Au théâtre la référence de la représentation du SIDA reste jusqu’à présent la pièce de Tony Kushner, Angels in America : A Gay Fantasia on National Themes. La pièce a été jouée et traduite dans toutes les langues, c’est devenu un opéra (monté en France par Philippe Calvario) et une mini série TV (avec Al Pacino). Il faudra désormais compter avec l’adaptation du roman de Tristan Garcia, La meilleure part des hommes – paru en 2008, par Pauline Bureau. Le roman a connu un beau succès à sa sortie. Il retrace l’histoire de l’homosexualité de ces 30 dernières années, avec ses drames et le ravage du virus dans les années 80, puis l’espoir avec le progrès des traitements qui permet de prolonger l’espérance de vie des malades, et surtout empêche le virus de se déclarer.
La pièce dresse un portrait de la multiplicité de l’état d’esprit des homosexuels. Entre ceux qui militent – Dominique Rossi (Régis Laroche), ceux qui sont insouciants – William Miller, écrivain paumé (Thibaut Corrion), ceux qui ne s’assument pas (la scène avec le salarié de l’ANPE – Jean-Michel Bardotti – est un grand moment !). C’est assez juste dans la description des personnages. Et pour compléter la galerie de portrait son croise un intellectuel juif, Jean-Michel Leibowitz (Zbigniew Horoks et sa maitresse Elisabeth, une journaliste (Marie Nicolle). On suit ainsi le destin de chaque personnage. Dominique sauve sa vie grâce à la trithérapie. William ne prend pas ses traitements et décède dans l’indifférence. L’image des obsèques est poignante.
Pauline Bureau a souhaité donner une résonnance historique à son spectacle. Elle replace les parcours des personnages dans l’Histoire contemporaine à l’aide de documents d’archives vidéo. De la chute du mur de Berlin en passant par le 21 avril 2002 et la présence de Le Pen au 2ème tour de l’élection présidentielle ou l’attentat du RER à Saint-michel le 25 juillet 1995. Ces petites pastilles s’insèrent dans un découpage très cinématographique. Les scènes sont isolées, marquées dans des espaces bien délimités (y compris en hauteur – à côté de Vincent Hulot qui joue la musique en direct). Le spectacle s’étire un peu. Les passages d’une histoire à l’autre ralentissent le tout. Certains scènes sont inutiles. Et le spectacle perd alors de son efficacité.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr – 18/03/12
La Meilleure Part des hommes
d’après le roman de Tristan Garcia (Éditions Gallimard)
adaptation et mise en scène Pauline Bureau
—avec
Yann Burlot
Nicolas Chupin
Thibaut Corrion
Zbigniew Horoks
Vincent Hulot
Régis Laroche
Marie Nicole
Anthony Roullier
Adrien de Van
dramaturgie, adaptation Benoîte Bureau
lumières Jean-Luc Chanonat
création sonore et musique live Vincent Hulot
scénographie Emmanuelle Roy
costumes Alice Touvet
vidéo Gaëlle Hausermann
Production Espace des Arts – scène nationale de Chalon-sur-Saône. Coproduction Cie La Part des Anges, Comédie de Picardie – scène conventionnée pour le développement de la création théâtrale en région, scène nationale du Petit-Quevilly – Mont-Saint-Aignan ; en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête ; avec l’aide du Centre dramatique régional de Haute-Normandie – Théâtre des deux rives (Rouen), dans le cadre d’un Laboratoire en mai 2011 ; avec les soutiens de l’Office de diffusion et d’information artistique de Normandie (Odia) et de la Mairie de Paris.
Durée: 2h15
PARVIS SAINT-JEAN, DIJON
mar 5 au sam 9 mars 2013
En semaine à 20h, le samedi 17h
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !