Un bras articulé, une sorte de grue se met en action au milieu du plateau. Elle tire un câble qui est posé sur scène et sur le mur du Palais des Papes. En s’enroulant, le câble fait sauter des rivets, ils se fracassent sur les grilles, les fenêtres du Palais claquent. Puis la grue tire deux corps inanimés. Les corps s’emmêlent et sont soulevés dans les airs. Boris Charmatz aimait-t-il jouer avec les mécanos lorsqu’il était enfant ? Puis un tapis roulant horizontal se met en marche, un plateau se met à vibrer. Les corps des danseurs sont ainsi réveillés par la machinerie. Un à un les danseurs amènent les enfants endormis. Ils se laissent manipuler. Les gestes sont lents, précautionneux. La musique de Billie Jean de Mickael Jackson couverte par des bruits de mouettes envahit l’espace. Les enfants deviennent des marionnettes. Et comme par magie, tous les enfants arrivent sur scène (ils sont 26), et courent dans tous les sens, bondissent, chantent, c’est la cour de récré ! Erwan Keravec, joueur de cornemuse, est à son tour prisonnier de la machine, soulevé dans les airs, la tête en l’air, il joue jusqu’au dernier souffle. Les enfants prennent alors possession du lieu. Ils deviennent « les enfants rois ». Ils tirent à leur tour les adultes, les manipulent.
La création de Boris Charmatz est belle, respectueuse de la fragilité des enfants. Le public a été divisé. Des mamans se sont senties mal à l’aise de voir ainsi des enfants « à la limite de la torture ». C’est pourtant un spectacle très digne et très maitrisé. « La question de comment on regarde un enfant, comment on le touche, est devenue problématique, explique le chorégraphe. On a peur des enfants, on les surveille d’autant plus ». Enfant redonne justement de l’espoir. Les enfants prennent le dessus sur les adultes, et sont placés sur le même pied d’égalité. « Au début du spectacle, on disait les enfants et les adultes sur le plateau. Maintenant on dit les danseurs ».
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Lire aussi l’interview de Boris Charmatz
ENFANT
chorégraphie Boris Charmatz
machines Artefact / Alexandre Diaz, Frédéric Vannieuwenhuyse
cornemuse Erwan Keravec
lumière Yves Godin
son Olivier Renouf
costumes Laure Fonvieille
assistanat à la chorégraphie pour les enfants Julien Jeanne
pièce pour 9 danseurs et 27 enfants
avec Eleanor Bauer, Nuno Bizarro, Matthieu Burner, Olga Dukhovnaya, Julien Gallée-Ferré, Lénio Kaklea, Maud Le Pladec, Thierry Micouin, Mani A. Mungai
et les enfants Perle Béchu-Quaiser, Eliott Bourseau, Théotim Bourseau, Léon Cassin, Lisa Cazoulat, Rémi Cazoulat,
Abel Charmatz, Marguerite Chassé, Almamy Condé, Tikal Contant-Ricard, Noé Couderc, Zaccharie Dor, Elio Fouilleul,
Mathieu Guidoni, Cédric Lamotte-Lenoir, Sasha Goasduff-Langlois, Salomé Lebreton, Emma Lecoq-Vinagre, Youenn Louédec, Joseph Michard, Louane Mogis, Lou-Andréa Paulet, Emma Perreau, Raphaëlle Piechaczyk, Adèle Richard, Mathilde Richard, Hypolite Tanguy
production Musée de la danse / Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne
coproduction Festival d’Avignon, Théâtre de la Ville-Paris, Festival d’Automne à Paris, Internationales Sommerfestival Hamburg et Siemens Stiftung dans le cadre de Schauplätze,
Théâtre national de Bretagne (Rennes), La Bâtie-Festival de Genève, Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Bretagne, de la Ville de Rennes, du Conseil régional de Bretagne, du Conseil général d’Ille-et-Vilaine, de Rennes Métropole et d’Arkéa Banque entreprises et institutionnels en collaboration avec la Ligue de l’enseignement d’Ille-et-Vilaine
Par son soutien, l’Adami aide le Festival d’Avignon à s’engager sur des coproductions.
durée: 1h15 – création 2011
COUR D’HONNEUR DU PALAIS DES PAPES – Avignon
7 8 10 11 12 Juillet À 22H
Tournée
23 et 24 août – Hamburg
2 et 3 septembre – Genève
23 et 24 septembre – Lisbonne
12 au 16 octobre – Théâtre de la Ville – Paris
11 au 13 mai 2012 – Bruxelles
23 et 24 mai 2012 – TNB – Rennes
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