Renaud Herbin dirige le TJP CDN Strasbourg – Grand Est depuis 2012. Un CDN qu’il a orienté vers la relation corps-objet-image. Il quittera ses fonctions à la fin de l’année. Voici la liste des artistes sélectionnés par les tutelles pour présenter un projet afin de lui succéder.
Séverine Coulon
Séverine Coulon est la fondatrice et la responsable artistique de la Cie Les Bas-bleus, elle est artiste associée à l’ARC (Scène Nationale Le Creusot) ainsi qu’au Théâtre à la Coque (Centre National de la Marionnette) à Hennebont. Elle fût également artiste associée au Grand Bleu (scène conventionnée jeune public) à Lille de 2019 à 2021. Amoureuse de la scène depuis toujours, elle est comédienne, marionnettiste, metteuse en scène, et autrice et a collaboré avec de nombreuses compagnies dont la Cie Tro-Héol et le Bouffou Théâtre.
On a pu la voir souvent sur scène dans des créations en direction de l’enfance et la jeunesse et notamment dans La mer en pointillés (S. Boulier) qui a obtenu le Molière du spectacle jeune public en 2007.
En 2019, elle profite du très beau succès de sa première mise en scène Filles & Soie (création 2016, plus de 300 représentations à ce jour) pour créer sa propre compagnie (Cie Les Bas-bleus). Elle a depuis écrit et mise en scène La Vie Animée de Nina W. en Octobre 2020 ainsi que La petite histoire de La Vie Animée de Nina W. en janvier 2021 en réaction à la crise sanitaire.
Séverine est aussi très engagée et militante autour des questions du spectacle vivant pour l’enfance et la jeunesse. (Conseil d’administration de l’association Scènes d’enfance/ASSITEJ France et co-présidence de platO – plateforme jeune public des Pays de la Loire).
Kaori Ito
Kaori Ito est née au Japon dans une famille d’artiste, Kaori Ito se forme très jeune à la danse classique puis à la modern dance à New York avant de devenir interprète pour les plus grands chorégraphes européens, Philippe Decouflé, Angelin Preljocaj, Alain Platel, Sidi Larbi Cherkaoui, James Thierrée etc… Elle se lance elle-même dans l’écriture chorégraphique dans le cadre de collaborations, avec Guy Cassiers, Aurélien Bory, Denis Podalydès, Olivier Martin Salvan et Yoshi Oïda, puis pour sa propre compagnie. Artiste polymorphe, elle réalise également des vidéos, des créations sonores et des peintures et collabore régulièrement au théâtre et au cinéma (Edouard Bear, Alexandro Jodorowsky, Emma De Caunes, Abel et Gordon…) Imprégnée de culture japonaise et formée à la danse occidentale, Kaori Ito a développé un vocabulaire hybride et singulier qui lui ressemble.
En 2015, elle crée en France sa compagnie Himé et développe un cycle de création autobiographique Je danse parce que je me méfie des mots (avec son père – 2015), Embrase-Moi (avec son compagnon – 2017) et Robot, l’amour éternel (en solo – janvier 2018). Elle reçoit le prix Nouveau talent chorégraphie de la SACD et est nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.
Proche de la danse théâtre, elle part de l’écriture de textes bruts et intimes pour faire surgir le mouvement fulgurant qui est un acte nécessaire d’expression du corps. Avec
une démarche proche du marionnettiste japonais ou du roboticien, elle travaille le mouvement épuré qui donne vie aux choses. En collaboration avec Erhard Stiefel pour la
création des masques et des prothèses de corps, elle gomme les frontières entre le corps et l’objet et cherche à faire exister l’espace comme un partenaire de jeu accentué par des manières comme l’argile, la résine, le fil ou le tissu.
En 2018, Kaori Ito opère un retour plus affirmé à sa culture japonaise se sentant enfin autorisée à se l’approprier. Elle s’intéresse au vide, à l’invisible et au sacré cherchant
à inventer des rituels artistiques contemporains. En 2020, elle crée à partir de lettres adressées au morts une pièce pour 6 interprètes, Chers et une installation en collaboration avec Wajdi Mouawad et le Théâtre de la Colline, La Parole Nochère. Elle retrouve également Yoshi Oïda pour l’adaptation d’une pièce de théâtre Nô commandée à Jean-Claude Carrière. Cette expérience avec les jeunes interprètes de Chers confirme sa démarche de transmission de son expérience d’écriture de plateau mais au-delà, d’une vision du monde inspirée de la fusion qu’elle a opéré entre la philosophie japonaise et la culture occidentale.
