Le pièce de Rodrigo Garcia a tellement déchainé les passions depuis plusieurs semaines, qu’il était temps de la voir pour enfin juger du caractère blasphématoire de cette œuvre, brocardée par les milieux fondamentalistes catholiques. Comme dans tous ses spectacles, Rodrigo Garcia, passe à la moulinette notre société. Après avoir critiqué la société de consommation, à travers Mac Donald ou IKEA, c’est au tour du monde catholique. Et effectivement il est fortement déconseillé aux grenouilles de bénitier de voir cette pièce. Sinon elle risquent de tomber en syncope. Golgota picnic est un performance théâtrale qui utilise tous les ressorts du spectacle vivant pour se moquer de la religion. Et c’est bon de participer à cette liberté contre l’arbitraire de tous les pouvoirs qui voudraient museler les artistes.
Cette lecture très personnelle de la Bible par Rodrigo Garcia recèle quelques moments assez drôles et d’autres plus pénibles. L’action se déroule sur un plateau jonché de pains burgers (ça sent bon et c’est appétissant !). Les comédiens piqueniquent dans leur coin. Certains sont couverts de légumes, oignons, salades, carotte. Un comédien les bras en croix est cloué au sol. On commente des tableaux de grands maitres de la peinture – notamment un tableau de Rubens – dans lequel le chien en bas à gauche intrigue les personnages – « le seul qui n’a trahi personne ». Puis le discours se fait politique et c’est la partie la plus intéressante de la pièce. « Dieu a dit les noirs danseront le funk, pendant que les blancs feront des affaires », « Il fut le premier démagogue : il multiplia les pains ! », « Il fut le messie du SIDA. Tout tyran mérite un châtiment ».
Et puis comme souvent avec le metteur en scène argentin, les images viennent parasiter le texte. L’utilisation de la vidéo permet de faire des gros plans sur des asticots se délectant d’un hamburger ou sur la bouche d’un comédien mangeant, puis recrachant son big mac, avant de se curer les dents (beurk !). Mais c’est tout de même assez drôle. Les comédiens dansent le rock en labourant le sol, s’enduisent de peinture et d’huile. Et pour conclure Marino Formenti, pianiste, vient jouer, nu, l’oratorio de Joseph Haydn : Les sept dernières paroles du Christ. Une demi-heure de musique pour achever le spectacle. « Je l’ai mise à la fin après avoir essayer des tas de combinaisons, explique Rodrigo Garcia. (…) Le public peut se remémorer des moments de la pièce… » Ou s’ennuyer, c’est selon.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Golgota picnic
une création de Rodrigo García
piano Marino Formenti
musique de Joseph Haydn
Les Sept Dernières Paroles du Christ sur la croix
avec Gonzalo Cunill
Núria Lloansi
Juan Loriente
Juan Navarro
Jean-Benoît Ugeux
traduction Christilla Vasserot
assistant à la mise en scène John Romão
régie technique Roberto Cafaggini
lumières Carlos Marquerie
son Marc Romagosa
vidéo Ramón Diago
bande-son des vidéos Daniel Romero
costumes Belén Montoliú
production Centro Dramático Nacional / Madrid, production déléguée Théâtre Garonne /
Toulouse, coproduction Festival d’Automne à Paris
spectacle en espagnol surtitré en français
durée : 2h10
8 – 17 décembre, 20h30
dimanche, 15h – relâche lundi 12 décembre
21 – 22 septembre 2011 Rotterdamse Schouwburg (Pays-Bas)
30 septembre – 2 octobre 2011 Steirischer Herbst / Gratz (Autriche)
Un journal comme » Le Parisien « , ni Front National, ni intégriste, estime que la pièce est médiocre et prétentieuse.
Il ne suffit pas de provoquer. Le talent n’est pas superflu.