La comédienne, metteuse en scène et professeure Simone Strickner a été nommée à la direction du Cours Florent. Elle succède à Frédéric Montfort. Il s’agit du deuxième changement de direction depuis la création de l’école en 1967. Elle met en place une ligne d’écoute 24h24 à destination des élèves pour lutter contre l’ascendant du corps professoral.
Simone Stricker est comédienne, metteuse en scène et professeure. Elle est formée au Conservatoire nationale d’Autriche, pays où elle est née et où elle a grandi. En parallèle d’une carrière de comédienne et de collaboratrice artistique auprès de nombreuses institutions internationales elle intègre le Théâtre national de l’Opéra-Comique à Paris, avant de devenir collaboratrice artistique à l’international et directrice de production de la Compagnie Jérôme Savary – Volksbühne à Berlin, Kasser Theater à New York, Semperoper à Dresde, Bühnen Wien, Landestheater Niederösterreich, Théâtre de Bilbao, l’Opéra de Trieste, …
En 2010, elle rejoint le Cours Florent en tant que professeure d’art dramatique. Elle y enseigne l’interprétation en français et en allemand. Cinq ans plus tard, elle est nommée directrice déléguée à la pédagogie.
Le Cours Florent, célèbre notamment pour sa « classe libre » (gratuite), a atteint un statut mythique après avoir formé des centaines de vedettes du théâtre et du cinéma, de Francis Huster à Guillaume Canet, en passant par Isabelle Adjani, Yvan Attal, Daniel Auteuil, Gilles Lellouche ou encore Dominique Blanc.
Ces deux dernières années, l’école a été toutefois visée par la mobilisation d’élèves et d’une association, Les Callisto, qui a publié en 2020 dans Médiapart une tribune sous le titre « Cours Florent, cours violent? », dénonçant le « mutisme » et la « complicité » de l’institution face à des cas présumés d’agressions, de discriminations et d’humiliations systématiques d’élèves. L’école a réagi en poursuivant l’association pour diffamation.
Au-delà du Cours Florent, de nombreux témoignages ont évoqué sur les réseaux sociaux et dans la presse des abus dans des conservatoires et écoles de théâtre, et un collectif #MeTooThéâtre a vu le jour en 2021.
La question de l’ascendant
La nouvelle directrice entend donner l’exemple: « Il va y avoir une ligne d’écoute 24h24, une référente de l’extérieur à qui les élèves peuvent s’adresser, une formation des professeurs et des sanctions s’il n’y a pas respect de cette déontologie. C’est très important que le message passe, que les élèves sachent qu’à tout moment, ils peuvent poser des questions par rapport à des comportements qui leur posent problème » explique Simone Strickner qui veut également sensibiliser « ceux qui se rendent à des castings sauvages » à l’extérieur de l’école. Elle estime que « le respect de l’élève doit être au cœur (de l’apprentissage), il faut qu’il y ait un espace sûr pour le travail » précisant que les professeurs ont déjà suivi une formation, notamment pour évoquer le sujet délicat de « l’ascendant » sur les élèves qui ont souvent peur de parler. « Il y a une prise de conscience et je suis ravie si je peux apporter ma pierre à l’édifice ».
Outre des cursus de doublage, de synchronisation de la voix, de dramaturgie et de mise en scène, d’un concours d’éloquence qui s’ajoute au concours d’improvisation, elle vient de créer une section « théâtre caméra », qui permettra aux élèves de passer d’un art à un autre avec aisance (le Cours dispose déjà d’un cursus cinéma) : « Je pense que l’acteur et l’actrice du XXIe siècle a besoin d’avoir cette agilité, cette fluidité ».
Rana Moussaoui – AFP
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