Points communs, nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise engage une nouvelle aventure participative autour de la jeunesse. Pendant trois ans, le metteur en scène Ahmed Madani et son équipe vont rencontrer les jeunes du Val-d’Oise. Première étape à Éragny-sur-Oise, Ahmed Madani a collecté le récit de jeunes de la Maison de quartier, qu’ils vont restituer au plateau. Le spectacle fait partie du temps fort Génération(s), initié par Fériel Bakouri, la directrice de la Scène nationale.
Quel bilan tirez-vous de ces temps forts Génération(s) ?
Ils étaient d’abord dédiés aux jeunes adultes. Mon envie en arrivant à la direction de la Scène nationale, il y a presque sept ans, était que l’on puisse s’adresser à eux sans forcément passer par le biais du scolaire. Il a fallu les conquérir par des spectacles qui leur faisaient envie et qu’ils ne connaissaient pas, et en partant de leurs propres intérêts et de leurs propres pratiques. Aujourd’hui, on a 53 % de public jeune, et une grande proportion vient de façon individuelle. Ce qui est toujours un peu un défi.
Comment vous avez pensé à Ahmed Madani pour le projet ?
Ce projet singulier Nous sommes vous est venu d’un partenaire extérieur, de la Préfecture du Val d’Oise, et de son Préfet à l’Égalité des chances, il y a quelques années. Il est venu me voir à propos des rixes dans le Val d’Oise, qui comme dans d’autres départements, concernaient des enfants de plus en plus jeunes. Il m’a demandé si j’avais une idée, car il avait entendu parler d’ateliers théâtre qui permettaient des situations de réflexion et de décalage sur la question de la violence. Cette demande m’a fait un plaisir immense, car on dit souvent que, nous les acteurs culturels, nous sommes parfois un peu hors-sol, et dans l’entre soi. Je suis entré en contact avec un certain nombre de metteurs en scène et de metteuse en scène et j’ai choisi Ahmed car il avait naturellement cet intérêt pour les jeunes adolescents. Et j’ai été séduite par sa proposition d’interroger les jeunes sur la violence qu’ils rencontrent au quotidien.
Comment avez-vous trouvé ces jeunes ?
On a rencontré un certain nombre d’interlocuteurs du Val d’Oise, et notamment les Maisons de quartier, qui nous ont dit qu’elles travaillaient avec des jeunes qui ne sont pas en situation de rixes, mais qui ont très envie de faire des projets, du théâtre, de la danse. On a donc débuté avec la Maison de Quartier de la Challe à Éragny-sur-Oise, et il y en aura d’autres lors des prochaines saisons. Et leurs parents ont été conquis au fur et à mesure.
Pourtant, parler de la violence est un sujet délicat !
La question des jeunes, on la travaille, sous tous les angles. Qu’est ce qu’ils nous apportent ? Quels sont leurs problèmes ? Qu’attendent-ils de nous ? Voilà la façon dont on la travaille. Là, il ne s’agit pas de dire que tous les jeunes sont violents, il suffit de voir le nombre de féminicides dans le monde adulte, il s’agit de savoir comment cette violence est ressentie par la jeunesse. On va donc parler de leur rapport à la famille, de leur rapport à l’école, et de toute une série de choses intimes qui pourraient se reproduire d’ailleurs dans d’autres ambiances et dans d’autres milieux sociaux.
Diriez-vous que vous êtes au coeur de votre mission ?
Il y a vraiment plusieurs rôles dans la culture. C’est riche de sens. Ici à la Scène nationale, le taux de remplissage est de 90%. Les spectateurs, quand ils entendent parler d’une baisse de financement dans la culture, viennent me voir pour me demander s’il y aura moins de spectacles tellement ils sont actifs ! Et 12 % de notre public vient de publics qui n’ont pas forcément accès à la culture, parce qu’ils sont fragiles ou très éloignés géographiquement, ou en situation de handicap. Et dans nos quartiers, on ne pense pas forcément à la culture. Notre rôle est donc immense. Et les projets inclusifs mettent les habitants au cœur du processus participatif. Ce sont souvent de grandes aventures extraordinaires. C’est ce qu’ils nous disent. Ils ne s’imaginaient pas que le spectacle vivant puisse leur permettre d’exprimer leur propre parole.
Si tu me cherches tu me trouves
Texte et mise en scène : Ahmed Madani
Assistant à la mise en scène : Aboubacar Camara
Création vidéo : Nicolas Clauss
Création son : Christophe Séchet
Création lumière : Damien Klein
Interprètes : Sikou, Fatima, Sami, Davon, Issa, Elissa, Soukhaina, Cheick-oumar, Yacine & Dramane26 & 27 avril 2024
Points communs scène nationale de Cergy Pontoise – Théâtre 95, Cergy
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