TERF, de l’auteur et metteur en scène Joshua Kaplan, présenté au FRINGE à Edimbourg dans le festival Off, aborde les prises de position controversées de l’auteure d’Harry Potter, J.K. Rowling.
La polémique autour de J.K. Rowling a commencé en juin 2020, suite à ses propos sur Twitter jugés transphobes. Elle affirmait que les menstrues sont le propre des femmes – laissant donc aux femmes trans le soin de considérer qu’elles ne rentraient pas dans cette définition du terme, “femme”. Des propos « transphobes » qui avaient déchaîné les foudres des internautes, dont certains, des lecteurs et lectrices de Rowling, s’affirmaient déçus.
La pièce de Joshua Kaplan imagine les acteurs des adaptations au cinéma de la saga intervenant face à l’écrivaine qui soutient que le genre biologique est immuable. Les fréquents et virulents messages de l’écrivaine sur X (ex-Twitter) sur ce sujet au cœur des guerres culturelles au Royaume-Uni lui valent de se faire qualifier de « féministe radicale excluant les trans », (TERF en anglais). Pour Joshua Kaplan, TERF porte sur les droits des trans et la disparition de toute nuance sur les réseaux sociaux, plutôt que sur le fait de clouer J.K. Rowling au pilori.
« Rhétorique violente »
Soucieuse, la production a pris des mesures de précautions particulières pour anticiper la polémique. Elle a changé le titre de la pièce et de salle de spectacle. Le personnage trans de la pièce, « X », restera anonyme sur les programmes.
« Nous espérons que notre compagnie sera suffisamment solide pour faire face à toutes les absurdités à ce sujet », dit Barry Church-Woods, producteur de la pièce et co-fondateur de la société de production Civil Disobedience, « véritablement préoccupé » par la violence des échanges autour de ces questions.
J.K. Rowling vit à Edimbourg, où elle a dédicacé quelques uns des plus de 600 millions d’exemplaires de livres qu’elle a vendus à travers le monde.
La capitale écossaise accueille chaque année au mois d’août ce qui est considéré comme le plus grand festival de spectacle vivant au monde, qui draine des milliers de nouvelles pièces et une foule d’artistes. Le choix d’y présenter la pièce, qui se jouera dans le cadre du festival « off », Fringe, n’a rien à voir avec les liens de l’écrivaine avec la ville, assure le metteur en scène Joshua Kaplan.
Le débat s’est montré particulièrement vif en Ecosse autour des droits des personnes trans: le gouvernement local a fait voter en 2022 une loi pour faciliter le changement de genre, qui a finalement été bloquée par le gouvernement central à Londres.
« Dynamique familiale »
Les acteurs de la saga, qui ont incarné Harry, Hermione et Ron dans les huit films, se sont exprimé sur leurs relations difficiles avec J.K. Rowling. Daniel Radcliffe, interprète du jeune sorcier, a raconté qu’il n’avait plus le moindre contact avec l’écrivaine, et s’est dit « triste » quant à la tournure des événements.
J.K. Rowling, qui ne s’est pas exprimée publiquement au sujet de la pièce, avait suscité la polémique en décembre 2019 en exprimant son soutien à une chercheuse qui avait été congédiée pour avoir tweeté que les personnes transgenres ne peuvent pas changer de sexe biologique.
Daniel Radcliffe et Emma Watson avaient pris leurs distances avec l’écrivaine, y compris lorsque celle-ci a longuement détaillé sa position et annoncé qu’elle avait été victime d’agression sexuelle et de violences conjugales. Elle se défend de toute transphobie, et elle est devenue d’un côté une héroïne pour certaines féministes, de l’autre une cible pour des militants trans radicaux et a même reçu des menaces de mort.
La pièce elle-même est « très drôle » avec une « dynamique familiale » entre les trois comédiens et l’auteure, assure l’actrice Trelawny Kean. « Elle est entrecoupée de scènes du passé de Jo (J.K. Rowling) qui nous donnent une indication des raisons de ses opinions », ajoute la comédienne.
A l’instar des comédiens, nombre de fans d’Harry Potter ont du mal à réconcilier leur amour pour l’œuvre de l’auteure et ses positions controversées. Joshua Kaplan souhaite aborder frontalement dans cette pièce comment on peut « aimer l’art et être en désaccord avec l’artiste ».
© Agence France-Presse
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