En Afghanistan, pendant la guerre contre l’Union soviétique, un vieil homme doit annoncer à son fils que tous les habitants de leur village sont morts sous un bombardement… Telle est la trame de l’ouvrage de Jérôme Combier, Terre et Cendres, donné en création mondiale à l’Opéra de Lyon en mars prochain dans le cadre de la Biennale Musique en scène.
Élève d’Emmanuel Nunes et Michael Levinas au Conservatoire de Paris, directeur artistique de l’ensemble Cairn qu’il a fondé en 1997, auteur d’une thèse sur Anton Webern, épris d’arts plastiques, Combier est l’un des jeunes compositeurs français les plus attachants de sa génération. Ouvert au monde, il a travaillé au Japon, au Kazakhstan et en Ouzbékistan avant d’être pensionnaire à la Villa Médicis en 2005, année où il a composé une remarquable partition pour grand orchestre, Gris Cendre, inspirée de Beckett et créée à Lyon fin 2006. Son sens du théâtre, sur lequel il travaille notamment avec Pierre Nouvel sur une pièce de Beckett, s’impose dans sa création, puisque, parallèlement à Terre et Cendres, il a écrit pour le Festival d’Aix-en-Provence (2011) un spectacle d’après le roman Austerlitz de Winfried Georg Sebald. C’est à l’instigation de l’Opéra de Lyon qu’il s’est attelé à Terre et Cendres, adapté du roman de l’Afghan Atiq Rahimi. « Plus qu’un opéra, prévient Combier, Terre et Cendres est une forme inventive, c’est-à-dire personnelle autant que possible, de théâtre, de musique vocale et instrumentale, se déployant selon l’alternance reconduite d’un conte récité, de dialogues brefs, de chants écrits pour un petit nombre de voix, et d’une musique quasi-orchestrale, étale et épurée dans sa qualité première, mais traversée de violents soubresauts. » Ce qui rapproche Combier du roman de Rahimi, outre son appétence pour l’Asie centrale, est le style du roman.
Une structure littéraire occidentale, mais avec une économie de moyens qui permet l’apparition fulgurante d’images, souvent violentes, parfois lyriques, comme seuls savent en concevoir les conteurs. « Je m’interroge sur l’universalité de ces drames du monde, de ces guerres, dit Combier. En quoi nous, Occidentaux dans nos vies abritées, et au nom de quelle universalité – de l’ordre d’un savoir, d’une mémoire collective à entretenir ? –, en quoi pouvons-nous nous ’’réclamer’’ de ces guerres ? Comme tout drame, me semble-t-il, elles sont si secrètement et fondamentalement liées à ceux qui les vivent. Depuis nos fenêtres, elles sont souvent incompréhensibles. » Bruno Serrou d’après dossier de presse
Terre et cendres
Opéra en 4 actes, 2012
Livret d’Atiq Rahimi, d’après Terre et Cendres, roman d’Atiq Rahimi
En français
Direction musicale
Philippe Forget
Mise en scène
Yoshi Oida
Décors
Tom Schenk
Costumes
Richard Hudson
Lumières
Christophe Chaupin
Ensemble choral et instrumental de l’Opéra de Lyon
Conteur / Mirza Qadir
Julian Negulesco (comédien)
Dastaguir
Hamid Javdan (comédien)
Yassin
Enfant de la Maîtrise
Choeur
Cécile Dibon-Lafarge (soprano)
Sarah Breton (mezzo-soprano)
Ariana Fafadir (mezzo-soprano)
Christophe Baska (contre-ténor)
Olivier Hernandez (ténor)
Philippe Bergère (baryton)
Production Opera de Lyon. Coréalisation Théâtre de la Croix-Rousse.
Dans le cadre de la biennale Musiques en scène.
Avec le soutien du Fonds de création lyrique.
Durée 1h30
Théâtre de la Croix Rousse – Lyon
mars 2012
sam 10 20H
MAR 13 20H
JEU 15 20H
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