Convaincue de la nécessité de faire entendre la parole des enfants et leur créativité innée, Kaori Ito travaille sur des dispositifs de recueil de parole comme La cabane à secrets, Kamishibaï qu’elle a écrit et illustré, ou Les comités d’expert, des groupes d’enfants qui sont invités à suivre les processus de création et à formuler leurs
retours sur les étapes de travail participant ainsi à l’écriture de l’œuvre. Avec le CDN de Normandie – Rouen où elle artiste associée, elle développe un projet poétique inspiré du Kintsugi (art japonais de réparation des céramiques avec du fil d’or) où elle ira avec les enfants réparer la Ville. Ces formes participatives utilisées pour les actions artistiques et culturelles de la compagnie sont la matière de ses créations. En 2021, elle crée Le Monde à l’envers (à partir de 4 ans) où les enfants sont invités à sauver le monde grâce à leurs secrets. Pour 2023, elle prépare en collaboration avec Thierry Thieû Niang, Waremono (à partir de 6 ans). Pour cette création, il est question de restaurer l’enfance en sublimant les fissures. Poursuivant son travail de recherche sur le corps animé – inanimé, elle retrouvera le travail de manipulation avec la création d’une marionnette qui représentera l’enfance.
Parallèlement, avec le soutien de l’Institut français, elle travaille avec sa compagnie sur un projet de coopération au long court avec le KAAT à Yokohama pour le développement de la scène jeune public au Japon. Elle travaille notamment sur l’adaptation japonaise du Monde à l’envers.
Julika Mayer & Rafi Martin
Julika Mayer est une artiste basée à Stuttgart qui travaille pour le théâtre et en tant qu’interprète. Elle est diplômée de l’ESNAM Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette en France en 1999.
Elle a été co-fondatrice de LaOu- Marionnette Contemporaine avec Renaud Herbin, travaillant sur la marionnette contemporaine et le théâtre d’objets de 2000 à 2011.
Elle fait partie du COI – Corps Objet Image – Plateforme, espace d’expérimentation des formes de théâtre visuel.
Depuis 2011, elle est professeur de Figurentheater à l’Université HMDK pour la musique et les arts du spectacle de Stuttgart, en Allemagne. Elle enseigne et travaille sur des coopérations à l’étranger avec différentes écoles d’art telles que DAMU , Departement for Alternative Theatre / Prag, School for Visual Theatre Jerusalem, HEAR Haute Ecole des Arts du Rhin / Strasbourg , ZHDK Zürich et le département de théâtre de l’Université de Téhéran
Sa démarche artistique consiste en une recherche du langage visuel et de nouvelles pratiques performatives. Elle s’intéresse aux situations physiques avec des objets et des marionnettes et à la façon dont les éléments documentaires peuvent être traduits en performance.
Rafi Martin évolue dans le champs des arts du spectacle, à la fois marionnettiste contemporain et anthropologue-sociologue de formation. Il développe une pratique artistique qui croise l´animation de la matière avec une méthodologie d´enquête de terrain, et explore des questions des sciences humaines en cherchant de manière expérimentale des formes esthétiques. Les thématiques de genre, de migration, d´administration, de réappropriation des corps et des identités (/NOT/ in my name, WAX-en, Des corps et des coups) sont particulièrement présentes dans son travail, et à partir de 2021 s´ajoutent les recherches en philosophie des sciences et des rapports inter-espèces (RESONANCIAS). Il collabore de manière privilégiée avec Julika Mayer et Joachim Fleischer, et a travaillé – travaille notamment auprès de Elise Vigneron, Coco Fusco, Pierre Meunier et Marguerite Bordat, Michael Cros, Renaud Herbin.
Très attaché aux dynamiques franco-allemande et basé entre ces deux pays, ses créations se développent, se produisent et sont diffusées au sein d´institutions franco-allemandes (Fonds de coproduction TRANSFABRIK, Goethe Institut Mexique et Chili, Institut français du Salvador) en Allemagne, en France et à l’International (Bourse AVIAMA).
Europe : figuren.theater.festival Erlangen, IMAGINALE Stuttgart, Theater der Dinge Berlin, GFP Festival Munich, Fidena Bochum, Giboulées Biennale Corps-Objets-Images CDN TJP Strasbourg, BAFF! Festival Bâle
Amérique Latine : Théâtre National du Salvador, Institut Francais du Salvador, Centre culturel d’Espagne au Guatemala, Nomada Festival, résidence au Chili grâce à l´Institut français et le Goethe Institut chilien, tournée au Mexique grâce au Goethe Institut et IFAL mexicain.
