Jeune pousse prometteuse de la danse contemporaine, Leïla Ka fait sonner une danse qui mêle déstructuration et fluidité, avec une théâtralité poignante. Ses trois premières pièces, Pode Ser, C’est quoi qu’on adore et Se faire la belle, jouées au festival Suresnes Cités Danse, sont l’occasion de découvrir son écriture captivante.
Coupe courte blond platine, bouille d’ange, regard bleu perçant, du haut de ses 31 ans, Leïla Ka apparaît plutôt réservée. Pourtant, sur scène c’est une toute autre affaire. Le regard franc, elle fait exploser une danse captivante. Y jaillissent des énergies contradictoires, des gestes à la fois saccadés et fluides, où se mêlent sensualité intense et détermination martiale. Un style expressif ,sûrement nourri par ses cours de théâtre d’impro et son passage par la house danse lorsqu’elle était ado.
Grâce au programme Talent Adami Danse en 2016, la jeune nazairienne faisait une entrée fracassante dans la sphère danse contemporaine comme interprète pour la reprise de May B de Maguy Marin. Dans cette pièce emblématique à la théâtralité poignante, elle endosse le rôle de “la grosse”, un tournant dans sa carrière de la jeune femme : « Je me suis sentie autorisée à essayer de nouvelles choses parce que Maguy avait posé ses yeux sur moi », nous confiait-t-elle en 2021. Elle planche alors sur un solo à partir d’un personnage et d’un costume (devenu son processus créatif habituel) : une robe rose pâle, un jogging et une paire de baskets. De ces heures en studio émerge Pode Ser, une première pièce poignante, où elle fait vibrer l’ambivalence d’un personnage en quête d’affirmation de soi, à travers une danse très personnelle, oscillant entre masculinité et féminité, vulnérabilité et force. Elle continue de tirer le fil de l’émancipation avec C’est quoi qu’on adore (2020), un duo qui met en scène la course de folles de deux personnages dans l’adversité, avant de réinvestir la scène pour un dernier solo Se faire la belle (2022), où elle se déchaîne jusqu’à incarner la folie et l’extase sur de la musique électro à pleine balle. En 2022, elle remporte le 1er prix de la 7e édition de Danse élargie.
En s’affirmant grâce à sa danse à la fois désarticulée et liée Leïla Ka s’est fait une belle place sur les scènes parisiennes et françaises. Pourtant, son humilité ne la quitte pas, toujours surprise que ses créations qu’elle nomme « ses petits trucs qu’elle faisait dans son coin » prennent tant d’ampleur : « Cette reconnaissance m’a donné confiance, mais les doutes reviennent vite », avoue-t-elle. À Suresnes Cité danse, ces trois premières pièces sont présentées comme un triptyque, qui nous fait traverser une même quête de liberté, esquissant des destins de femmes en lutte. L’occasion de découvrir la patte de cette jeune pousse de la danse, en attendant sa création Bouffées, où elle partage le plateau avec cinq femmes pour une danse, pour déployer émotions intenses et sororité.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
PODE SER
Chorégraphie Leïla Ka
Avec Anna Tierney
Création lumière Laurent FallotCoproduction et soutien Incubateur IADU / La Villette Fondation de France 2017 / Paris, Compagnie Dyptik / Saint-Étienne, Espace Keraudy – Centre de la culture et des congrès / Plougonvelin, La Becquée – Festival de danse contemporaine / Brest, Le FLOW – Centre eurorégional des cultures urbaines / Lille, Micadanses, Le Théâtre – Scène nationale de Saint-Nazaire, Théâtre Icare / Saint-Nazaire.
SE FAIRE LA BELLE
Chorégraphie et interprétation Leïla Ka
Création lumière Laurent FallotCoproduction et soutien CCN de Nantes, Chorège – Centre de développement chorégraphique national Falaise Normandie, DRAC des Pays de la Loire, Espace 1789 – Scène conventionnée / Saint-Ouen, L’étoile du nord – Scène conventionnée/Paris, Le Gymnase CDCN / Roubaix, Le Théâtre – Scène nationale de Saint-Nazaire, RAMDAM – un centre d’art / Sainte-Foy-lès-Lyon, Théâtre de Vanves – Scène conventionnée, Les Hivernales – Centre de développement chorégraphique national, Les Quinconces-L’espal – Scène nationale du Mans, Théâtre du Cormier / Cormeilles-en-Parisis, Tremplin – Réseau Grand Ouest, Musique et Danse en Loire-Atlantique, Espace Culturel Sainte Anne / Saint-Lyphard.
C’EST TOI QU’ON ADORE
Chorégraphie Leïla Ka
Avec Leïla Ka et Jane Fournier Dumet
Création lumière Laurent FallotCoproduction et soutien Centre des arts d’Enghien-les-Bains – Scène conventionnée, L’étoile du nord – Scène conventionnée / Paris, Espace 1789 – Scène conventionnée / Saint-Ouen, La Becquée – Festival de danse contemporaine / Brest, Incubateur IADU / La Villette Fondation de France 2019 / Paris, Le Théâtre – Scène nationale de Saint-Nazaire, Micadanses, CENTQUATRE-PARIS – Laboratoire des cultures urbaines et espaces publics, Sept Cent Quatre Vingt Trois – Cie 29.27 /Nantes, Conseil Départemental de la Loire-Atlantique, Région des Pays de la Loire, Compagnie Dyptik / Saint-Étienne), La 3’e – Communauté de Communes de l’Ernée.
Production Compagnie Leïla Ka. Leïla Ka est en résidence longue à L’étoile du nord, scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la danse, est artiste associée au CENTQUATRE-PARIS et est accompagnée par le réseau Tremplin jusqu’en 2024.
Les 21 et 22 janvier
Suresnes Cités danse
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