La scène du Vieux-Colombier est hanté par l’esprit vaudou ! La pièce de l’auteur haïtien Jean-René Lemoine explore des genres très divers : le vaudeville, le conte et la tragédie.
La vie d’une famille moyenne française est perturbée par l’annonce de la mort du fils ainé Tristan parti au Mexique, quelques heures après celle de Lady Di. A l’issue des obsèques, une mère de famille sénégalaise, Félicité Ndiogomaye Thiongane (interprété par le pensionnaire Bakary Sangaré) fait irruption dans la famille. Elle vient réclamer le corps de son fils, West, enterré à la place de Tristan. Dans cette ambiance particulièrement sombre, la famille va vivre un cauchemar. Les deux jumeaux de la famille (Pierre Niney et Françoise Gillard) vont se livrer à des ébats sexuels incestueux, sous le regard libidineux d’un prêtre pédophile (Serge Bagdassarian) tandis que la mère (Claude Mathieu un poil trop tragédienne) va sombrer dans la folie.
La mise en scène d’Eric Génovèse accompagne assez justement l’écriture sombre et décalée de Jean-René Lemoine. Le spectacle est hanté par la présence de West – étonnant Nâzim Boudjenah – méconnaissable nu et recouvert de peinture noire de la tête aux pieds. Ce fantôme vient troubler la quiétude de cette famille bourgeoise et leur bonne Fanta. Pour cette production, la Comédie-Française a fait appel à une magnifique comédienne : Nicole Dogué. Cette Fanta qui pleure la mort de Lady Di et repasse sur l’air d’ « Un jour mon prince viendra » finira par craquer et se libérer de sa condition de bonne. « Tous les nègres ont rêvé d’être blanc » dit-elle. Et tous les nègres ont rêvé d’entartrer leur patronne, ce qu’elle finira à faire avant de sombrer dans la folie, hantée elle aussi par West. Le monologue de Nicole Dogué après la pause réveille le spectacle qui est parfois beaucoup trop décousu.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – 21/03/12
Erzuli Dahomey, déesse de l’amour
de Jean-René Lemoine
mise en scène d’Éric Génovèse
Avec
Claude Mathieu,Victoire Maison
Françoise Gillard, Sissi
Serge Bagdassarian, le Père Denis
Bakary Sangaré, Félicité
Nâzim Boudjenah, West
Pierre Niney, Frantz
et
Nicole Dogué, Fanta
Djibril Pavadé, Lulu
Scénographie, Jacques Gabel
Costumes, Sylvie Martin-Hyszka
Lumière, Bertrand Couderc
Création sonore, Romain Kronenberg
Travail chorégraphique, Claire Richard
Maquillages et coiffures, Veronique Soulier-N’Guyen
Assistante à la mise en scène, Valérie Nègre
Assistante aux costumes, Magali Perrin-Toinin
Pour la première fois à la Comédie-Française Erzuli Dahomey, déesse de l’amour a été sélectionné par le bureau des lecteurs de la Comédie-Française et plébiscité lors du cycle de lectures d’auteurs contemporains en juillet 2010 au Théâtre du Vieux-Colombier.
Durée : 2h35 avec entracte
Représentations au Théâtre du Vieux-Colombier :
du 14 mars au 15 avril 2012
mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi
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