Le 21 décembre 2023, Agnès Limbos n’a pas pu jouer son spectacle Il n’y a rien dans ma vie qui montre que je suis moche intérieurement à l’ABC à Dijon. Elle en a été interdite par le Préfet de Côte-d’Or pour la deuxième fois à cause de la participation de sept petites filles âgées de 9 à 12 ans au plateau. Dans un courrier adressé au début de l’année au Préfet, l’Observatoire de la liberté de création, partenaire de la Ligue des droits de l’homme,* estime qu’il a « commis une voie de fait« , et lui demande de recevoir Agnès Limbos.
Franck Robine, le Préfet de Côte-d’Or a estimé pour se justifier (sans avoir vu la pièce) que sa « trame (…) particulièrement mortifère » contient « une atmosphère particulièrement sinistre« . Il a donc empéché en décembre dernier, comme il l’avait fait en novembre 2022 d’interdir la représentation alors que la pièce a été vue depuis sa création en septembre 2021, dans vingt villes de sept pays (France, Belgique, Suisse, Allemagne, Luxembourg, République Tchèque, Canada), sans que la participation de sept petites filles n’ait jamais posé le moindre problème. Dans chacune des villes de la tournée, Agnès Limbos, recrute des enfants en amont, les familles disposent de la vidéo du spectacle pour se faire une idée.
L’Observatoire de la liberté explique dans son courrier que « le propos du spectacle est de dénoncer les féminicides et les violences sexuelles – (…) une des grandes causes du quinquennat. La commission s’est émue d’un « scénario ponctué d’interjections violentes », d’une scène de viol et de plusieurs scènes de meurtre. Mais quiconque a vu le spectacle sait que ces objections sont sans fondement, car la violence n’est jamais directe, elle est toujours suggérée. »
« S’il faut à tout prix empêcher des enfants de 9 à 12 ans parce que « la trame de la pièce est particulièrement mortifère » et que « l’atmosphère est sinistre » » poursuit l’Observatoire, « alors il est urgent d’interdire les contes de Perrault, Grimm et Andersen, ainsi que la plus grande partie de l’œuvre de Walt Disney, à commencer par Bambi, et toute la littérature et le cinéma d’apprentissage qui, en présentant des histoires souvent horrifiques, permettent aux enfants de grandir en étant capables d’appréhender le monde. »
Les signataires du courrier estiment que le Préfet a « abusé du recours à la protection de l’enfance pour priver les spectateurs dijonnais d’un spectacle que tant d’autres spectateurs ont vu, et pour empêcher des enfants d’y participer, ce que près de cent cinquante ont déjà fait. » Ils estiment que le Préfet a « commis une voie de fait » dont il se rend responsable juridiquement et politiquement et lui demandent de recevoir Agnès Limbos afin qu’elle puisse enfin se produire à Dijon.
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*Liste des membres de l’Observatoire de la liberté de création signataires
Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid) ; Association des cinéastes documentaristes
(Addoc) ; Section française de l’Association internationale des critiques d’art (Aica France) ; Fédération des lieux
de musiques actuelles (Fedelima) ; Fédération nationale des arts de la rue ; Ligue des droits de l’Homme (LDH) ;
Ligue de l’enseignement ; Les Forces musicales ; Scénaristes de Cinéma Associés (SCA) ; Syndicat national des
artistes plasticiens (Snap-CGT) ; Syndicat national des scènes publiques (SNSP) ; Syndicat national des entreprises
artistiques et culturelles (Syndeac) ; Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF).
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