Arnold Schwarzenegger et Sarah Connor, les courses-poursuites et autres cyborgs indestructibles… Comment un acteur seul sur scène peut-il faire revivre toutes les images, les réflexions et les sensations du cinéma d’action ? C’est le pari osé et réussi d’Aurélien Arnaud qui prend les machines à leur propre jeu.
« Sarah Connor ? ». Cette seule question suffit pour beaucoup à faire remonter bien des images fortes à la surface de la mémoire : Arnold Schwarzenegger qui, tout en muscles, à poil, se déploie hors d’un nuage de fumée, le point rouge du viseur laser d’un fusil qui s’arrête sur le front de sa victime… Terminator constitue sans doute l’une des références cinématographiques les mieux partagées à travers les générations. Saga culte, parce qu’elle fait partie des œuvres inaugurant des visions d’un futur dystopique tel qu’il semble sur le point d’advenir aujourd’hui, elle trouve en ses deux premiers épisodes ses meilleures versions. Et cela tombe bien, puisque ce sont celles qu’Aurélien Arnaud a décidé de faire revivre par la magie du théâtre.
Son Terminator 2 Unplugged se place dans une sorte d’hypothèse à la Fahrenheit 451. Si dans le roman de Ray Bradbury porté à l’écran notamment par François Truffaut, les livres que les résistants apprennent par cœur sont interdits par le pouvoir politique, Aurélien Arnaud imagine ici un effondrement qui aurait fait disparaître les machines, pour notre plus grand bonheur. Sauf que les appareils de projection et de visionnage de films auraient également disparu, rayant par conséquent le cinéma de la carte. Pour en prolonger la mémoire, Aurélien Arnaud décide donc de faire revivre l’un de ses films préférés, Terminator 2 : Le Jugement Dernier, qu’il introduit par un plus court résumé de Terminator, tout simplement en les jouant.
Seul sur scène, sans accessoires, ni jeux de lumière, sans aucun son, ni musique, le comédien embarque les spectateurs dans une performance d’une heure et demie lui permettant de retracer l’histoire de ces deux blockbusters de James Cameron. Pour rappel, le premier épisode de Terminator narre l’histoire de ce robot d’apparence humaine, quasiment indestructible, qui revient du futur pour éliminer Sarah Connor afin qu’elle ne donne pas naissance à celui qui, dans ce futur, organisera la résistance contre les machines d’une humanité décimée par un holocauste nucléaire. Heureusement, John Connor, ce futur chef dont l’existence future pourrait être annihilée par ce Terminator, y envoie également un homme pour la protéger. Dans le second épisode, c’est rebelote. Mais, cette fois, c’est John Connor enfant qui est directement menacé et c’est un Terminator pro-humain qui vient pour les protéger, lui et sa mère. Un épisode plus drôle, tout aussi haletant, qui pose la question de la capacité des machines à accéder à des sentiments humains.
La performance d’acteur d’Aurélien Arnaud est à la fois simple et époustouflante. Loin de partir en cabrioles, il multiplie les bruitages – arc électrique, explosions, motos pétaradantes et autres détonations – qui ponctuent le récit d’un film d’action dont son texte excelle à évoquer des images, mais aussi à restituer l’humour, le rythme, le suspens, les sensations et les enjeux principaux. Pour celleux qui n’ont jamais vu ces films, le récit reste limpide et hautement suggestif ; pour les autres, il a l’effet d’une délicieuse madeleine de Proust, comme s’il nous permettait d’en réactiver la réception, dans ses multiples dimensions. Le tout dans une habile réflexion autour de la place des machines, où cinéma et théâtre, les traditionnels ennemis, forment une alliance surprenante et réussie. La cybertechnologie et l’art du conte s’unissent, l’homme et la machine se réconcilient. Dans Terminator 2, ils parvenaient même à éviter la catastrophe nucléaire qui menace l’humanité.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
Terminator 2 Unplugged
librement adapté du film Terminator 2 : Le Jugement Dernier de James Cameron
Conception et interprétation Aurélien Arnaud
Conseil à l’écriture Clément Thirion
Mise en espace Céline Porteneuve
Direction d’acteur Tom Linton
Technique vocale Julien Martin
Lumière Nicolas Masset
Dessins Aurélien ArnaudProduction déléguée Boom’Structur (Clermont-Ferrand)
Coproduction La Comète (Saint Etienne), Le Moulin de l’Étang (Billom)
Aide DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, Conseil départemental du Puy-de-Dôme, Ville de Clermont-FerrandDurée : 1h35
Festival Off d’Avignon 2024
La Manufacture
du 4 au 20 juillet (relâche les 10 et 17), à 17h05Le Diapason, Saint-Marcellin
le 11 octobre
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