Le collectif Bilaka et le duo de musiciens Adar dévoilent le fruit de leur collaboration, une poésie dansée et chantée qui éclaire les légendes d’une communauté, entre danse traditionnelle et contemporaine.
Quatre danseurs pénètrent sur la scène plongée dans une atmosphère claire obscure. Leurs costumes sculpturaux, capuches et boules beiges aux airs d’énormes chapelets, ondulent au rythme de leurs pas fringants. À côté d’eux, deux musiciens commencent à jouer de l’alboka – un instrument à vent du Pays basque – et des percussions. iLaUNA – « Lune éphémère » en gascon et basque – est la rencontre d’artistes basques : le collectif de danse Bilaka, implanté à Bayonne, et du duo de musiciens Adar. Cette pièce invoque musiques et danses traditionnelles pour dévoiler un conte moderne.
On lit sur la feuille de salle que cette joyeuse troupe se réclame de la tradition des Gau Beltza, célébration des morts et de la fin des moissons au Pays basque. Doit-on s’attendre à une fête macabre ? Le quatuor qui occupe la scène est loin d’être morose. Il déploie un élan vital, qui tranche avec la lumière dorée aux airs de coucher de soleil, en virevoltant, tournoyant, sautant, frottant leurs pieds sur le sol, imitant peut-être un cheval. Une ode à la nature ? Si les pieds frappés avec vivacité invoquent une énergie terrienne, les bras, au fil des rotations des épaules, semblent fendre l’éther. Des images de danses traditionnelles basques apparaissent.
Comme leurs pas, leurs déplacements les rappellent : ils se font face, changent de place, dessinent des figures qui font songer au quadrille. D’abord affublés de costumes-guirlandes, ornés de balles qui virevoltent et rebondissent avec grâce, ils s’en délestent pour ne rester qu’en tenues de ville. Dans leurs gestes, il y a aussi un peu de ce balancement entraînant de la danse post-moderne de Trisha Brown.
À la frontière entre danse traditionnelle et danse contemporaine, Bilaka et Adar façonnent une esthétique singulière, où la chorégraphie ne fait qu’un avec la musique lancinante et les chants galvanisants. Pas tout à fait abstraits – sans être pour autant narratifs –, ils figurent des paysages, parfois de manière très littérale, comme la neige qui tombe sur scène. Avec poésie, iLaUNA raconte l’histoire de cette communauté, ses légendes, ses rituels. On ne se sait pas vraiment si elle existe dans le passé, le présent ou le futur. Elle déplie sa poésie dans l’obscurité, qui continue de faire frémir.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
iLaUNA
Chorégraphie Bilaka kolektiboa
Mise en scène, scénographie Bilaka kolektiboa, Adar horiekin
Avec Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart
Musique Arnaud Bibonne, Maider Martineau
Lumières Mikel Perez
Composition musicale Adar
Son Julien Marques, Oihan Delavigne
Costumes Xabier Mujika
Régie générale Oihan DelavigneProduction Collectif Bilaka Kolektiboa
Coproduction CCN Malandain Ballet Biarritz ; Centre Régional Musiques Traditionnelles en Limousin ; Espace pluriels, Pau ; CERC, Pau ; Agence culturelle Dordogne-Périgord ; UPCP-Métive, Parthenay ; Centres Culturels Municipaux de Limoges ; Opéra de Limoges ; Rocksane, SMAC, BergeracCe projet est réalisé en partenariat avec l’Agence Culturelle Départementale Dordogne-Périgord, le CRMTL, CERC, Lost in Traditions, les Nuits Atypiques, l’UPCP-Métive, Le Rocksane et BILAKA avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du dispositif Garage Résidence – station d’essence patrimoniale.
Le collectif Bilaka est conventionné par la DRAC Nouvelle-Aquitaine et est également soutenu par la Ville de Bayonne, la Région Nouvelle-Aquitaine, la Communauté d’Agglomération Pays Basque, le Département des Pyrénées-Atlantiques et l’Institut Culturel Basque.Durée : 50 minutes
Vu le 13 septembre 2024 au Festival Le Temps d’Aimer la Danse, Biarritz
Festival Harri Xuri dantzan, Louhossoa
le 15 novembreThéâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, Paris
du 8 au 12 février 2025
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