Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Rechercher
  • Menu Menu

Marion Lévy fait de Roméo un ado comme les autres

A voir, Bordeaux, Danse, Jeune public, Les critiques
Roméo de Marion Lévy
Roméo de Marion Lévy

Photo Julie Mouton

C’est dans le cadre du Parcours Enfance & Jeunesse du Théâtre de la Ville que l’on découvre hors les murs – au Carreau du Temple –, ce Roméo, pendant du spectacle Et Juliette, en un diptyque imaginé par Marion Lévy. En mixant danse, texte et musique live, la chorégraphe donne à ce personnage de légende la possibilité d’une autre fin. Elle arrête le temps et s’intéresse à l’adolescent mal dans sa peau au-delà de son coup de foudre pour Juliette.

Dans sa chambre en désordre, en tee-shirt, jogging, chaussettes, Roméo ne trouve pas le sommeil. Roméo ne tient pas en place, mais ne sort pas de sa carapace. Il écoute de la musique, chantonne, fait des pompes, des selfies de son âge ou des vidéos TikTok. Roméo est un ado et il a tous les symptômes qui vont avec : la voix qui fait les montagnes russes, le corps qui mute, la pilosité qui s’installe, les muscles qui se développent et le moral à l’envers. Un sacré chamboulement qui le surprend et l’effraie. Roméo est mal dans sa peau. Dire adieu à l’enfance n’est pas chose facile, grandir n’est pas si fluide. Il a la vie devant lui pourtant et sa rencontre avec Juliette n’a pas encore eu lieu. Il n’a pas succombé à la fatalité de cet amour interdit, n’a pas mis le doigt dans l’engrenage, n’est pas entré dans la tragédie. C’est un adolescent comme les autres et sa mélancolie prend parfois des teintes comiques.

Marion Lévy aime s’adresser à la jeunesse et inscrit son geste dans la nuance, la subtilité des états flottants comme celle des mouvements qui tracent des signes dans l’espace sans être pour autant dans l’illustration pure ni dans la démonstration de technicité. Depuis quelques années, sa sensibilité chorégraphique fait corps avec celle, littéraire, de Mariette Navarro à l’écriture, et leur compagnonnage est fécond. À la frontière du théâtre et de la danse, Marion Lévy imagine un Roméo d’aujourd’hui, un Roméo d’avant Juliette, plus perturbé par sa puberté que par sa capacité à séduire les filles. Elle élargit le spectre de son désarroi et nous le rend aussi proche que familier. C’est un collégien ordinaire, cloitré dans sa chambre et drapé dans son blues, un lion à l’étroit dans sa cage, un être en devenir bouillonnant d’aspirations, mais empêtré dans sa solitude et ses contradictions.

Au plateau, deux empilements de cubes blancs, un matelas au sol et une masse de vêtements éparpillés par terre, scénographie aussi épurée que colorée qui construit un espace-symbole. À la composition musicale et à la guitare électrique, Léo Nivot ne se réduit pas à n’être qu’un pur accompagnement musical qui exprime le labyrinthe émotionnel du personnage, il est un véritable partenaire de jeu, narrateur occasionnel qui s’invite dans la solitude de Roméo, interagit parfois avec lui et s’insurge contre le destin réservé au héros shakespearien, et sa complicité avec le danseur Maxime Calicharane – qui reprend le rôle créé par Jonas Dô Hùu – déplace la focale, transforme le solo en duo et offre un joli contrepoint à son isolement. D’abord au sol, caché sous une masse informe de vêtements, le danseur se déplace en rampant jusqu’à son lit et la chorégraphie qui s’ensuit, à l’horizontale, mais néanmoins dynamique, vient faire écho à la première création de Marion Lévy, En somme !, autour du sommeil et de ses glissements successifs entre état de conscience et d’inconscience. Évocation lointaine, témoin des préoccupations au long cours de la chorégraphe, attachée aux micro-gestes, aux gestes-signes, à tirer les fils de nos attitudes et postures quotidiennes pour en extraire le potentiel visuel et chorégraphique.

Au service de cet univers, entre le symbole et l’onirisme, entre le texte et le geste, Maxime Calicharane a cette souplesse d’interprétation requise par la partition. Tantôt fluides ou syncopés, ses mouvements le propulsent d’un bout à l’autre du plateau, comme s’il glissait sur le sol. Et lorsqu’il exprime ses états d’âme, face à nous, il nous attrape par le cœur, juvénile et attachant. Le spectacle s’épanouit alors dans cet entre-deux entre prises de parole et éclats dansés pour former une évocation du malaise adolescent, sans peser ni plomber. Et l’écriture chorégraphique de Marion Lévy dialogue avec la langue de Mariette Navarro, toujours clairvoyante et expressive. L’ensemble est d’une poésie douce, en demi-teinte, entre repli sur soi et ouverture… jusqu’à l’épiphanie de la rencontre avec Juliette. C’est alors qu’il s’agit d’agir sur le récit, de changer le cours de l’histoire gravée dans le marbre de nos légendes indétrônables, de dire non à la mort inévitable, de prendre un autre embranchement ou d’arrêter le temps, c’est selon, mais de tout faire pour que l’avenir et les sentiments durables existent. Pour rendre l’imperfection désirable, faire entrer la relation amoureuse dans la durée qui abime et peut détruire, mais laisse la vie sauve. Marion Lévy quitte le mythe de l’amour absolu pour nous offrir un autre horizon et ce moment de suspension qui a mis les ados dans la salle en émoi.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Roméo
Chorégraphie Marion Lévy
Texte et dramaturgie Mariette Navarro
Avec Léo Nivot, Maxime Calicharane
Musique Léo Nivot
Lumières Didier Martin
Scénographie et costumes Hanna Sjödin

Production Cie Didascalie
Coproduction Théâtre du Champ au Roy, scène conventionnée d’intérêt national – art et création pour le théâtre ; Le Carreau du Temple, établissement culturel et sportif de la Ville de Paris ; Ménagerie de Verre
Accueil en résidence Le Rebond, Pommerit le Vicomte ; Ménagerie de Verre ; Théâtre du Champ au Roy, ville de Guingamp – La MAC, Maison des Arts de Créteil ; La Chaufferie, Saint-Denis
Avec le soutien de Grégoire and Co – LE LIEU
Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; Le Carreau du Temple

La Cie Didascalie a bénéficié de la mise à disposition de studio au CND Centre national de la danse. La Cie Didascalie reçoit l’aide au conventionnement de la DRAC Bretagne ainsi que l’aide de la région Bretagne du département des Côtes d’Armor et de la ville de Pommerit-le-Vicomte.

Durée : 45 min
À partir de 13 ans

Vu en novembre 2025 au Carreau du Temple, Paris, dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville

La Manufacture, CDCN Nouvelle-Aquitaine, Théâtre des Quatre Saisons, Gradignan, dans le cadre de Pouce !
le 3 février 2026

7 novembre 2025/par Marie Plantin
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
L’homme et la mer de Julien Boclé
Elle brûle de Mariette Navarro et Caroline Guiela Nguyen
Perdre adapté des Chemins contraires de Mariette Navarro par la Cie Map
Danser pour ne pas se perdre
Jean-Paul Rouve dans « Le Bourgeois Gentilhomme » de Molière
« Training » de Marion Lévy
Le Théâtre de la Ville La saison 2025/2026 du Théâtre de la Ville
Les Odyssées 2020 de Baptiste Amann, Célia Houdart, Mariette Navarro et Yann Verburgh à la Comédie de Béthune
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

Search Search
© Sceneweb | Création site et Maintenance WordPress par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut