« C’est un spectacle qui tache ! ». Le comédien qui accueille les spectateurs prévient les premiers rangs. Effectivement les bâches en plastiques fournies sont bien utiles tout au long de cette version déjantée de Hamlet. Vincent Macaigne transforme la plateau du cloître des Carmes en véritable champ de bataille, et introduit en France un genre théâtral que l’on croyait réservé aux metteurs en scène étrangers. Son univers, proche de Rodrigo Garcia, ne fera pas l’unanimité. Mais il a le mérite de donner un bon coup de pied dans la fourmilière et permettra de faire entrer une nouvelle génération de spectateurs dans les salles de spectacle. On ne va pas s’en plaindre, le renouveau de la scène théâtrale française doit passer par des personnalités comme lui. Et même si le spectacle tire en longueur et prend de grandes libertés avec le texte de Shakespeare, il est rempli de trouvailles franchement très drôles, en prise avec notre époque.
Dès les premières minutes, un comédien invite les spectateurs à venir le rejoindre sur scène. Lors de la représentation du 12 juillet, deux jeunes hommes ont même plongé dans l’eau boueuse de la tombe du père d’Hamlet ! (voir la vidéo sur le site). Une bonne cinquantaine de spectateurs ont ainsi droit un petit Pastis pour apprécier ce délirium et cette succession de scènes plus loufoques les unes que les autres. Claudius arrive déguisé en banane. Le spectre est un furet empaillé. La reine fait un strip tease en parodiant Marylin face à JFK lors son anniversaire, Claudius lui emboîte le pas. Au moins dans cette version, on sait pourquoi elle a épousé le frère de son défunt mari : c’est strictement sexuel. Pour la fameuse tirade « To be… », Hamlet la déclame une tronçonneuse à la main. Les trompettes de Maurice Jarre annoncent l’arrivée du comédien Roger Roger qui se tourne vers un squelette dans une verrière et lance un « Mademoiselle Julie ! ».
Après l’entracte les comédiens s’engueulent avec les techniciens, et là le spectacle tourne un peu au vinaigre. On gonfle un château. Un personnage lance « Y a plus d’argent, tout l’Etat est à sec, et toi tu sautes sur un château en plastique ! » Claudius montre un slip de super héro acheté chez H & M. Le plateau devient un vrai foutoir. Le sang dégouline de partout. Cette deuxième partie se joue dans une hystérie totale, mais les scènes sont beaucoup trop longues. Chaque personnage vient crier sa rage. La mort d’Ophélie, du Roi, de la Reine et de Laerte est expédiée. Ils rejoingnet un aquarium rempli d’eau qui devenient une mare de sang. On sort exténué, fatigué mais content d’avoir ri tout de même. Cependant le tout resserré donnerait encore plus de poids au travail de Vincent Macaigne.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Plus d’informations : www.vincentmacaigne-friche2266.com
AU MOINS J’AURAI LAISSÉ UN BEAU CADAVRE
d’après Hamlet de William Shakespeare
adaptation, mise en scène et conception visuelle Vincent Macaigne
scénographie Benjamin Hautin, Vincent Macaigne, Julien Peissel
accessoires Lucie Basclet
lumière Kelig Le Bars
son Loïc Le Roux
assistanat Marie Ben Bachir
avec Samuel Achache, Laure Calamy, Jean-Charles Clichet, Julie Lesgages, Emmanuel Matte, Rodolphe Poulain, Pascal Rénéric, Sylvain Sounier
production Festival d’Avignon
coproduction Théâtre national de Chaillot (Paris), MC2: Grenoble, Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, La Filature Scène nationale-Mulhouse,
le phénix scène nationale Valenciennes, Compagnie Friche 22.66, L’Hippodrome-Scène nationale de Douai
action financée par la Région Île-de-France
avec le soutien de la Direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France et de la Spedidam
avec la participation artistique du Jeune Théâtre national
Par son soutien, l’Adami aide le Festival d’Avignon à s’engager sur des coproductions.
Au moins j’aurai laissé un beau cadavre fera l’objet d’une Pièce (dé)montée, dossier réalisé par le Centre Régional de Documentation
Pédagogique d’Aix-Marseille, disponible sur les sites internet du Festival d’Avignon et du CRDP d’Aix-Marseille.
durée 4h entracte compris – création 2011
Festival d’Avignon 2011
CLOÎTRE DES CARMES
9 10 11 12 13 15 16 17 18 19 Juillet 2011 À 21H30
Du 2 au 11 novembre – Théâtre National de Chaillot
Du 16 au 25 novembre – MC2 Grenoble
Les 5 et 6 janvier 2012 – La Filature de Mulhouse
Les 11 et 12 janvier 2012 – L’Hippodrome – Douai
Du 18 au 20 janvier 2012 – CDN Orléans
Du 25 au 27 janvier 2012 – Lieu Unique de Nantes
Le 8 février 2012 – Grand Théâtre de Luxembourg
Les 14 et 15 février 2012 – Le Phénix de Valenciennes
J’ai vu « au moins j’aurai laissé un beau cadavre » j’ai trouvé drole,à ne plus s’arrêter de rire,j’ai aussi pleueré et je peux dire que les pièces de Vincent Macaigne touchent tout et tout le monde : Parlent d pouvoirs dans les sociétés,politiques,familles,histoires des pays…
Les textes des pièces de Vincent sont des combats qui doivent continuer et qu’il y aura d changements sur ses scènes;
C’est le théatre continuel et l’avenir ;
Vincent donne la voix à ceux qui ne l’ont pas, à ceux qui ont souffert et souffrent à l’interieur des pouvoirs qui abusent des …
Merci à tout l’équipe de Vincent, ses comédiens et comédiennes qui sont très généreux et courageux.