Avec la mort de Geneviève Page, le TNP perd l’une de ses dernières grandes étoiles

Geneviève Page dans L’Échange au Théâtre de la Ville à Paris en 1976 / Photo AFP

Geneviève Page, gloire du TNP dans les années 1950, est décédée vendredi à Paris à l’âge de 97 ans, a annoncé sa petite-fille, la comédienne Zoé Guillemaud.

Après avoir suivi les cours de Tania Balachova, puis du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Geneviève Page fait ses débuts au théâtre en passant d’abord par la Comédie-Française, pour entrer ensuite au TNP, où elle joue notamment avec Gérard Philipe dans Lorenzaccio et Les Caprices de Marianne au Festival d’Avignon en 1958. Dans les années 1960, elle rejoint Jean-Louis Barrault à l’Odéon. Elle sera Doña Prouhèze dans Le Soulier de Satin en 1963.

Geneviève Page mène aussi une carrière internationale au cinéma à Hollywood. Elle joue avec Robert Mitchum dans L’Énigmatique Monsieur D. (1956). Il « empestait le pastis », dira-t-elle plus tard. George Cukor l’a dirigée dans Le Bal des adieux (1960), tandis que Billy Wilder l’a engagée pour La Vie privée de Sherlock Holmes (1970). Le cinéma français la rappelle, séduit par son jeu raffiné. En 1951, elle campe la Marquise de Pompadour dans Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque où elle retrouve Gérard Philipe. En 1979, Bertrand Blier en fait une veuve nymphomane dans Buffet froid. « On garde le souvenir attendri d’une somptueuse reine du théâtre égarée dans le film Buffet froid, blonde spectrale errant dans sa frêle combinaison noire, et qu’on aurait dit comme en deuil d’elle-même », a réagi auprès de l’AFP Gilles Jacob, ancien délégué général et président du Festival de Cannes.

Elle ne lâche pas pour autant le théâtre. Elle y revient régulièrement dans les années 1970, dans L’Odyssée pour une tasse de thé de Jean-Michel Ribes au Théâtre de la Ville (1974), Hedda Gabler d’Henrik Ibsen au Théâtre des Célestins (1976) et L’Échange de Paul Claudel, dans la mise en scène de Anne Delbée au Théâtre de la Ville (1976). Elle incarne Petra von Kant dans l’adaptation française de l’œuvre de Rainer Werner Fassbinder, Les Larmes amères de Petra von Kant, au Théâtre national de Chaillot, en 1980, qui lui vaut le prix de la meilleure comédienne du Syndicat de la critique.

En 1991, Lluis Pasqual la dirige dans Le Balcon de Jean Genet à l’Odéon. Elle avait obtenu le Prix Plaisir du théâtre 1997 pour Colombe de Jean Anouilh monté par Michel Fagadau dans lequel elle incarnait Madame Alexandra. En 2011, à l’âge de 84 ans, la comédienne joue Britannicus au Festival de théâtre de Figeac, dans une mise en scène de Michel Fau. Ce sera son dernier rôle.

Avec AFP