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« Quand on dort on n’a pas faim », Martine à Paris

A voir, Les critiques, Nantes, Paris, Théâtre
Quand on dort on n'a pas faim d'Anthony Martine
Quand on dort on n'a pas faim d'Anthony Martine

Photo Florian Salabert

Petit ovni présenté dans le cadre du Festival Jerk Off au Théâtre 13, Quand on dort on n’a pas faim explose les codes théâtraux traditionnels grâce à un « conte médiéval afro-queer » qui produit un mélange des genres drôle et audacieux. Travail d’inspiration autobiographique mené par Anthony Martine sur sa vie de jeune noir, gay, d’origine modeste qui rentre au lycée Henri-IV à Paris, le spectacle balance fort.

« Quand on dort on n’a pas faim ». Souvent, la mère d’Anthony Martine répétait cette phrase à son fils s’il réclamait à manger au moment de se coucher. Une manière de lui faire passer l’appétit que le jeune artiste, découvert avec Rebecca Chaillon dans Plutôt vomir que faillir, et également présent dans le Makbeth du Munstrum, renverse à 180 degrés. Aujourd’hui sorti de son rêve, comme il dit, de ce rêve qu’il concevait, d’intégrer un beau château de conte de fées, la belle au bois dormant a les crocs et ils sont bien acérés.

Explications. Entre 2016 et 2018, Anthony Martine est en hypokhâgne au lycée Henri-IV, à Paris. Le Graal, Arthur qui retire Excalibur du Rocher. Voilà ce jeune homme de classe moyenne de banlieue lointaine, fils de martiniquais, lancé à la conquête du pouvoir qu’offrent les plus hauts diplômes, en même temps que propulsé dans une société où il fait multiplement figure d’intrus, parce que noir, gay et d’origine modeste. Les rejetons de l’intelligentsia parisienne, bardés de tolérance et d’ouverture à l’autre, lui font une place, mais ne l’intègrent jamais vraiment parmi eux. Il subit quelques humiliations, s’égare sur des sites de rencontre où des daddies blancs fétichisent à l’envi son corps noir, renie sa famille comme tout transfuge de classe, et se fantasme une vie guidée par les modèles blancs qui s’offrent à lui. Il n’en existe malheureusement pas d’autres.

Une histoire racontée avec une énergie folle et une inventivité prolifique par ce jeune homme qui a intégré depuis l’ESCA (École Supérieure de Comédiens par Alternance) et trouvé au théâtre, et à l’intersection des communautés noire et queer, des communautés autrement plus épanouissantes que celle d’H-IV. Château de conte en carton-pâte, jeu d’ombre comme dans des castelets pour enfant, chansons – inoubliable Holding Out for a Hero de Bonnie Tyler revisitée en version française – et chorés tendance drag, dans des costumes moulants, successivement en damier noir et blanc et en rose, perché sur des bottes à hauts talons, Anthony Martine raconte son histoire à mi-chemin entre roman de chevalerie et conte de fées, avec personnage de marraine clone de Fanny Ardant – Paris Ardant – et une narration où il parle de lui à la troisième personne. Ainsi, dans un récit éclaté, syncopé, bourré d’effets sonores très rigolos, où les refs littéraires traditionnelles percutent la pop culture, sautant de Peau d’Âne à Grindr en passant par Lady Gaga et Claude Nougaro, Anthony Martine avec sa blackface tendance Banania aux lèvres rouges crée une première partie drôle et ultra-vitaminée.

En compagnie de sa sœur, Mérèndys Martine, la seconde partie contrefait une émission radio qui s’appellerait Every Neger is a Star, et se tourne vers le témoignage et le documentaire. Changement de rythme et de décor, fin du rêve et du sommeil, retour au réel nourri d’un nouvel appétit, de celui qui a pris conscience des forces qui structurent la société. Inspirations littéraires et musicales s’y déploient, adresse directe au public et dénonciation frontale du racisme systémique s’y succèdent, les modèles changent de couleur et le héros se construit d’autres quêtes en arrêtant de courir après la reconnaissance blanche. Plus calme et moins spectaculaire, cette fin perd en impact, jusqu’à en devenir par moments anecdotique. Il s’agit de proposer de nouveaux modèles, de construire des références autres que celles de la culture blanche dominante, de changer d’histoire. La nouvelle liberté d’Anthony Martine, par cette baisse de tension aussi, s’émancipe des attentes.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Quand on dort on n’a pas faim
Écriture, mise en scène et jeu Anthony Martine
Costumes et jeu Mérèndys Martine
Assistanat mise en scène Fabien Chapeira
Dramaturgie Léo Landon Barret
Création musicale et musique live Louise BSX
Création vidéo Maël Kajdan
Création lumière Jérome Baudouin
Scénographie et accessoires Shehrazad Dermé
Assistanat scénographie Maya Ali

Production Festival Jerk Off
Coproduction Théâtre 13
Coréalisation Compagnie Le Cri ; Théâtre 13
Soutien dispositif Puissance 4 ; Maison des Métallos ; Festival Actoral
Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France
Avec l’aide à la résidence de création de la Mairie de Paris

Durée : 1h15

Théâtre 13, Paris, dans le cadre de la 18e édition du Festival Jerk Off
du 1er au 11 octobre 2025

TU Nantes
les 15 et 16 octobre

Université Sorbonne-Nouvelle, Paris
le 9 avril

3 octobre 2025/par Eric Demey
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1 réponse
  1. Samira
    Samira dit :
    12 octobre 2025 à 1 h 52 min

    J’ai déteste cette pièce que je trouve d’un égocentrisme sans nom, où est l’universel dans ce spectacle, et comment sortir d’un MOI si présent. C’est un spectacle vu et revu et franchement lâche. A éviter.

    Répondre

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