Pourquoi ne nous jouerons pas au Théâtre de l’Escapade à Hénin-Beaumont

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Le Collectif L’Intruse est en grève. Il devait jouer ce jeudi 3 octobre au Théâtre de l’Escapade à Hénin-Beaumont. Il alerte sur la reprise en main imminente du lieu culturel par la mairie Rassemblement national. Il est à l’origine de la création du collectif « Escapade en danger ».

Depuis plusieurs mois, la municipalité en accord avec le président de l’association l’Escapade, met sous pression le théâtre. Cela se traduit d’abord par des départs successifs de salarié.es qui quittent la structure ou se mettent en retrait (chargée communication et de programmation jeune public, directeur, régisseur, administratrice). D’autre part, sans en avertir ni le Conseil d’administration, ni le directeur, le président de l’association signe une nouvelle convention en janvier 2024 qui stipule que la mairie peut désormais réquisitionner le lieu sous 60 jours.

Mercredi 25 septembre 2024, jour du lancement de saison, le collectif « Escapade en danger » a interpellé le président de l’association. Une centaine de travailleur-euses du spectacle et de la culture, sont monté.es sur scène pour lui demander des réponses quant à la nature de ces départs et le questionner sur la possibilité de la tenue de la saison culturelle 24/25.

A cette occasion, nous l’avons informé de nos revendications :

– La signature d’une convention qui garantit la liberté de l’association dans la gestion artistique du lieu.

– La reprise de la direction artistique par Jean-Yves Coffre avec la garantie qu’il puisse mener à bien sa mission.

– Le maintien du financement du lieu.

– Le recrutement, en association avec la direction, d’un personnel pour faire fonctionner le théâtre.

Mercredi 2 octobre, s’est tenue une réunion en présence du président de l’association, de deux membres du conseil d’administration, deux membres du collectif « Escapade en danger » et un représentant de la CGT Spectacle. Malgré la volonté d’une majorité des membres du conseil d’administration d’entendre les inquiétudes des artistes, le président n’a pas souhaité nous répondre.

Les choses semblent claires : il agit désormais en cavalier seul. Il fait fi des alertes lancées par d’autres membres du CA.

A ce jour, le directeur est toujours en arrêt. L’équipe présente sur les lieux est en sous-effectif.

En conséquence, nous, salarié.es du collectif l’Intruse, nous mettons en grève. Nous ne prenons pas cette décision de gaîté de coeur. Elle implique de graves conséquences sur nos métiers, à court et long terme et nous expose à plus de précarité encore, en tant que compagnie, mais aussi en tant que travailleur.euses du spectacle.

Nous prenons ce risque car nous refusons de cautionner un contexte de maltraitance institutionnelle où les salarié.es, en souffrance, sont contraintes de se mettre en arrêt, ou de sur-travailler. Nous soutenons les membres du CA qui sont en alerte et nous remercions l’équipe qui nous a accueilli en résidence cette semaine. Nous voulons continuer à créer, jouer, et diffuser des spectacles vivants sans nous sentir constamment menacé.es par les pouvoirs politiques.

Nous revendiquons un théâtre public, indépendant et populaire. Nous appelons à la mobilisation des travailleur.euses du spectacle mais aussi des structures, des programmateur.ices qui pourraient nous soutenir et nous aider à sortir victorieuse de cette lutte. Nous resterons mobilisées jusqu’à ce que nous obtenions des réponses satisfaisantes.