Avec sa dernière création, la chorégraphe néerlandaise met à mal les représentations des personnes minorisées dans une fiction sur la monstruosité. Quatre interprètes y réinventent la figure de Frankenstein dans une atmosphère horrifique, teintée de distorsions.
À chaque spectacle, Cherish Menzo construit des fictions dérangeantes, grâce à une esthétique recherchée, faite d’images monstrueuses et de sonorités profondes. Avec Jezebel (2019), la chorégraphe néerlandaise démontait les stéréotypes hypersexualisés sur les femmes noires et avec DARKMATTER (2022), elle déployait un duo afro futuriste en lien avec les phénomènes cosmiques. Pour le troisième volet de cette trilogie autour de la distorsion, elle imagine FRANK, sa première pièce pour un groupe. Avec quatre danseurs, elle investigue la figure de Frankenstein à coups de grimaces et de gestes monstrueux, évoluant dans un environnement aussi instable que violent.
Sur l’espace scénique carré, délimité par des bâches transparentes, les interprètes longent les bords à pas rythmés, et laissent s’échapper des résidus noirs, comme des petits confettis, de leurs imperméables sombres. Peu à peu tout l’espace se délite, la lumière, au départ jaune, s’assombrit. Les danseuses et danseurs sont animés par des gestes saccadés, qui rappellent l’intensité du krump, projetant leurs bras dans l’espace avec une puissance viscérale. Dans cette fiction, on croirait que tous les éléments non-humains, la scénographie, les costumes, la musique, imprègnent les corps dansants, jusqu’à les affecter. En témoignent leurs grimaces effrayantes et leurs mouvements contraints. C’est comme si la violence induite par cet espace contaminait les êtres, poreux et dépendants de leur environnement, et les transformait en créatures monstrueuses.
Conte cauchemardesque, FRANK enquête sur les mythes de construction de l’altérité, qui entourent les personnes minorisées, dominées, colonisées et criminalisées. Voyeurs et complices de cette scène, on se questionne : quel regard portons-nous sur ces corps ? Comment les récits collectifs ont-ils façonné ce qu’on considère comme monstrueux ? Mais les interprètes comptent bien s’affranchir de ces images qui les enferment, en sortant du cadre pour fixer le public et l’interpeller, mais aussi en détruisant tout le décor, dont il ne restera que des ruines.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
FRANK
Concept et mise en scène Cherish Menzo
Création et performance Malick Cissé, Mulunesh, Omagbitse Omagbemi
Création sonore Maria Muehombo alias MIMI
Création vidéo Andrea Casetti
Ingénieur son et vidéo Arthur De Vuyst
Création décors Morgana Machado Marques
Création lumières Ryoya Fudetani
Dramaturgie Johanne Affricot, Renée Copraij
Création maquillage Johanna Cool
Texte Khadija El Kharraz Alami, Cherish Menzo
Tournée des techniciens : Ryoya Fudetani, Hadrien Jeangette, Arthur De Vuyst
Création graphique Nick MattanProduction GRIP & Theatre Utrecht
En collaboration avec Dance On Ensemble
Coproduction Kunstenfestivaldesarts, Carreau du Temple, Productiehuis Theatre Rotterdam, Julidans, PACT Zollverein, Montpellier Danse, Centre Chorégraphique National d’Orléans, Tanzquartier Wien, DDD – Festival Dias da Dança, Festival d’Automne à Paris, One Dance Festival, Perpodium
Avec le soutien de la Fondation Ammodo, le Gouvernement flamand, le Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge via Cronos Invest, BNG Bank Prix du Théâtre et Prix Charlotte Köhler du Cultuurfonds, Culture Moves EuropeDurée : 1h30
Vu en mai 2025 au KVS BOX, Bruxelles (Belgique), dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts
Domaine d’O, dans le cadre de Montpellier Danse
les 3 et 4 juilletJulidans, Amsterdam (Pays-Bas)
les 9 et 10 juilletTheater Rotterdam, dans le cadre de Feeling Curious ?
les 24 et 25 septembrede Brakke Grond, Amsterdam (Pays-Bas)
les 21 et 22 mars 2026Chassé Theater, Breda (Pays-Bas)
le 31 marsTheater aan het Spui, La Haye (Pays-Bas)
le 2 avrilGrand Theatre, Groningen (Pays-Bas)
le 11 avrilSchuur, Haarlem (Pays-Bas)
le 16 avrilTheater Heerlen (Pays-Bas)
le 18 avril
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