
Co-production L’Omnibus – I.D Production – Narcisse Théâtre, avec la participation financière de l’AGEFIPH, le soutien de l’Adami, de la Spedidam, de l’ARCAL, de l’Espace Culturel Boris Vian (Les Ulis), du Jeune Théâtre National, de l’Espace Culturel André Malraux (Le Kremlin-Bicêtre), de la Mairie de Paris et la participation de Accesignes et Accès Culture. Diffusion: I.D. Production.
Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre 13.
Présenté en partenariat avec Le Courrier International
Durée : 2 heures sans entracte
13 septembre 2012 > 28 octobre 2012
mardi, jeudi et samedi à 19h30, mercredi et vendredi à 20h30, dimanche à 15h30
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