Avec la mort en 2011 de Ben Laden, l’Amérique semble avoir refermé les plaies du 11 septembre. La pièce de Falk Richter, « Hôtel Palestine », permet de prendre un peu de recul et nous fait traverser dix ans de notre histoire contemporaine. Le dramaturge allemand qui aime écrire sur des thématiques d’actualité comme la mondialisation ou le poids de la finance dans la société s’est appuyé sur des faits connus de tous. Le metteur-en-scène Jean-Claude Fall renforce le côté documenté de la pièce en incluant un grand nombre d’images d’archives. Sur le mur de fond de scène – surmonté de fils barbelés qui rappelle les prisons de Guantanamo ou d’Abou Grahib – sont projetés des films. On y voit bien sûr les avions percuter les World Trade Center, de multiples discours de Georges Bush, l’exécution de Saddam Hussein ou encore la puritaine Sarah Paulin – candidate républicaine du Tea Party. Au milieu de cet amas d’images collectées et bien montées par Laurent Rojol viennent se confronter les acteurs. Ils jouent le plus souvent des extraits de conférence de presse à la Maison Blanche ou au Pentagone. Les réponses des portes paroles sont édifiantes. « Tu as le droit de poser ta question, mais je ne vois pas en quoi elle est pertinente », « Nous torturons les gens pour des bonnes causes », « Restructurer tous les peuples ce serait l’idéal, il faut juste reconquérir leurs cœurs », « La foi renverse les montagnes, nous allons changer le monde ».
Falk Richter brocarde ainsi l’Amérique puritaine, une Amérique anti-européenne – « Nous avons des visions d’avenir, pas des angoisses » – et épingle la médiatisation à outrance qui aime jouer sur la corde sensible. Ainsi cet extrait de l’émission X Factor dans laquelle un jeune orphelin irakien de 17 ans, sans bras, vient arracher les larmes du jury en chantant « Imagine » de John Lennon. Edifiant. Sans être géniale, on a connu Falk Richter plus inspiré et plus profond, cette relecture des dix dernières années d’actualité a le mérite de nous rafraichir les esprits. La mise en scène efficace de Jean-Claude Fall, sans être révolutionnaire, repose sur une troupe de comédiens solides.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Hötel Palestine de Falk Richter
mise en scène Jean-Claude Fall
avec
Marc Baylet-Delperier, Bob
Christelle Glize, Jodie
Patty Hannock, Lynn
Philippe Hérisson, Andy
Vincent Leenhardt, Ron
Céline Massol, Criss
scénographie Gérard Didier
vidéo Laurent Rojol
son Eric Guenou
costumes Marie Delphin et Gérard Didier
lumières Martine André et Jean-Claude Fall
assistant Samuel Carneiro
directeur technique Jean-Marie Deboffe
production LA MANUFACTURE Cie Jean-Claude FALL, Théâtre des 13 vents,
Théâtre des Quartiers d’Ivry
producteur délégué LA MANUFACTURE Cie Jean-Claude FALL
LA MANUFACTURE Cie Jean-Claude FALL est subventionnée par le Ministère de la culture et de la communication (DRAC Languedoc-Roussillon) et par la Région Languedoc-Roussillon.
Durée : 1h20
Avignon Off 2012
Du 7 au 28 juillet 2012
16h20, relâche le lundi
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