La demande d’asile est la seconde pièce du cycle de création Le Rêve de la vie humaine, entamé en 2023 avec le Rêve de voler, et qui prend appui sur une double approche de la création artistique : l’amitié et l’engagement. Ensemble de pièces courtes, elles sont pensées pour être représentées à la fois sur les scènes des théâtres, mais aussi dans les rues, entre les immeubles, en pleine nature. Elles reposent par ailleurs sur le principe de l’échange et du cadeau : le partage de connaissance ou de savoirs-faire entre créateur.ice.s, concepteur.ice.s, chercheur.se.s, militant.e.s …
Dans un espace politique et médiatique saturé par la performance économique, la violence des rapports sociaux, et la fascination pour la force physique, ce cycle de création tâche de créer des «idioties», pièces simples, qui s’approchent avec une naïveté méthodique de leurs objets, objets que l’on prendra bien soin de choisir justement parmi ceux que l’on ne peut rejoindre habituellement que grâce aux efforts les plus puissants du corps, ou de la pensée.
Enfin, devant la progression des idées d’extrême droite dans le débat public, et face au risque réel de l’arrivée au pouvoir d’un parti xénophobe et nationaliste, nous souhaitons consacrer notre énergie à la création d’une forme qui, bien que légère, assume sa portée politique et fait face à la gravité de l’heure.
Il y a cinq ans, dans le cadre d’activités associatives, j’ai découvert le principe de l’entretien mené à l’OFPRA (Office Français de protection de réfugié.e.s et apatrides) dans le cadre de la procédure de demande d’asile en France. Dans le cadre de cet entretien, un.e agent.e de l’OFPRA, après avoir étudié le dossier de la personne qu’elle rencontre, lui pose des questions sur son histoire. Le récit d’une vie qui a abouti à quitter son pays d’origine et de se rendre en France. En fonction de cette histoire, et des éléments de preuves fourni.s par le ou la demandeur.euse l’agent.e va pouvoir décider si la demande est recevable ou non.
Les préparations à l’entretien OFPRA sont physiquement éprouvantes pour les personnes exilées. Revivre en les racontant des traumatismes vécus, souvent insoutenables est une épreuve. Cette mise en récit, en dehors d’un cadre qui puisse recevoir la parole avec bienveillance et qui pourrait en prendre soin, constitue une mise en danger pour l’équilibre des personnes. La vérité de leur expérience, au lieu d’être l’objet d’une prise en charge, est au contraire surchargée de la responsabilité de leur obtention d’un statut.
La pièce entend dénoncer ce dispositif administratif par la mise en mouvement et l’exacerbation d’un principe de question-réponse appliqué à la fois à l’écriture littéraire et à l’écriture chorégraphique. Ainsi, les interprètes du duo suivent deux partitions distinctes. Le texte est inspiré des questions posées à l’OFPRA et qui relate la demande d’asile d’une femme en raison de son orientation sexuelle. La chorégraphie, de son côté, montre par le corps, la difficulté concrète, l’épuisement corporel, et le niveau d’exigence que constitue, pour des personnes le plus souvent fragiles, cet entretien qui est une épreuve.
La demande d’asile
Textes, chorégraphies et scénographie
Nicolas BarryAvec
Sophie Billon et
Nangaline GomisConception sonore
Martin PoncetCo-concepteur scénographe
Mathis Brunet-BahutConstruction Yohan Chemmoul-Barthélémy
Peintre décoratrice Elsa Markou
Production / Administration
Sarah Corroyer et Aziliz EdyProduction ensemble facture
Coproduction et accueil en résidence
Théâtre de Vanves
La Comète – Saint Étienne
Le fort d’Aubervilliers – Accueil en diffusion été 2025
Avec le soutien de l’association Beaumarchais-SACD Espace Public 2024Durée 50 minutes
Première 28 mars 2025
Théâtre de Vanves – Festival Ardanthé31 mai – 1er Juin 2025
Le Point Fort Aubervilliers x rencontres chorégraphiques internationalesde Seine-Saint-Denis8 Août 2025
Festival tout’l’monde dehors Lyon – île Barbe 15 et 16 Août 2025
Far° – Festival des Arts vivants – Nyon
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