Le 24 décembre 2013, la couronne d’Angleterre a adressé publiquement son pardon à titre posthume au mathématicien. Ayant assumé publiquement d’avoir eu des relations homosexuelles, Turing est contraint à la castration chimique en 1952, l’homosexualité constituant un délit en Angleterre. Mis à l’écart des sociétés scientifiques et progressive- ment exclu, Turing disparait prématurément à l’âge de 42 ans.
On peut s’interroger sur la trajectoire de cet individu d’exception et sur sa relation à la communauté publique. La densité et l’importance historique de ses travaux semblent en effet complètement contradictoires avec sa condition sociale et son statut de victime. Turing apparaît ainsi comme une incarnation tragique dans l’Histoire du XXe siècle : l’un de ses plus grands contributeurs au titre du progrès scientifique et pourtant victime de résistances obscures et d’une intolérance quant à sa marginalité.
Confié à l’écrivain allemand Frank Witzel, le livret dépeint une figure historique autant que symbolique. Un parcours non linéaire dont la narration passe de l’extérieur à l’intérieur – évoquant des souvenirs et des fragments d’existence pour glisser vers des enjeux métaphysiques.
Découpé en 6 parties, le texte donne la parole à Turing (incarné par le comédien allemand Thomas Hauser) au crépuscule de son existence : seul, dans son appartement qu’il nommera lui-même « Nightmare Room », il se remémore son enfance, ses questionnements sur les machines et l’intelligence artificielle dont il est le créateur, son procès et son exclusion.
Autour de cette évocation s’entrelacent d’autres voix (incarnées par la chanteuse polonaise Joanna Freszel) : celle de la mère de Turing, de Joan, sa complice au Centre de cryptologie de Bletchley Park pendant la guerre, de la fille du Docteur Grünbaum qui a suivi Turing dans les dernières années de sa vie. Le texte révèle Turing comme un être fragile et marginal : fasciné par les chiffres, l’alchimie et la condition fondamentale des choses. Malgré l’oppression dont il est victime, il demeure un personnage lumineux dont l’intelligence le projette au-delà du réel comme un alchimiste de la pensée existentielle.
Alan T.
Commande : Compagnie éOle, Ircam-Centre Pompidou, Philharmonie de Paris
Production déléguée : Compagnie éOle
Coproduction : Ircam- Centre Pompidou, SWR Classic – Donaueschinger Musiktage, Warsaw Autumn Festival, Music Centre De Bijloke (Ghent)Soutien à la création : Adam Mickiewicz Institute, Ministère de la Culture Polonais
Soutiens : CNM, SACEM, Fonds franco-germano-suisse pour la musique contemporaine : Impuls neue Musik, Bureau Export, Occitanie en scène, Odyssud Ville de Blagnac, DRAC Midi-Pyrénées, Région Occitanie, Ville de Toulouse, Conseil Général de la Haute-GaronnePartie informatique de l’œuvre réalisée dans les studios de l’IRCAM-Centre Pompidou
Conception, composition, vidéo, lumières, mise en scène : Pierre Jodlowski
Livret original : Frank Witzel
Traduction française : Olivier Mannoni
Traduction polonaise : Zbigniew Naliwajek
Traduction anglaise : Saul Lipetz
Traduction néerlandaise : Mathias De Prest
Dramaturge : Martina Stütz
Scénographie : Claire Saint-Blancat
Réalisation décors : Claire Daulion
Caméras live : Yann Philippe, Matthieu Guillin
Soprano : Joanna Freszel
Comédien : Thomas Hauser
Musiciens : Nadar Ensemble : Winnie Huang violon – Katrien Gaelens flûte – Dries Tack Clarinette – Thomas Moore – Trombone – Kobe Van Cauwenberghe guitare
Traîtements temps-réel IRCAM : Thomas Goepfer
Ingénieur du son : Kamil KeskaCréation mondiale le 18 septembre 2021 au festival Automne à Varsovie – Pologne.
La Biennale – Festival international des arts vivants Toulouse Occitanie
TheatredelaCité
11 et 12 octobre 2022
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