Départ d’incendies met le feu aux troupes

Photo Vahid Amanpour

Créer avec peu devient de plus en plus souvent le lot du spectacle vivant. Plutôt que de s’en plaindre, le festival Départ d’incendies s’en sert pour ressusciter l’esprit de troupe si cher au lieu qui l’accueille, le mythique Théâtre du Soleil. Dans le bois de Vincennes, c’est parti pour un festival d’un mois croisant théâtre, cirque et danse, et adossant l’esprit de fête à celui du collectif.

Il pleut sur Paris en cette rentrée. « L’année dernière, on avait eu l’été indien », regrette Annabelle Zoubian, qui porte à bout de bras le festival Départ d’incendies, qui se déroule du 5 septembre au 5 octobre. Comme l’eau est l’ennemie du feu, les averses orageuses qui se déversent sur la région parisienne en ce début septembre risquent en effet de contrarier une deuxième édition que sa directrice a rendue plus ambitieuse encore que la première, qui s’était tenue en juin 2023. Car elle a augmenté le nombre de spectacles programmés et a décidé d’installer pour cela une deuxième scène… en plein air, qui s’ajoutera comme lieu de représentation à la salle de répétitions du Théâtre du Soleil. Ce dernier a en effet encore une fois «  confié les clés du lieu » à cette jeune équipe de bénévoles qui vient dans le temple de l’esprit de troupe que constitue le Soleil pour en rallumer l’esprit.

Départ d’incendies est né du festival Enfants de Troupes – Premiers pas et des mots que posait dessus Alexandre Zloto, soulignant l’importance de la solidarité et de l’entraide dans le spectacle vivant. Ils avaient touché Annabelle Zoubian au cœur. Elle a donc proposé au Théâtre du Soleil d’occuper les lieux pendant un mois. Et de concocter un festival où, aux côtés d’une quarantaine de bénévoles, toutes les troupes sont conviées à mettre la main à la pâte. « Je crée des feuilles de service sur lesquelles chacun s’inscrit, explique la directrice artistique. Le principe : quand une troupe est en train de jouer, les autres troupes du lieu font le travail de restauration, d’accueil du public, etc. ». Du montage au démontage, de la billetterie à l’extinction des feux, tout se fait donc en commun, dans un esprit de collaboration qui se veut l’ADN du festival.

« Je vais être transparente : créer cette solidarité et cette entraide, c’est difficile. On n’est pas dans un monde de bisounours. Et monter un festival d’un mois avec 12 troupes qui travaillent ensemble, ça ne coule pas de source », poursuit-elle. Mais parfois, nécessité fait loi. Festival pour l’instant sans aucune subvention, Départ d’incendies ne peut en effet proposer aux compagnies que des droits sur la billetterie. « Et quand vous avez une troupe de 12 personnes pour une jauge de 110 places, on sait bien que ça ne suffira pas à payer tout le monde ». Chacun se serre les coudes, donc, face à cette réalité qui devient, malheureusement, de plus en plus, le quotidien du milieu du spectacle vivant. Il faut vivre d’entraide. « Comment continuer à créer avec peu de moyens ? C’est un tournant que l’on est en train de vivre », résume Annabelle Zoubian.

Travailler ensemble, c’est donc faire avec, mais aussi résister. Car Départ d’incendies a parallèlement décidé de privilégier les projets de troupes nombreuses, comme il s’en fait de moins en moins. Parmi les 155 candidatures qu’elle a reçues, la directrice artistique leur a donné la priorité tout en cherchant à mélanger les genres. Théâtre, cirque, danse, clowns et marionnettes s’entremêleront donc au cours d’un mois de festival à travers quelques spectacles XXL, et d’autres plus petits. La manifestation connaîtra ses points d’orgues les week-ends, avec des programmations en quasi continu. En ouverture et en fermeture, le 6 septembre et le 4 octobre, c’est un cabaret poétique, L’Indormable nuit, qui donnera le ton de 20h30 à 7h du matin ! Même si le temps est maussade pour le spectacle vivant, la fête, elle, ne s’arrête pas.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Départ d’incendies, 2e édition

Les Troupes Foyers :

La Compagnie Populo présente Le Révizor de Nicolas Gogol (Théâtre & Marionnettes)
du 20 au 28 septembre

La Compagnie des Nuits présente L’Indormable Nuit (Cabaret)
du 6 septembre au 4 octobre

La Compagnie O’delà présente Entièrement ÔM à fleur de peau… (Danse)
du 6 septembre au 5 octobre

Kaôm Collectif présente Les Derniers clowns avant la fin du monde (Théâtre & Clown)
du 7 septembre au 4 octobre

Les Troupes Éclats :

La Compagnie LunAire présente Equanime (Mât chinois & Tissu aérien)
les 13 et 14 septembre

Le Collectif Gambit présente Entre les lignes et U (Danse & Acrobatie)
du 19 au 21 septembre

La Compagnie Sêma présente Porphyre – Le cabaret des déserteurs (Théâtre)
les 26 et 27 septembre

La Compagnie Esquisses présente Trace (Roue Cyr & Danse)
les 4 et 5 octobre

Les Troupes Premières Étincelles :

La Compagnie Les Éduls présente Quel que soit le nom des absent.e.s (Danse)
le 7 septembre

La Compagnie Des Routes et des Racines présente Toit au bord du monde (Théâtre)
le 13 septembre

La Compagnie KatakOff présente La Maladie Blanche de Karel Capek (Théâtre)
les 14 et 15 septembre

Le Collectif La Formule présente À nos fragilité communes (Théâtre)
le 27 septembre

Les concerts :

Millezâmes
le 12 septembre

Occupation Favorite
le 13 septembre

Thomas Lesser
le 18 septembre

Crèmes Pâtissiers
le 19 septembre

Théâtre du Soleil, Paris
du 5 septembre au 5 octobre 2025