Dans Maison de repos, on assiste avant tout à une rencontre, une rencontre entre deux êtres détruits à un moment donné de leur enfance.
Au début de la pièce, Marion peint une toile invisible. Cette toile, c’est à la fois son monde et le reflet de ces deux êtres que la société a rendu invisibles en les isolant et en les cachant du monde.
Tout au long de la pièce, on verra naître leur optimisme et leurs défaites au sein d’un désir de liberté et de rupture face aux traditions. Si le monde « normal » est violent, Marion et Tony s’emploieront à questionner cette norme. Et c’est au rythme des apparitions d’Emeline, stagiaire régente de la maison, qu’ils construiront leur amitié.
La mise en scène est quasi chorégraphiée (appelée à traduire le carcan dans lequel la société les enferme) et est fondée sur une volonté de symétrie liée à leur destin commun.
À la spontanéité du discours s’oppose la mécanique des gestes, symbole de leur mal-être.
La justesse des gestes et des déplacements prendra une place primordiale car c’est cette justesse qui rendra lisible la question de la violence qui se trame derrière.
Au delà de la noirceur apparente, Maison de repos est une pièce résolument optimiste où, tandis qu’en toile de fonds, les personnages s’interrogent sur la nécessité de continuer face à la barbarie, il nous faut les aider à choisir la vie malgré tout. Note d’intention d’Emmanuelle Lancien
Maison de repos
mise en scène EMMANUELLE LANCIEN / assistée de
CYRIELLE BUQUET / avec MATHIEU GORGES, CAMILLE
HAZARD, CLAUDIA MOSCONI, ALESSANDRO SGOBBIO
(piano) / scénographie ISADORA BUCCIARELLI / costumes
LOUISE CORSERET / musique GAËL DANDONNEAU
durée 1h05
20h00 mardi au samedi
02 au 19 mai 2012
relâche le 1er mai
En voyant l’affiche, j’imaginais une pièce se déroulant en extérieur, dans un jardin. Ma première surprise à donc été cette sensation d’obscurité et d’enfermement. Heureusement de courte durée car si la pièce durait 3 heures, on pourrait se sentir oppressé dans ce monde dont on sent qu’on ne peut pas en sortir facilement. En tout cas, on y entre sans difficulté, en ayant l’impression d’être installe avec ces « pensionnaires » et de partager avec eux ce grain de folie. C’est très structure, très travaille, comme si l’esprit de ces êtres « différents » était finalement beaucoup plus carré qu’il n’y parait et finalement plus que celui de beaucoup de personnes que l’on croise au quotidien. Je ne suis jamais allé dans une maison de repos, même pour rendre visite à quelqu’un, mais l’on a presque envie après la pièce de tenter l’experience…
La complicité entre les acteurs fait plaisir à voir. Si le sujet est sombre, le traitement le rend léger comme si le thème de la pièce flottait dans l’air. J’ai eu l’impression de m’échapper le temps de cette représentation du monde réel pour vivre une expérience quasi lunaire. C’est poétique, sans être inaccessible ; absurde, sans être gratuit. Et l’on repart sur la pointe des pieds pour ne pas déranger ceux qui au sein de cette maison de repos vont rester…
Intense. Troublant. Saisissant. C’est pour ces raisons que j’ai beaucoup apprécié cette pièce. Un texte au millimètre servi par des acteurs réellement investis dans leur rôle. Je trouve dommage que le titre manque de fantaisie car la pièce est plus aérienne.