«Il y a longtemps, enfant, de ma fenêtre, je contemplais pour seul paysage, un terrain vague. Dans une ville en construction, cet espace à la marge ou dans l’attente, encadré par ma fenêtre, se révélait comme une image à la fois rude et banale. À l’intérieur, ce lieu résiduel je le regardais comme un écran, une surface en deux dimensions dont je redessinais les contours innocemment. Captif, j’avais besoin de transformer cet horizon particulier, de le colorer et de lui inventer d’autres perspectives.
Mais très vite, le format de la feuille de papier qui me servait de support à mes dessins paysagers ne suffit plus à contenir l’amplitude des gestes de ma main, ça débordait.
Il fallait sortir de soi et répondre à l’appel du dehors, éprouver la réalité des lieux, son relief accidenté, sa végétation hirsute et envahissante. Je découvrais que je n’étais pas seul. Cet espace en apparence oublié était parfois habité et très souvent traversé. C’était une parenthèse
spatiale dans laquelle les gens avaient pris l’habitude de déposer des objets, des résidus, des secrets. Le terrain vague devint mon terrain de jeux, où je redessinais l’espace de mes courses, tours et virevoltes. C’est dans cette friche, ce théâtre précaire, qu’est né mon désir physique de
la danse. Car ce qui était encore possible là, c’était de sublimer l’espace par mes gesticulations poétiques.
Aujourd’hui, à presque cinquante ans après avoir labouré de nombreux territoires imaginaires pour la danse, je désire m’inventer un solo Un terrain encore vague.
Une nouvelle géographie à traverser, rythmée par des sculptures de Richard Deacon, pour y déposer d’autres traces, d’autres danses, d’autres secrets. Un nouveau dessin.» – Hervé Robbe «Il y a longtemps, enfant, de ma fenêtre, je contemplais pour seul paysage, un terrain vague. Dans une ville en construction, cet espace à la marge ou dans l’attente, encadré par ma fenêtre, se révélait comme une image à la fois rude et banale.
À l’intérieur, ce lieu résiduel je le regardais comme un écran, une surface en deux dimensions dont je redessinais les contours innocemment. Captif, j’avais besoin de transformer cet horizon particulier, de le colorer et de lui inventer d’autres perspectives. Mais très vite, le format de la feuille de papier qui me servait de support à mes dessins paysagers ne suffit plus à contenir l’amplitude des gestes de ma main, ça débordait.
Il fallait sortir de soi et répondre à l’appel du dehors, éprouver la réalité des lieux, son relief accidenté, sa végétation hirsute et envahissante. Je découvrais que je n’étais pas seul. Cet espace en apparence oublié était parfois habité et très souvent traversé. C’était une parenthèse spatiale dans laquelle les gens avaient pris l’habitude de déposer des objets, des résidus, des secrets. Le terrain vague devint mon terrain de jeux, où je redessinais l’espace de mes courses, tours et virevoltes. C’est dans cette friche, ce théâtre précaire, qu’est né mon désir physique de la danse. Car ce qui était encore possible là, c’était de sublimer l’espace par mes gesticulations poétiques. Aujourd’hui, à presque cinquante ans après avoir labouré de nombreux territoires imaginaires pour la danse, je désire m’inventer un solo, Un terrain encore vague.
Une nouvelle géographie à traverser, rythmée par des sculptures de Richard Deacon, pour y déposer d’autres traces, d’autres danses, d’autres secrets. Un nouveau dessin.» Note d’intention de Hervé Robbe
Hervé Robbe
Un terrain encore vague
Conception, chorégraphie et interprétation
Hervé Robbe
Sculptures
Richard Deacon
Assistante à la chorégraphie
Johana Lemarchand
Lumière
François Maillot
Musique
Romain Kronenberg
Production Centre Chorégraphique National du Havre Haute-Normandie
Durée 40 minutes
Le 9 décembre 2011 – Itinéraire dansé – CDC Le Cuvier Artigues à Bordeaux
Théâtre National de Chaillot Studio – Du 31 janvier au 3 février 2012 à 19h30
Le 26 avril au Théâtre – Angers
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !