Le Chinois est lubrique et a les muqueuses couleur carmin. La Négresse pourtant admirable de forme a le cerveau gourd et stagnant et les seins tombants au premier enfant. L’Arabe est fourbe, sodomite et… nyctalope. L’indigène a une vie essentiellement végétative et instinctive et c’est une sécrétion fournie par le foie qui noircit la peau de l’Ethiopien… Le florilège réuni par Lotfi Achour est tout simplement monstrueusement effrayant.
Un conférencier es-exotisme lit des extraits du livret distribué aux militaires français partant aux colonies (1927) et quelques citations empruntées à Montesquieu et Tocqueville, Lamartine et Maupassant, Flaubert, Gide et Conrad, tandis qu’un contradicteur vient esquisser une réponse en citant, parmi d’autres, Achille Mbembe ou Aimé Césaire… Regard de l’Occident sur l’Autre, barbare et lointain, galerie du fantasme et du cliché, xénophobie tranquille, racisme estampillé scientifique ou labellisé par les grands esprits, repris sans nuance par les meilleurs écrivains…
“La Comédie indigène” serait une farce grotesque s’il ne s’agissait que d’un délire paranoïaque de quelques-uns, si elle n’était une tragédie et si l’on était bien sûr qu’elle appartient à une autre époque. Mais la bêtise est sans âge et de telles affirmations ont laissé des traces et bien des effets collatéraux…
La Comédie indigène
conception et mise en scène Lotfi Achour
avec Thierry Blanc, Marcel Mankita, Ydire Saïdi, Lê Duy Xuân (chant)
collaboration artistique Natacha de Pontcharra
assistante à la mise en scène Olfa Ben Achour
scénographie Lotfi Achour, Eric Proust
costumes Geneviève Goffinet
lumière Manuel Bernard
installation vidéo Frédéric de Pontcharra
musique Clément Janinet
son Alain LafuenteDurée : 1h20
17 Janvier Au 28 Janvier 2012
A 20h, 16h le samedi
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