Carcass, se préparer à la bataille

Photo Jose Caldeira

Le chorégraphe portugais Marco da Silva Ferreira fait exploser dans Carcass une ambiance de club hypnotique, où les styles de danses de clubs et urbains s’entremêlent. De la physicalité intense et d’une énergie frénétique, émergent une revendication politique.

Sa danse vibrante sent la moiteur du club. Marco da Silva Ferreira façonne depuis 2016, et sa première pièce BROTHER, un style intense, où la puissance physique et l’endurance des interprètes est mise à rude épreuve. Scéno fluo, beats qui tabassent, gestes amples et répétitifs… Ses spectacles sont des raves futuristes qui font battre le cœur à mille à l’heure. Avec Carcass, il continue d’affiner cette écriture, où se mêlent danses de club et traditionnelles (ou tout du moins, des faux-airs de celles-ci), dans un ensemble qui prend une tournure politique.

Le plateau est blanc, presque phosphorescent. Les danseuses et danseurs, qui ressemblent à des athlètes du futur – kilts colorés, hauts en lycra, sneakers – nous projettent dans une dimension parallèle. D’un côté une batterie et de l’autre un dj, qui balancent des sons entraînants, presque assourdissants. Les interprètes sautillent d’un pied à l’autre, tourbillonnent, traversent l’espace à grands pas sautés, se transformant en explorateurs spatiaux sous speed. Ils sont complices, se regardent, se sourient, comme pour se soutenir par avance pour aller jusqu’au bout du frénétique qu’ils et elles s’apprêtent à faire exploser. Une multitude de styles connus sommeille dans cette chorégraphie millimétrée, qui s’apparente à un reliquaire des gestes où jaillit entre autres les balancés de bras véloces du waacking (danse funk, née Los Angeles dans les communautés racisées LGBT), les poignets précieux du vogue fem (de la scène ballroom) ou les jeux de jambes du kuduro (danse urbaine d’Angola).

L’énergie est presque violente. Un style intense qu’il tient peut-être d’Hofesh Shechter pour qui il a dansé. Elle épuise autant la salle que les interprètes. Et l’on reste pendu à leurs gestes, scotchés, comme hypnotisés. Alors qu’ils mettent leurs t-shirt sur la tête, taguent sur le sol du plateau relevé, scande un chant militant, le spectacle prend une dimension contestataire, politique, presque caricaturale. Même si plutôt bourrin, Carcass communique toutefois une énergie intarissable. Une manière de transmettre force et détermination pour relever les défis futurs ? L’endurance pour sûr les interprètes, qui réitèrent les pas du début de la pièce, dans une lumière brumeuse, prêts pour la bataille.

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

Carcass
Direction artistique et chorégraphie Marco da Silva Ferreira
Assistance artistique Catarina Miranda
Performeurs André Speedy, Fabio Krayze, Leo Ramos, Marc Oliveras Casas, Marco da Silva Ferreira, Maria Antunes, Max Makowski, Mélanie Ferreira, Nelson Teunis, Nala Revlon
Musique João Pais Filipe et Luís Pestana (percussionniste et musicien
électronique)
Déguisements Aleksandra Protic
Scénographie Emanuel Santos
Études anthropologiques Teresa Fradique
Danses folkloriques Joana Lopes
Production Joana Costa Santos, Mafalda Bastos
Production Pensamento Avulso
Diffusion Art Happens
Coproduction Teatro Municipal do Porto, Centro Cultural de Belém (Lisboa), Big Pulse Dance Alliance Commission, New Baltic Dance (Lituânia), Julidans (Hollande), Tanz im August/HAU Hebbel am Ufer (Alemanha), Dublin Dance Festival (Irlande), ONE DANCE WEEK (Bulgária) et présenté par Zodiak – Side Step Festival (Finlândia), International Dance Festival TANEC PRAHA (República Checa), Torinodanza Festival (Itália), Dance Umbrella (Reino Unido), cofinancé par le Creative Europe Programme de l’Union européenne, Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie, La briqueterie – CDCN du Val-de-Marne, Maison des arts de Créteil, KLAP- Maison pour la danse, CCN-Ballet National de Marseille, Charleroi danse- centre chorégraphique de Wallonie – Bruxelles, December Dance (Concertgebouw et Cultuurcentrum Brugge), La rose des vents – scène nationale Lille Métropole – Villeneuve d’Ascq, TANDEM Scène nationale Arras-Douai
Avec le soutien de República Portuguesa – Cultura, DGARTES – Direção Geral das Artes