A la fin du mois de mars, Olivier Py aura quitté le Théâtre National de l’Odéon, remplacé par Luc Bondy après un mandat de 5 ans. Mais avant de partir pour Avignon – dont il deviendra directeur du Festival en 2014 – Olivier Py remonte sur les planches pour quelques représentations seulement. Il joue « Prométhée enchainé » d’Eschyle aux Ateliers Berthier….
Depuis combien de temps, on ne vous a pas vu jouer ?
Cela fait longtemps, pratiquement cinq ans. J’ai ouvert l’Odéon avec Illusion Comique dans lequel je jouais mon propre rôle, puis je suis apparu dans un tout petit rôle dans Le soulier de satin, là c’est un vrai travail d’acteur. Jouer Prométhée c’est quelque chose.
Vous avez ouvert l’Odéon avec Eschyle et vous terminez votre mandat avec lui…
Oui on aura joué les sept pièces que j’ai traduites. Ces pièces parlent de la démocratie, et on a pu les tourner dans des lycées, des collèges, des associations. On a donné plus de 300 représentations ailleurs que dans un théâtre. C’est une aventure très belle et très émouvante.
Prométhée enchaîné est une pièce immensément politique.
Eschyle était sponsorisé par Périclès. « Cette soirée vous est offerte par la démocratie Périclés ! » C’était un démocrate. On trouve dans cette pièce la pensée politique de Prométhée qui est l’insurgé contre la tyrannie. Il est prêt à tout subir et à tout payer pour contredire la tyrannie. Et sur le plan métaphysique et philosophique on assiste à la naissance de la liberté.
Et vous faites référence dans la mise en scène aux pays arabes qui ont défendu la liberté au printemps 2011.
Ce n’était pas un calcul puisque j’ai commencé le projet il y a cinq ans. Quand j’entends dire « les peuples d’Arabie aiguise leurs couteaux »…c’est bouleversant. Comment un texte d’il y a 1500 ans parle d’aujourd’hui en des termes incontestables. Cela nous parle de l’éternité de la révolte. C’est la raison pour laquelle Prométhée ne peut pas mourir.
Est-ce que c’est pour cela que vous avez écrit un épilogue, Prométhée délivré ?
Il le fallait. Prométhée appartient à une trilogie. Après Prométhée enchaîné, vient Prométhée délivré. Eschyle n’est pas un auteur pessimiste. Il n’aura jamais fini une pièce de théâtre dans laquelle le démocrate est écrasé par le pouvoir tyrannique. Il y avait un troisième épisode dans lequel Zeus s’incline et construit avec les hommes une nouvelle alliance. Donc j’ai tenté de rendre compte ce qu’à pu être cette pièce perdue.
Le théâtre est très présent dans la scénographie avec la table du metteur en scène dans le décor. C’est parce que vous ne vouliez pas vous éloigner de votre métier ?
Le décor est dialectique. C’est un théâtre inversé. Les spectateurs voient ce que habituellement les acteurs voient quand ils sont sur scène et que la salle est vide. Il y a un metteur en scène assis à une petite table. C’est un moyen très simple de mettre en scène la cité. Et puis cela ne coûte pas très cher. Il suffit d’avoir un gradin et une table…
Ensuite vous présenterez Die Sonne du 7 au 14 mars, puis vous quitterez l’Odéon. Est-ce que c’est une belle façon de quitter votre fonction que d’interpréter ce rôle ?
Ce n’était pas calculé, je devais le faire. Si j’étais resté trois ans de plus j’aurai pu reprendre tous les Eschyle. On aurait pu jouer toutes les pièces, mais ce n’est pas grave, j’ai la vie devant moi…
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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