Ushio Amagatsu, danseur et chorégraphe, figure clé de la danse butô, est décédé le 25 mars d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 74 ans. En France, le Théâtre de la Ville a coproduit et présenté nombre de ses spectacles depuis les années 80. A l’Opéra de Lyon, il avait mis en scène deux créations du compositeur Péter Eötvös, décédé le 24 mars.
Sankai Juku a été formé en 1975 par Ushio Amagatsu qui fait partie de la deuxième génération de danseurs butô ; Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno en étant les pères fondateurs.
Le butô est une forme qui transcende les réactions de la génération « post-Hiroshima » au Japon et qui jette les bases d’une approche radicale de la danse contemporaine japonaise à partir de la fin des années 1950. Avant cela, Amagatsu avait suivi une formation en danse classique et moderne à Tokyo et avait aussi approché les danses traditionnelles japonaises.
En 1975, il entame une série de longs stages sur plusieurs mois pour former sa propre compagnie. Des 30 garçons et filles du début il ne restera à la fin que 3 hommes. Sankai Juku sera donc masculin ! Son nom signifie littéralement « l’atelier de la montagne et de la mer » par référence à ces deux éléments déterminants de la topologie du Japon. Sankai Juku, compagnie totalement indépendante, commence alors ses représentations au Japon dans des salles de spectacle louées. La première production d’importance de Sankai Juku fut Kinkan Shonen en 1978. Elle révéla la direction artistique d’Amagatsu qui donna du butô une image plus claire, plus transparente, plus cosmogonique. La force de chaque expression, de chaque mouvement, de chaque élan, ramène toujours aux origines du monde pour offrir une appréhension passionnée de la vie et de la mort.
En 1980, Sankai Juku est invité pour la première fois en Europe. De cette première rencontre physique avec des cultures étrangères, Amagatsu développe sa théorie d’un équilibre entre les cultures « ethniques » dont la sienne, japonaise, avec une forme de recherche d’universalité.
Pour Amagatsu, le butô n’est pas simplement une technique formelle ou un style académique, mais il tend à articuler le langage du corps afin de trouver, au plus profond des êtres, un sens commun, une universalité humaniste, quitte à recourir parfois à la cruauté ou à la brutalité.
Sa recherche personnelle est basée sur un Dialogue avec la gravité, titre de son ouvrage paru en 2001. Le danseur utilise la pesanteur non pas comme un adversaire mais comme un allié dans son mouvement.
Sankai Juku, dont tous les membres vivent au Japon, y prépare ses nouvelles œuvres (dont les premières mondiales ont lieu en France au Théâtre de la Ville-Paris et pour UMUSUNA en 2012 à l’Opéra de Lyon/Biennale de la danse). La compagnie a déjà parcouru 48 pays et plus de 700 villes de par le monde.
Hors Sankai Juku, Amagatsu a créé 2 pièces pour danseuses et danseurs occidentaux aux USA et à Tokyo. Il a aussi chorégraphié la danseuse indienne Shantala Shivalingappa. Il a mis en scène Barbe Bleue de Béla Bartók au Japon et les créations mondiales des opéras Trois Sœurs et Lady Sarashina de Péter Eötvös à l’Opéra de Lyon.
Après avoir présenté Kinkan Shonen (Graine de cumquat) en 1982, 1986, 1993 et Jomon Sho en 1982, 1984, le Théâtre de la Ville a coproduit et présenté toutes les autres pièces de Sankai Juku en création mondiale, de Netsu no Katachi (Forme de chaleur) en 1984 à MEGURI (Éxubérance marine, tranquillité terrestre) en 2016.
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