Rafi Martin enseigne comme intervenant invité à l´Université de Strasbourg, la Haute École des Arts vivants HMDK de Stuttgart dans le départements de marionnettes contemporaines, et donne des Workshops dans des Theatres Nationaux (Mainz), des festivals internationaux (GFP München) et centres affiliés au Goethe Institut (Guadalajara au Mexique).
Sa courte forme /NOT/ in my name est lauréate du deuxième Prix Giesing de la Culture 2018 à Munich.
Bérangère Vantusso
Comédienne formée au CDN de Nancy, Bérangère Vantusso aborde pour la première fois la marionnette en 1998, alors qu’elle étudie à la Sorbonne Nouvelle. Reconnaissant d’emblée dans cet art le point crucial de son questionnement quant à l’incarnation et à la prise de parole scéniques, elle devient marionnettiste auprès de François Lazaro, puis auprès d’Emilie Valantin.
Déterminée à confronter la marionnette à des textes contemporains et désireuse d’affirmer que cet art n’est pas dédié aux enfants, Bérangère Vantusso met en scène Le Dieu bonheur de Heiner Müller, en 1999, et fonde du même coup la compagnie trois-six-trente. Artiste associée et formatrice dans plusieurs théâtres nationaux, elle conduit ses projets (parmi lesquels Kant de Jon Fosse en 2007, Les Aveugles de Maurice Maeterlinck, en 2008 ; Violet de Jon Fosse, en 2012 ; Personne(s), qu’elle écrit avec Marguerite Bordat en 2013 ; Le Rêve d’Anna d’Eddy Pallaro, en 2014), et conçoit parallèlement des marionnettes pour d’autres metteurs en scène.
Creusant l’hyperréalisme de personnages toujours mêlés aux acteurs, Bérangère Vantusso joue sur le fil qui sépare convention et illusion. Elle crée L’Institut Benjamenta pour le Festival d’Avignon en 2016, et dirige depuis 2017 le Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine. Elle y est toujours en poste et développe un projet centré sur la création, la recherche et l’expérimentation pour le spectacle vivant.
La création de Longueur d’ondes – histoire d’une radio libre (2018) marque le début de la collaboration avec le peintre Paul Cox. Ensemble, ils entament un travail théâtral où le trio acteurs, texte et images peintes trouve un équilibre entre formalisme et émotion, au service d’un récit historique, celui de la lutte des ouvriers sidérurgistes de Longwy en 1979.
C’est au Studio-Théâtre que Bérangère Vantusso rencontre Mariette Navarro. La lecture de son texte Alors Carcasse – récit épique sur l’immobilité – vient toucher le désir de renouer avec l’écriture poétique et de ramener la marionnette à sa plus simple expression, celle d’un bout de bois.
A l’occasion de cette création, de nouvelles collaborations se tissent, les actrices Sophie Rodrigues, Stéphanie Pasquet et Fany Mary rejoignent la compagnie, ainsi que Géraldine Foucault pour le son et Florent Jacob pour les lumières.
Drôle de destin pour un personnage qui se tient immobile au seuil de son époque, Alors Carcasse a été coupé dans son élan par le confinement en mars 2020, une reprise est programmée les 13 et 14 octobre 2021 au Théâtre de la Vignette à Montpellier.
Après avoir oscillé entre l’inertie inquiétante et la mobilité stupéfiante des marionnettes hyperréalistes, le désir de création tend de plus en plus à déjouer nos catégories fondamentales d’appréhension de la représentation théâtrale en assumant un certain formalisme et une abstraction. En travaillant les vides plutôt que les pleins.
En septembre 20, Gildas Milin, auteur et metteur en scène, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier, propose à Bérangère Vantusso de mettre en scène la promotion 2020 dans l’un de leur spectacle de sortie. C’est la première fois qu’une classe d’acteur.euse.s « sort » avec un spectacle de marionnette. Il s’agit d’un texte de Charles Pennequin – modestement intitulé Comprendre la vie. Vaste projet au sortir de l’école… Dans ce spectacle jubilatoire aux airs novariniens, les mots, les corps, le décor, les marionnettes, tout est manipulation.
En 2021, elle crée avec la compagnie de L’Oiseau-MoucheBouger les lignes – histoires de cartes présenté à la 75eme édition du Festival d’Avignon à la Chapelle des Pénitents Blancs.
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