Pour sa quatrième création, la compagnie Minibox s’adresse aux tout-petits. Mais quoique porté par un riche univers musical, Boréale, la naissance des aurores laisse un sentiment mitigé, celui d’une proposition étouffée par la vidéo.
La littérature jeunesse constitue un terreau fertile pour le théâtre jeune public, qui y trouve là de foisonnantes sources d’inspiration. C’est le cas de la compagnie Minibox, qui, après s’être notamment inspiré du roman Underground Railroad de Colson Whitehead (pour Parallel Lines) et des films d’animation de la cinéaste coréenne Mi-Young Baek (pour Où es-tu Lune ?), se saisit en toute liberté de l’ouvrage jeunesse de Thierry Guenez La Naissance des aurores (illustré par Ita Duclair). Défini par l’équipe elle-même comme un « théâtre immersif et musical », Boréale s’intéresse à la fascination et au mystère que constituent ces phénomènes lumineux atmosphériques. Et imagine le parcours initiatique dans lequel se lance un petit chien et une oursonne pour percer le secret de l’origine de ces phénomènes.
Sur un plateau occupé de plusieurs parois blanches et de voiles transparents situés à l’avant-scène (autant d’éléments sur lesquels seront projetées diverses images, vidéos et lumières), les deux interprètes Shantal Dayan et Benjamin Coursier – comédienne et chanteuse pour elle, musicien pour lui – vont autant porter le récit qu’incarner les personnages de ce conte. Se faisant régulièrement narratrice, devenant le petit chien ou d’autres animaux croisés lors de l’expédition des deux compères pour élucider la question qui les anime, Shantal Dayan nous guide à travers cette épopée vers le grand nord.
Le spectacle, ponctué de nombreuses chansons retranscrivant les étapes du voyage, convoque volontiers le théâtre d’ombres mais, surtout, nombre de projections vidéos. Destinées à illustrer la pérégrination des deux amis et à rendre compte des différents territoires traversés, comme des animaux rencontrés sur la route, ces projections se déploient autant sur les voiles masquant l’accès la scène, que sur les parois blanches situées sur le plateau. Ce choix ingénieux en ce qu’il permet de travailler la perspective, se révèle néanmoins rapidement un brin paresseux. Si ces images animées colorées et mouvantes captent évidemment aisément l’attention du jeune public, elles tendent à écraser le récit et la trajectoire des personnages.
Les multiples animaux rencontrés sur la route, chouette, corbeau, et jusqu’à la baleine – marquant l’arrivée à destination – sont souvent assez sommairement représentés et leur présence manque, justement, de présence. Comme si en se réfugiant derrière l’utilisation à outrance d’images et de vidéos, loin de nous immerger, l’équipe en venait à saturer l’espace de façon répétitive et littérale. L’imaginaire et la poésie potentiels se retrouvent comme garrottés par ce choix un brin simpliste et illustratif, et même la présence des deux interprètes au plateau peine à donner plus d’ampleur à ce conte aux accents philosophiques. On en arrive à suivre alors que de façon lointaine l’aventure des deux compères ; la disparition de l’un d’eux ; les réflexions sur la mort, l’amitié comme sur les bouleversements climatiques émaillant cette histoire. Reste la découverte d’un riche univers musical, apte à embrasser les références et les styles les plus variés.
caroline châtelet – www.sceneweb.fr
Boréale, la naissance des aurores
Esthétique, composition musicale et chansons et jeu : Shantal Dayan, Benjamin Coursier / Textes : François Chaffin / Images, Films animés : Mi-Young Baek, Tommy Dimanov / Voix narration : Sandrine Vicente et deux voix d’enfants / Création Lumière : Fred Moreau / Illustrations : Ita Duclair Conception et programmation design sonore : Benjamin Coursier / Conception et montage des projections vidéo, communication graphique : Shantal Dayan / Régie Lumière en tournée : Fred Moreau ou Manu Robert / Régie son en résidence : Yohann Progler / Scénographie et costumes : Cie MINIBOX / Conception communication vidéo : Fle0 Visual / Production studio, enregistrement : Studio CAVERNE Nicco Sacco / Accompagnement Innovant et technologie : MDE Essonne, FABLAB / Administration : Justine Jakubowska / Chargée de diffusion et production, peintures : Corinne Foucouin.Production : Cie MINIBOX / En partenariat avec le centre culturel PAUL B de Massy 91, le Rack’am de Brétigny-sur-Orge, la Médiathèque départementale de l’Essonne – Fablab de Chamarande / Avec le soutien de la DRAC Ile de France – Aide au projet Musique 2023, du Conseil Général du département de l’Essonne, la ville de Marcoussis, le Rack’am de brétigny-sur-Orge, le Silo de Mereville, le Théâtre Gérard Philipe de Bonneuil-sur-Marne, la ville de Sucy-en-Brie, Créteil – Maison des Arts, le SEL de Sèvres. Avec le soutien de la ville de Dreux.
durée 45 minutes
Théâtre Gérard Philipe Bonneuil
du 6 au 8 mars 2024MAC Maison des Arts – scène nationale
du 30 avril au 3 mai 2024
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !