Le théâtre Les Déchargeurs ne rouvrira pas à la fin de l’été. Son directeur Adrien Grassard va déposer auprès du tribunal de commerce une déclaration de cessation de paiements. Acheté fin 2020, en pleine crise du Covid-19, « le public n’a malheureusement pas été au rendez-vous » explique l’auteur et comédien, qui jette l’éponge. Une fermeture annoncée en plein été et qui laisse un goût amer à l’équipe d’un théâtre fondé dans les années 70 par Vicky Messica. Les compagnies programmées en appellent aux pouvoirs publics et organisent le vendredi 1er septembre, à 18h un rassemblement de soutien devant le 3 rue des Déchargeurs à Paris.
Lorsque nous l’interrogions en mars 2021, Adrien Grassard nous expliquait qu’il allait avancer avec « humilité », et qu’il allait « trouver des astuces » sur le plan économique. Aujourd’hui il explique ne plus pouvoir face face à la crise du secteur théâtral : « Notre trésorerie est actuellement mise à mal, fonctionnant à flux tendu et ce malgré d’importants apports en compte courant de l’un de nos associés de référence qui a dépensé sans compter, croyant fermement à notre projet. » L’équipe de sept salarié.e.s a été mise au courant de la situation le 4 juillet lors d’une réunion à sa demande. « Nous avons été soumis·es au silence d’une négociation qui se jouait depuis le mois d’avril entre la société Holfim et la gérance du théâtre (sans aboutissement à ce jour) » explique-t-elle dans un communiqué. « Pendant deux années (et neuf mois de construction minutieuse du projet) nous avons tout mis en œuvre avec patience et confiance pour exaucer le vœu d’un jeune comédien de faire vivre un lieu de création, de rencontre et de diffusion artistique. Nous avons, pour beaucoup, accepté d’effectuer de nombreuses tâches qui dépassaient les missions de nos fiches de poste, pour des salaires modestes. » De son coté, Adien Grassard se défend : « Nous ne pouvions laisser dire que tout notre possible n’a pas été fait aux fins de sauver le théatre. Il est vrai que reprendre un théâtre en pleine période de COVID n’a pas été le meilleur timing pour ce faire mais nous croyions fermement en notre projet. »
Adrien Grassard a acheté les Déchargeurs fin 2020, à la société La Reine Blanche, dirigée par Elisabeth Bouchaud, qui en avait fait l’acquistion en 2018. Le théâtre a été fondé par Vicky Messica à la fin des années 70 dans un bâtiment à l’abandon à Paris entre la rue de Rivoli et le quartier des Halles, au 3 de la rue des Déchargeurs. A sa mort en 1988, sa femme, Lee Fou Messica continue à diriger le lieu avec Ludovic Michel. En 2018, Lee Fou Messica prend la direction de l’Espace Bernard-Marie Koltès / Théâtre du Saulcy, scène conventionnée de l’Université de Lorraine à Metz. La société Les Déchargeurs / Le Pôle intègre la société La Reine blanche. La crise de la Covid-19 donne un coup arrêt à cette alliance. La fréquentation est au plus bas et Elisabeth Bouchaud qui n’a plus les moyens financiers pour faire fonctionner son théâtre dans le 20e arrondissement et les Déchargeurs, décide de vendre.
L’équipe de salariés estime que « l’économie fragile du secteur théâtral sert aujourd’hui de prétexte à la direction pour cesser l’activité, jugée non rentable après seulement deux ans d’ouverture au public, sans avoir au préalable essayé de redresser la situation financière et économique du théâtre, et en dépit de l’augmentation encourageante des recettes de billetterie et du taux de remplissage des salles. »
La fermeture est aussi un coup dur pour toutes les compagnies qui devaient s’y produire cette saison. Elles ont été mise en courant au début du mois d’aout par un courriel de la direction. « Il est insupportable d’imaginer que ce lieu historique de création et d’émulation artistique puisse disparaître » expliquent les compagnies qui demandent dans une pétition que « la programmation de la saison 2023-2024 à laquelle la direction du théâtre s’est engagée se déroule comme prévu. Au-delà de nos situations, nous appelons les pouvoirs publics à défendre l’existence et la pérennité du théâtre des Déchargeurs, afin qu’il conserve sa vocation de lieu de création théâtrale et musicale. » Les compagnies, salarié.e.s, spectateu.rice.s, professionnel.le.s de la culture, appellent à un rassemblement de soutien le vendredi 1er septembre, à 18h, devant le 3 rue des Déchargeurs à Paris dans le but d’interpeller les médias, les politiques et toutes instances culturelles.
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