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« (Balle de) Match » du siècle et guerre des sexes

A voir, Cergy-Pontoise, Grenoble, Les critiques, Suresnes, Théâtre
Léa Girardet crée Balle de Match
Léa Girardet crée Balle de Match

Photo Louis Barsiat

À la tête de la Compagnie Le Grand Chelem, Léa Girardet clôt sa trilogie sportive par ce Balle de Match réjouissant qui nous propulse au cœur d’un duel de tennis légendaire entre Billie Jean King et Bobby Riggs. Un combat symbolique qui oppose une féministe revendiquée à un machiste invétéré. Retour aux années 1970, à son cinéma de genre, aux répercussions d’un évènement qui dépasse les frontières du sport et de l’Amérique.

Léa Girardet a créé il y a quelques années la compagnie Le Grand Chelem qui, comme son nom le suggère, s’empare de sujets liés au domaine sportif pour les connecter avec des enjeux sociétaux. Balle de Match est le troisième volet d’une trilogie pleine de souffle, dont les deux premiers opus, Le Syndrome du banc de touche et Libre arbitre, ont été mis en scène par Julie Bertin, l’une des deux co-fondatrices du Birgit Ensemble. Cette fois, Léa Girardet empile les casquettes jusqu’au bout du geste : écriture, jeu et mise en scène. Comme si, solide des deux premières expériences comme autrice et comédienne, elle s’autorisait à prendre en charge la direction d’ensemble. Sur scène, ils sont deux et plusieurs, puisqu’avec Julien Storini, son excellent complice de plateau, ils multiplient les figures d’interprétation avec un humour qui est la marque de fabrique de la compagnie. Côté scénographie, c’est un pas de côté car, après les vestiaires d’un stade de foot et une piste d’athlétisme, nous atterrissons dans un bureau de service secret au mobilier seventies, qui nous propulse immédiatement non seulement dans une époque, mais également dans un imaginaire de cinéma d’espionnage typique de la période.

Car, si elle s’empare d’un évènement historique, le match mythique entre la numéro un mondiale de tennis Billie Jean King et l’ancien champion de Wimbledon Bobby Riggs, si sa pièce puise à la source de l’époque – les années 1970 aux États-Unis – et de ses remous sociétaux, Léa Girardet n’en imagine pas moins une fiction, espiègle et réjouissante, qui plonge aussi du côté de la science-fiction pour mieux tirer les ficelles spectaculaires de son point de départ thématique. D’emblée, nous sommes en présence de deux légendes identifiables et identifiées, deux archétypes clairs et polarisés. D’un côté, une joueuse au sommet de sa gloire, passionaria du féminisme, militante déterminée lancée dans une mission d’envergure – obtenir l’égalité salariale dans le sport – et prête à déplacer des montagnes s’il le faut pour obtenir gain de cause ; de l’autre, un champion déchu par l’âge, retraité du tennis, grande gueule et macho provocateur devant l’éternel. Leur duel est au cœur du spectacle. Il en est à la fois le point de fuite narratif, le noyau de l’intrigue, le socle historique et vrai. Mais Léa Girardet s’éloigne à grandes foulées d’un théâtre purement documentaire, charpenté par l’archive et la mise en relation de sources sûres. Elle imagine, en parallèle, une autre trame, qui justifie ce décor en huis clos de bureau vieillot, et deux personnages totalement fictifs, deux agents mandatés pour une enquête de la plus haute importance diplomatique, une mission secrète et d’intérêt général : répertorier et classifier toute action féministe ayant une quelconque répercussion sur une mystérieuse… fissure dans le placard.

L’idée est aussi farfelue qu’elle est symbolique. La faille sous surveillance est celle d’un système (patriarcal s’entend) menacé de basculer dans la parité, un ordre des choses établi risquant d’être subverti par une prise de pouvoir féminine. L’humour et le fantastique à l’œuvre dans le spectacle n’empêchent nullement les enjeux d’être présents et traités, et Billie Jean de garder son sérieux et son cap au nom de l’importance cruciale de ce qu’elle défend. Face aux idées rétrogrades de Bobby Riggs, à ses assauts de misogynie grossière, face au défi qu’il lui lance et ses relances harcelantes, Billie Jean fait figure d’héroïne, droite dans ses baskets, volontaire, indomptable, insoumise. Ce n’est pas la colère qui l’anime, mais la justice. D’une émission télévisée hallucinée – scène d’anthologie où Julien Storini joue sur l’outrance burlesque avec une délectation communicative – en match du siècle devenu quintessence de la guerre des sexes, c’est aussi la société du spectacle et du divertissement de masse qui révèle ses coulisses et sa vulgarité, son indécence et sa superficialité. Le spectacle épouse le combat de Billie Jean King, interprété avec aplomb et cran par Léa Girardet. Il s’amuse de l’absurdité des situations, sans s’écarter de ses enjeux féministes qui sont sa matrice. Il témoigne de la déflagration et des conséquences irréversibles dans le milieu du sport de ce match épiphanique. Du chemin parcouru dans l’égalité de nos droits et de celui qui reste à faire. Et continue à creuser une voie de théâtre qui joue des parallèles évidents et édifiants entre le monde du spectacle et le milieu sportif.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Balle de Match
Écriture et mise en scène Léa Girardet
Avec Léa Girardet, Julien Storini
Assistante à la mise en scène Clara Mayer
Collaboration artistique et dramaturgie Gaia Singer
Scénographie Aurélie Lemaignen
Lumières Claire Gondrexon
Son Lucas Lelièvre
Costumes Floriane Gaudin
Régie générale et lumière Emma Schler ou Titiane Barthel
Régie son et vidéo Nicolas Maisse ou Théo Lavirotte

Production Le Grand Chelem
Coproduction Le Safran – Scène conventionnée d’Amiens Métropole ; Théâtre André Malraux de Chevilly-Larue ; L’entre-deux – Scène de Lésigny ; PIVO – Théâtre en territoire / Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire ; Le Quai des rêves / Ville de Lamballe-Armor ; L’Orange bleue – Espace culturel d’Eaubonne
Accueil en résidence Le Safran – Scène conventionnée d’Amiens Métropole ; TGP – CDN de Saint-Denis ; STC – Super Théâtre Collectif à Charenton ; Le Hublot à Colombes ; Salle Jacques Brel et Théâtre au Fil de l’eau / Ville de Pantin ; Le Quai des rêves / Ville de Lamballe-Armor ; L’Orange bleue – Espace culturel d’Eaubonne

Durée : 1h15
À partir de 12 ans

Vu en mars 2025 au Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine

Théâtre Jean Vilar, Scène conventionnée, Suresnes
le 14 mars

La Ferme Corsange, Bailly-Romainvilliers
le 15 mars

L’Antarès, Vauréal
Le 21 mars

L’Amphi, Pont-de-Claix
le 4 avril

Le Quai des Rêves, Lamballe
le 25 avril

13 mars 2025/par Marie Plantin
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