On n’entre pas dans une pièce de Barker, on est saisi, tout de suite, dès la première scène, dès les premiers mots, on est saisi par le langage. C’est ce qui m’est arrivé quand j’ai commencé à lire Ce qui évolue, ce qui demeure. À la fin de la première scène, je savais déjà que j’étais face à quelque chose de rare.
D’emblée, j’ai été embarquée par la langue, par la fulgurance des mots, embarquée dans cette liberté, ces choix de lectures qu’offre le texte, cette ouverture constante à l’imagination, aux multiples possibles, ce questionnement permanent des rapports. Rapport au monde, à l’autre, à soi dans le monde à partager avec l’autre, rapport au théâtre aussi, au geste « artistique » en général, rapport à la beauté. C’est si rare, oser parler de la beauté, se demander ce que c’est, la beauté. Se demander ce que c’est, l’art. En quoi et à qui il est utile.
Je parle de questionnement, et on pourrait en déduire qu’il s’agit d’un « théâtre de la pensée ». C’est vrai et c’est faux. Ce qui est questionné en tout premier, c’est le corps, les sensations, la perception au sens le plus large.
Barker aime les acteurs, c’est évident. Cette semaine, toute notre équipe s’est réunie deux jours pour travailler sur le texte. Détailler les choses, échanger nos points de vue, nos questions. Je me rends compte a posteriori, en repensant à nos séances de travail, que les expressions qui revenaient le plus souvent avant d’articuler nos réflexions étaient « c’est beau », « oh, ça fait du bien »… le texte produit ça, quelque chose qui s’apparente au langage du désir. Il y a une évidence, pour les acteurs, à dire ces mots, c’est jouissif comme Racine ou Baudelaire, comme Bach ou Sibelius, c’est de la grande musique, ça soulève, on ne comprend pas d’où ça vient mais on est bouleversé. Il y a une forme de limpidité qui naît de l’inattendu. Comme en musique. Extrait de la note d’intention de Fanny Mentré.
Ce qui évolue, ce qui demeure
(The Moving and the still)
De Howard Barker
Traduction de l’anglais Pascale Drouet
Mise en scène Fanny Mentré
> Création avec les comédiens de la troupe du TNS
> Première mondiale
Scénographie et costumes Tomoyo Funabashi • Lumières Olivier Oudiou assisté de
Thibault Moutin • Assistanat à la mise en scène Marie Desgranges*• Dessins et
animation Elsa Marc • Magie Thierry Collet
Avec
Muriel Inès Amat* La mère de Hoik
Xavier Boulanger November
Fred Cacheux* Slee
Antoine Hamel* Hergood / Il Signor, un maître d’armes à feu
Ivan Hérisson* Light, un vagabond
David Martins* Toonelhuis, un grand propriétaire terrien
Cécile Péricone* Hoik
Alain Rimoux Tram
* Comédiens de la troupe du TNS
TNS – Espace Klaus Michael Grüber (18 rue Jacques Kablé)
Du mardi 11 au jeudi 27 octobre & du jeudi 3 au jeudi 10 novembre
Du mardi au samedi à 20h, dimanche 6 à 16h
Relâche les lundis et les dimanches (excepté le 6)
Bonjour
Sur notre Blog il y a quelques vidéos autour du spectacle à regarder : http://www.tns.fr/blog/activites/video-ce-qui-evolue-ce-qui-demeure-de-howard-barker/